Buteurs

Buteurs maison : les étrangers bienvenus !

Buteurs maison : les étrangers bienvenus !

Buteurs
Publié le 29/03 à 08:39 - LFP

Partager

Parmi les buteurs historiques de Ligue 2 BKT se trouvent aussi des talents étrangers. Forcément Tony Cascarino, mais aussi da Fonseca, Santos, Langers, Ribas et d'autres.

Habib Diallo (FC Metz), Tino Kadewere (ex-Havre AC) et Adrian Grbic (ex-Clermont Foot) ont dernièrement marqué les tendances des clubs de Ligue 2 BKT, à se tourner au-delà de leurs frontières pour le mercato. Distingué la saison écoulée, l’ex-Havrais n’est évidemment pas le premier étranger à terminer top buteur du championnat, ni à s’y être révélé. Ils sont nombreux à avoir fait de l’ombre aux Français au poste d’avant-centre. Joseph Humpal (1947) et Camille Libar (1949) en ont été les plus célèbres pionniers du côté de Sochaux et de Bordeaux. Après eux a excellé Petrus van Rhijn qui a fait main basse sur trois titres de meilleur buteur entre 1955 et 1959 avec Valenciennes FC.

Dans le Nord, les Polonais Wilczek (1974) et Lubanski (1983) en ont fait autant. Ce dernier, star de l’Est ayant participé à la Coupe du Monde 1978, a fait profiter de son talent le club valenciennois. Un choix surprenant expliqué par la situation géographique de la ville, proche de la Belgique et de Lokeren où résidait le joueur depuis qu’il a quitté la Pologne. Lors de son unique saison à Valenciennes, le finaliste de la Coupe des Coupes 1970 a ainsi dominé la concurrence (28 buts), à 36 ans.

A la même période, Omar da Fonseca a signé sa 1ère saison dans l’antichambre couronnée par un titre de meilleur buteur et une montée avec le Tours FC. Lors de cette mythique saison 1983/84, l’Argentin claque 23 buts en 31 rencontres de D2 et devient l’idole du stade de Vallée du Cher. Lors de l’ultime journée, il est même décisif en offrant le but de la montée contre Dunkerque dans les dernières minutes... De quoi se faire repérer par la D1. Et pourtant, selon le manager tourangeau de l’époque, Yvon Jublot (interrogé par un blog du Tours FC), Da Fonseca avec son n°10 n’était « pas un vrai buteur, en vérité, mais fort dos au but et techniquement. »

La saison suivante c’était au tour de l’international danois John Eriksen, véritable chasseur de buts, de dominer le classement de la spécialité dans le groupe A (27 buts) lors de sa parenthèse mulhousienne quand l’Argentin Jorge Dominguez, autre néophyte, raflait la mise (28 buts). De quoi donner envie à tous les clubs français d’épouser la mode du buteur étranger.

Cascarino, une arrivée fracassante à l’OM !


Si même Delio Onnis, meilleur buteur historique de la Ligue 1 Uber Eats, a goûté à la D2 en 1976/77 en Principauté, l
e plus célèbre des attaquants étrangers a sans doute été aperçu du côté de Marseille avec Tony Cascarino. Arrivé à l’été 1994 dans la cité phocéenne et en D2 après le Mondial US disputé comme doublure avec l’Irlande, « Tony Goal » a glané deux titres de top buteurs en atteignant à chaque fois la barre des 30 unités (32 et 30 buts), pour au final ramener l’OM parmi l’élite en 1996. Un phénomène doté d’un jeu de tête exceptionnel, mais pas seulement, qui a ensuite exporté son talent de finisseur à l’échelon supérieur avec l’ASNL et dont s’est souvenu Marc Libbra, ancien partenaire, pour Le Phocéen. « On a vu arriver un mec rentrer dans le vestiaire avec des tongs, un short, très blanc et vraiment très fort de corpulence. On se regarde avec Marcel Dib, Casoni, on se dit que ce n'est pas possible de voir cet homme-là jouer au football. Il a levé le dentier, il s'est habillé, il est parti s'échauffer. Il est effectivement rentré à la fin, et sur deux corners, il est monté à la tête, il était au-dessus de tout le monde. Là on s'est regardé et on s'est dit que s'il perdait du poids ça allait être impressionnant ».

L’Irlandais n’est en effet pas un unique joueur de tête. A Marseille, les spectateurs découvrent un joueur adroit malgré ses 192 centimètres. Le joueur se justifie dans France Football après quelques semaines sur la canebière et entre deux triplés à quelques jours d’intervalle face à Dunkerque et Laval au Vélodrome : « Je n’ai pas un jeu typiquement britannique. Je suis plutôt technique. Sur le continent, les joueurs sont beaucoup habiles que les insulaires. En revanche, le jeu est beaucoup plus vite en Angleterre. »

Malgré la réussite, Cascarino a précisé « qu’il ne faut pas croire qu’il est plus facile de marquer en France qu’en Angleterre. Ici, le marquage est plus serré, le défenseur te suit partout. Surtout à partir du moment où ils ont commencé à se méfier de moi…Mais moi je ne me pose pas de question. Je suis là pour marquer, alors je marque. ». En buteur d’expérience, le Britannique n’a pas oublié de souligner le travail de ses partenaires à l’OM, comme Vignola - « Avec lui, tout était facile. Il savait exactement où je voulais ballon » rappelait-il dans France Football. Tonygoal a débarqué sur les conseils des Anglais Waddle et Steven, anciens du club, laissant de côté des offres d’Ipswich et Southampton (pourtant en Premier League) pour rejoindre la D2 et surtout « le seul grand club français. Chez nous, tout le monde connaît l’OM ».

Van Kets, tout sauf une blague

Deux fois 2e meilleur buteur de D2 dans les années 1990, Patrick Van Kets a lui aussi parfaitement su exploiter ses qualités. « Je n’étais pas très technique mais je savais garder un ballon devant, jouer en remise. Dans les 20 derniers mètres, j’étais vite. J’étais correct dans le jeu de tête. Je m’amusais devant le but. Mon instinct était ma grande force. J’avais un bon pied gauche. Le droit ? Il me servait juste à monter dans le car…. Mon boulot c’était de marquer », a expliqué le buteur à Ouest France.

Au Mans, Patrick Van Kets (1993-97) qui y a débarqué comme joker et presque par hasard de Belgique à 26 ans et « n’avait rien à perdre. Quand je suis arrivé, nous étions relégables, avec neuf points de retard. Quand Thierry Froger a repris l’équipe, il s’est passé quelque chose. Nous nous sommes sauvés lors de la dernière journée », expliquait l’attaquant en mai 2019 au Maine Libre. Et il y avait grandement contribué avec 15 réalisations en 26 apparitions.  Une belle réussite pour le Belge qui sort définitivement de l’anonymat de la D2 lors de l’ouverture de sa deuxième saison au Mans, en signant un doublé lors d’une victoire à l’Orange Vélodrome face à l’OM (2-3). Et ce face à Fabien Barthez. Ce qui fera dire à son coach Froger dans les couloirs : « maintenant, les gens vont te reconnaître en France. »

Quatre ans plus tard et quelques buts en plus dans l’escarcelle, le Flamand a accompagné Mickaël Pagis du côté du Gazélec Ajaccio en National. « Il savait qu’il pouvait compter sur moi. J’avais 31 ans. Il en avait 25 ans. J’étais un peu le grand frère. On se trouvait les yeux fermés sur le terrain. Le coach de cette époque, avait parié qu’on marquerait 35 buts. Il s’est trompé. On en avait marqué 36 », a-t-il raconté. La saison suivante, Pagis confirmait cette fois lors de son deuxième passage en 2e Division, chez les Crocos. Avant de grimper plus haut par la suite.

Avant lui, Robby Langers est un autre buteur étranger des années 80-90 à avoir pu montrer son talent dans l’élite, même s’il demeure très attaché à la Ligue 2 BKT, après y avoir brillé. Lancé par l’OM en 1982, le Luxembourgeois s’est révélé à Quimper pour monter en puissance à Guingamp et à l’US Orléans en 1988/89, où il est couronné top buteur du championnat (28 buts). Dans le Loiret, Langers a été repositionné en pointe avec succès, après avoir débuté sur les côtés. « Depuis que je suis en pointe, je flambe ! », savourait-il à l’époque. Avec Orléans, il a notamment marqué les esprits avec un quadruplé contre l’OL et tout le monde a découvert un attaquant rapide qui frappe des deux pieds. Langers a alors donné sa pleine mesure pour regoûter à la 1ère Division, lui qui n’avait alors pu y jouer qu’en profitant de la blessure de Kurbos à Metz. Et à 28 ans, il a dit « en avoir assez de la D2. Je suis capable de jouer en D1 », où il a scoré à 17 reprises lors de sa 1ère saison pour taper dans l’œil du PSG. Mais tout n’a pas été simple pour lui pour évoluer à ce niveau. En effet, le Luxembourgeois aurait pu rejoindre le club parisien à l’été 1990 et y « gagner deux fois plus. Une opportunité qu’on ne peut pas se permettre de laisser passer à 30 ans… ». Un transfert raté et une 2e saison niçoise délicate (« j’étais traumatisé de ne pas avoir pu quitter Nice ») ont coupé l’élan de Langers. Une éclosion qui a aussi été retardée par sa nationalité. A cette époque les places étaient limitées pour les étrangers.

Autre attaquant étranger à s’être illustré plusieurs saisons en D2 à cette période : Erik van den Boogaard – qui s’est décrit comme « un vrai 9, une pointe avec un bon jeu de tête » et qui a rapporté 42 buts au Stade Rennais et 11 au FC Rouen en quatre saisons. Une sorte de Cascarino avant l’heure. En Bretagne, le Néerlandais à la petite moustache a terminé en apothéose avec un titre de champion de D2 (1990), mais il n’a pas pu accompagner Rennes à l’étage supérieur. Au SRFC, van den Boorgaard a profité du service de Laurent Delamontagne. «Il faut avoir certaine qualité de buteur, il faut être né avec mais je n’aurai jamais pu marquer autant de buts sans les autres joueurs comme Laurent Delamontagne. On n’avait besoin de se regarder, il savait où j’allais me placer », a confié l’attaquant au site Rougememoire.com. De même du côté de l’OGC Nice (28 buts en 84/85), de Nîmes et de Tours entre 1988 et 1991, l’Argentin Jorge Dominguez a compilé les réalisations en D2 (72 buts) et a été consacré chez les buteurs avec les Aiglons. A la même période de l’autre de la France, l’ASNL comptait sur les exploits d’un Ray Stephen (44 buts en D2) pour décrocher le titre de champion en 1990.

Mota-Cuca « do Brazil »

Parmi les plus surprenants figure certainement Walquir Mota. Formé au Vasco de Gama, le Brésilien est arrivé dans l’Hexagone par l’Allemagne, à Mulhouse en 1987. Et hormis une escapade lilloise d’une vingtaine de rencontres, Mota n’a pas quitté la D2. Il a même vu du pays, de Rodez à Niort, en passant par Tours et Valence pour un joli de total de 87 réalisations ! C’est au sein du club tourangeau qu’il a signé son meilleur bilan avec 18 unités en 1991/92, aux côtés de Raymond Lokuli. Mais c’est à Niort qu’il s’est installé, pendant trois saisons (95-98). Un profil bien loin des standards brésiliens, car lui donne plutôt dans le défi physique ou les grandes courses plein axe que dans le maniement du ballon.

Un autre Brésilien a ensoleillé la D2 lors de la saison 1994/1995. Sans parvenir à contrecarrer les plans de Cascarino, Flavio Cuca (FC Mulhouse) a marqué à 22 reprises, dont un quadruplé contre Sedan !  Pourtant, l’arrivée en D2 de l’ancien coéquipier de Raï à Sa Paulo a été mouvementée. Non conservé par Valence après un essai, le Mulhouse de Genghini fait appel à lui quelques heures avant un match de préparation. Le Sud-Américain convainc et s’engage. Elève du mythique Tele Santana au Brésil, Cuca s’est « fondu sans problème. Il fait le spectacle. C’est un vrai chasseur de but, adroit et malin. Avec un meilleur jeu de tête, je le comparerais presque à Delio Onnis », racontait Bernard Genghini.

Suisso-Argentin naturalisé français à 16 ans, Nestor Subiat est un autre étranger au parcours atypique, qui a évolué comme attaquant et aussi auparavant comme défenseur. « Raymond Domenech me le disait toujours. Je ne suis pas un défenseur dans l’âme. Il avait raison », racontait le buteur dans France Football. En Alsace, c’est l’ancien sélectionneur des Bleus qui l’a lancé dans le couloir droit. Avant de dépasser la barre des 65 buts en D2 en neuf saisons, le Suisse a été formé au FC Mulhouse dès les poussins pour y évoluer en équipe première de 1984 à 1992, à part une saison en prêt à Strasbourg en 89/90. La saison suivante, il a d’ailleurs signé son meilleur total sur une saison avec Mulhouse (15 buts), mais sans parvenir à priver son pote Didier Monczuk du titre de meilleur buteur de D2. Revenu dans l’Hexagone en 1998, l’attaquant participe au titre de champion de D2 (1999), en claquant au passage un triplé face à l’AS Cannes.

Dans les années 2000 et 2010, Claudiu Keserü (55 buts en carrière) a connu une trajectoire particulière. Venu sur les bords de l’Erdre à 16 ans, le Roumain était pressenti pour connaître une carrière à la Moldovan. Finalement, c’est loin du FC Nantes et aussi de la Ligue 1 Uber Eats, où il a évolué pendant ses trois premières saisons en France, que Keserü s’est révélé buteur. D’abord à Libourne (11 buts en 17 matchs), puis à Tours (7 buts en 12 matchs) et surtout au Angers SCO (33 buts). Au début, c’est sous la forme d’un prêt devant l’endurcir et lui donner du temps de jeu que le joueur de 21 ans a rejoint le Libourne de Tholot. Le capitaine des Espoirs roumain de l’époque avait fait un constat sans appel : « je ne suis pas con. Je vois bien que l’on ne me fait plus jouer ». En effet, sa carrière l’a ensuite toujours conduit loin du FCN. En 2008, le Tours FC a réalisé un parcours brillant (6e) grâce au duo qu’il compos avec Olivier Giroud. Malheureusement pour lui, une blessure l’a empêché de participer à la lutte pour la montée…la saison suivante, toujours en prêt, c’est aux côtés d’Anthony Modeste (« plus renard des surfaces qu’Olivier ») qu’il porte le SCO à la 5e place. Lors de la saison 2012/13, il a connu de grands moments avec un record personnel (17 buts). Au total, le gaucher a totalisé 55 réalisations dans ce championnat, rejoint en partie par la contrainte de la concurrence chez les Canaris.

Toujours sur les bords de l’Erdre, Filip Djordjevic était venu à 21 ans de sa Serbie natale (Etoile Rouge de Belgrade) pour vivre deux montées (2008 et 2013), et donc aussi une descente avec le FC Nantes. L’avant-centre a marqué son passage par 47 réalisations en Ligue 2 BKT (135 rencontres), dont 20 sur la seule saison 2012/13, soit plus du tiers des buts nantais (37%). Deuxième meilleur buteur du championnat à cette occasion, Djordjevic compte davantage de matchs dans l’antichambre que dans l’élite, ce qui ne l’a pas empêché d’être récemment élu dans le XI de la décennie par les fans nantais. L’activité de celui qui a fini par prendre le brassard a aussi servi d’exemple à ses jeunes partenaires. « Avoir un tel buteur dans son équipe, ça incite aussi à défendre encore plus activement. Il faut être irréprochable (..) Il a le but en lui et en plus c'est un gros bosseur », confiait Papy Djilobodji en 2013. Une efficacité sur le terrain qui faisait oublier sa réputation d’être moins impliqué lors des entraînements...Sans doute que d’avoir profité des conseils de la star croate Ivan Klasnic pendant un an à Nantes lui a été bénéfique.

Les Africains made in Ligue 2 BKT

Egalement attaquant mythique, Amara Traoré, capitaine des Forgerons et successeur local d’Antoine Trivino (top buteur de D2 en 1979), a connu une telle réussite qu’il a permis la montée historique du FC Gueugnon en 1ère Division en 1995 (23 buts), saison où il a lutté chez les buteurs face aux Cascarino, Calderaro, Roux et Guivarc’h. S’il termine finalement à 3e place du classement des canonniers cette saison-là, il est revenu pour décrocher le titre de meilleur buteur de D2 cinq ans plus tard (17 buts), cette fois au nez et à la barbe d’un prometteur Mickaël Pagis (Nîmes Olympique). Si à 31 ans le puissant attaquant a goûté à l’élite et aux grandes soirées européennes avec FC Metz face au Newcastle de Ginola, c’est bien sa carrière accomplie en 2e Division permise en partie par Roland Gransart, son 1er coach au SC Bastia puis lors des belles années à Gueugnon, qui lui collent à la peau. Un même coach qui avait été le récupéré au Mans en 1992. De cela, Amara Traoré est ensuite resté reconnaissant. En fin de contrat un an avant la montée, il aurait pu répondre aux sollicitations de clubs de l’élite, mais « Gueugnon m’a accueilli lorsque j’étais en difficulté. J’y reste car le club a besoin de moi ». La saison réussie par les Forgerons lui a donné raison. L’international sénégalais a guidé l’attaque bourguignonne avec une activité de tous les instants. Ce dernier était un avant-centre adroit et physique, mais qui ne rechignait pas non plus à faire les efforts pour créer des espaces pour les autres.

Il n’est pas le seul buteur africain à être attaché à la Ligue 2 BKT. Avant lui, Eugène Kabongo a décroché le titre de meilleur buteur avec le RC Paris en 1986 (29 buts) En D2, le Congolais a aussi été sacré champion à deux reprises, avec le Racing, mais aussi avec l’OL en 1989. A son époque lyonnaise, Bernard Lacombe disait de lui six mois après son arrivée : « C’est un avant-centre un peu spécial. Il est vraiment très costaud, une bête qui doit sacrément user les joueurs au marquage », confiait l’ancien attaquant dans France Football. « Il y a tout intérêt à l’utiliser en mouvement. » Dominateur à ce niveau, le Congolais a ensuite connu une saison en 1ère Division avec l’OL (12 buts), avant de retourner à Bastia à l’échelon inférieur. Avant cela, Lacombe rappelait que la « D1 réclame des qualités bien précises et qu’il faut avoir des facultés d’adaptations » par rapport à la D2.

Hamed Diallo qui a glané deux titres de top buteur du championnat avec Laval (1999) et Amiens SC (2002) est un autre Africain à avoir marqué le championnat. L’Ivoirien n’était d’ailleurs que prêté aux Tangos par le HAC de Denis Troch lors de son 1er titre. Les Ciel et Marine l’avait pourtant repéré au pays, où ce véritable homme de surface avait pu évoluer un temps aux côtés d’Ibrahima Bakayoko. Malgré un gabarit modeste (1,73m), Hamed Diallo a tiré son épingle du jeu : « C’est un championnat physique où l’on prend beaucoup de coups. Mais je m’accroche sur chaque ballon pour en mettre le plus possible au fond », indiquait-il la saison de sa révélation.

Autre Eléphant à avoir posé son emprunte sur la D2, Eli Kroupi. Jamais top buteur, contrairement à son compatriote Kandia Traoré (HAC, 2007), l’attaquant y a fait preuve d’une belle régularité entre 1998 et 2009 avec des passages à Valence, où il se fait un nom sous les ordres de Bruno Metsu, Lorient, Angers, Nancy et Nîmes, marqués par des montées avec les Merlus en 2001 et l’ASNL quatre saisons plus tard. Issu de la formation rennaise, Kroupi a connu une pointe à 15 buts en 2000/01.

Lors de cette même saison 2012/2013, Ibrahim Touré (AS Monaco) termine lui aussi sur le podium des buteurs en la Ligue 2 BKT (18 buts). Le Sénégalais était arrivé des Emirats en janvier 2012. Et une saison et demie plus tard, le Monégasque a compilé 28 buts en 52 rencontres de championnat. Plus que précieux pour assurer la montée du club du Rocher en 2013. Malgré un talent évident et le but officialisant la montée, Touré ne reste pas et ne découvre donc pas la Ligue 1 Uber Eats avec l’ASM qu’il avait pourtant choisi au détriment d’offres de club de l’élite. La faute en partie à l’arrivée de Radamel Falcao et de la présence d’Emmanuel Rivière : deux attaquants qui ont les faveurs de Claudio Ranieri. Le Sénégalais est ainsi resté associé à la Ligue 2 BKT, où il a encore évolué sept mois avec le Gazélec en 2017/18. Un championnat qu’il a trouvé « physique et plus tactique » que le Chinois, où il a joué entre ses deux aventures françaises.

Une saison au sommet

D’autres goleadors étrangers ont aussi effectué des passages efficaces. A l’image des Francileudo Santos, meilleur buteur en 2001, Bakari Koné, en 2005, Sebastien Ribas, en 2011, Famara Diedhiou, en 2016, et Adama Niane, la saison suivante, qui ont tous profité de leur distinction personnelle (meilleur buteur de Ligue 2 BKT) pour briller dans d’autres championnats.

Le Brésilo-Tunisien est la parfaite illustration des attaquants lancés par un passage réussi en Ligue 2 BKT. En 2000/2001, Santos a ainsi frappé 21 fois en 31 matchs au FC Sochaux-Montbéliard. Son coach Jean Fernandez ne se faisait guère d’inquiétude sur l’avenir de sa pépite : « Il courra aussi vite en D1 qu’en D2. Je ne dis pas qu’il marquera 25 buts, mais il marquera, c’est forcé ». Il faut dire qu’il avait déjà eu la bonne idée de le ramener avec lui de l’Etoile du Sahel en Tunisie. Ultra-rapide, l’attaquant est devenu l’idole de Bonal et faisant remonter les Lionceaux à la suite d’un titre de champion. « C’était un phénomène », s’est souvenu son ancien partenaire Maxence Flachez pour footdavant.fr. «C’était un gringalet, mais il allait à 3000 km/h. C’était aussi un excellent buteur. »

Ancien partenaire de Mario Balotelli chez les jeunes à l’Inter, Ribas a scoré 48 fois en trois saisons avec le Dijon FCO en Ligue 2 BKT. L’Uruguayen y voit « l’occasion de se montrer ». Après une première saison d’intégration, où il peut nouer des liens avec Pierre-Emerick Aubameyang et converser en Italien, Ribas devient la clé de voute du jeu dijonnais. Son coach, Patrice Carteron, utilise au mieux ses qualités. Et Eric Bauthéac, son ancien pourvoyeur de ballons en parle très bien : « Physiquement il est impressionnant et vraiment imposant. Il chope quasiment tout de la tête et pèse sur les défenses. Il joue beaucoup avec son corps. Il a une grosse frappe et il est adroit des deux pieds. C'est un buteur, toujours bien placé, il sent bien les coups ». C’est lors de sa 3e et dernière année de contrat au club en 2011 que Ribas décroche le graal avec ses 23 unités, contribuant à la montée du DFCO. Une aventure à l’échelon supérieur qui s’est faite sans lui.

Top buteur sortant avec les Ciel et Marine en Ligue 2 BKT, le Zimbabwéen Tino Kadewere tentera à l’OL de suivre une autre trajectoire en rejoignant l’élite. Celle par exemple d’un Habib Diallo qui avec Metz a brillamment réussi la saison écoulée son passage en Ligue 1 Uber Eats.

Episode 1 : la Ligue 2 BKT et ses buteurs maison

Episode 2 : les purs et durs

Episode 3 : la Ligue 2 BKT les a fait briller