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Kipsta : Des ballons à toute épreuve

Kipsta : Des ballons à toute épreuve

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Publié le 19/05 à 17:58 - LFP

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Nouveau fournisseur du ballon officiel de la Ligue 2 BKT à partir de la saison prochaine, Kipsta ne se contente pas d’obéir aux normes imposées par la FIFA. Reportage dans le laboratoire de la marque, qui impose un véritable parcours du combattant à ses ballons.

Pour avoir le droit de finir au fond des filets du Roudourou, Michel-d’Ornano, Charléty, Armand-Cesari et des autres stades de Ligue 2 BKT à partir de la saison prochaine, le nouveau ballon Kipsta a dû passer avec succès une batterie de tests. Et c’est peu de le dire. Le nouveau fournisseur du championnat, qui va prendre la suite d’Uhlsport pour une durée d’au moins cinq saisons, a imaginé un véritable parcours du combattant pour son ballon officiel. Si la FIFA impose ses tests pour délivrer le label Fifa Quality Pro, sésame permettant d’être utilisé en compétition officielle, Decathlon et sa marque Kipsta ont imaginé nombre de tests supplémentaires à valider. Un process dévoilé il y a quelques semaines à ceux qui manipulent ces ballons au quotidien : les intendants des clubs professionnels, invités à Tourcoing pour l’occasion.

« Vieillir le ballon de façon accélérée »

C’est en effet dans le Nord que se trouve le Kipstadium, le centre de conception et de développement des produits sports collectifs de Decathlon. Le site, aménagé sur les friches de la Brasserie Terken et de l’ancien dépôt Transpole à Tourcoing, abrite le laboratoire ballons où tous ces tests sont réalisés. « Je ne sais pas si vous avez déjà découpé des ballons mais ici, c’est notre passion ! », clame Antoine Le Cuziat. Le responsable du process ballon annonce la couleur dans une salle qui renferme une machine bruyante derrière une grille jaune.

Pour tester la résistance des ballons comme exigé par la FIFA, cette machine de shoots envoie un ballon 2 500 fois à la vitesse de 50 km/h contre une plaque de béton. On vérifie ensuite que le ballon a bien conservé ses dimensions, sa pression et sa sphéricité de départ. « Le but est de vieillir le ballon de façon accélérée. Ce test reproduit un an d’utilisation en club », précise François-Xavier Colson. Cet ingénieur essai fait partie de l’équipe de 20 personnes impliquées dans la chaîne de conception. Leur credo ? Inventer des méthodes pour aller plus loin dans les tests. L’une d’elles permet de mesurer l’abrasion avec un impacteur dont le revêtement vient user le ballon.

Tests à haute température

Un test made in Kipsta mesure, lui, la résistance à la chaleur (à une température de 66 degrés très précisément). Si les ballons sont conformes en sortie d’usine, il ne faut pas qu’ils soient déformés lorsqu’ils patientent dans le coffre d’une voiture en été ou lorsqu’ils sont acheminés dans des conteneurs depuis la Chine ou le Pendjab, cette région à cheval entre Inde et Pakistan réputée pour son expertise dans la fabrication des ballons.

« Ici, on dispose des mêmes machines que la FIFA. Quand on leur envoie nos ballons pour qu’ils les testent, on est serein », assure l’ingénieur produit Florian Combes. Parmi les 6 tests imposés par la fédération basée en Suisse, les ballons doivent pouvoir être gonflés à 150% de la pression recommandée sans exploser. Fourchette de pression de gonflage, transport des ballons en avion, durée de vie… Les intendants du RC Lens et d’Angers SCO posent leurs questions avant que la démonstration se poursuive dans une autre salle du Kipstadium où l’on vérifie la réaction des ballons au rebond. Le ballon est lâché à une hauteur de deux mètres par une machine et doit rebondir jusqu’à 1m20. Il faut que le ballon conserve ses dimensions et une sphéricité parfaite, avec une marge de tolérance de déformation de 1,5% maximum.

Label FIFA Quality Pro

Il y a un ensemble de standards à respecter pour que la FIFA donne son feu vert et appose son logo Fifa Quality Pro sur un des panneaux de cuir. Des machines et des tests sont utilisés pour chacune de ces normes. Le poids initial du ballon ne doit pas évoluer de plus de 10 grammes. Il ne faut pas que sa pression varie de plus de 10% trois jours après un gonflage. Un différentiel plus élevé peut révéler une fuite lente de la vessie du ballon (sa chambre à air). Une autre norme FIFA concerne l’absorption d’eau. Les ballons sont comprimés 250 fois dans l’eau et leur poids ne doit pas être supérieur de 10% à leur poids initial. C’est justement parce que les ballons en cuir naturel se gorgeaient trop d’eau qu’ils ont laissé leur place à des panneaux thermocollés, sans coutures dans le cas des futurs ballons des championnats professionnels français.

Les ballons Kipsta doivent franchir d’autres obstacles avec quelques autres tests spécifiques à la marque nordiste. La résistance de la valve est éprouvée par une machine qui insère et retire une aiguille pour parer aux fuites. Au total, on simule une centaine de gonflages, ce qui correspond à un gonflage hebdomadaire pendant deux ans. Un autre test vérifie quelle force il faut pour crever un ballon à l’aide d’une pointe. Une machine comprime, elle, le ballon à 20% de son diamètre initial pour en mesure la moellosité.

Compliments des gardiens pros

Après les tests en laboratoire, place aux tests terrain ! Entre juillet et septembre dernier, Kipsta est allé à la rencontre de 8 clubs de Ligue 1 Uber Eats et de Ligue 2 BKT. Les clubs choisis pour la deuxième division ? Les trois premiers au classement 2020/2021 qui ne sont pas montés, à savoir le Toulouse FC, le Grenoble Foot 38 et le Paris FC. « On leur a proposé soit des tests protocolés avec nos ingénieurs essai terrain, soit de faire leur séance normalement mais avec nos ballons, avec un petit brief au début et un retour de leur part à la fin », raconte Romain Da Rocha, International Product Manager and Brand Project Manager.

« Certains joueurs de Ligue 1 Uber Eats sont gentiment restés avec nous pour faire un retour plus poussé, après avoir tiré des coups francs, des pénaltys, effectué des volées… Beaucoup de joueurs de Ligue 2 BKT ont joué le jeu. Les coachs nous avaient autorisé à être sur le terrain donc on entendait les commentaires en direct. En général, les gardiens ont beaucoup apprécié la stabilité du ballon dans les trajectoires. Ils ont aussi mis en avant le grip », poursuit Romain Da Rocha, qui révèle même une anecdote en forme de compliment. Dans le premier rôle : un gardien quintuple champion de France avec l'OL, dont il a depuis intégré le staff technique : « Il a commencé par nous dire qu’il en avait ras la casquette, que c’était encore un ballon d’attaquant, qu’il allait changer de trajectoire dans les airs... Et après avoir fait la séance, il est revenu nous voir pour nous dire : "Ce n’est pas pour faire de la lèche mais, votre ballon, il est génial !" ».

Quelques chiffres :
18 mois pour développer un ballon
20 personnes impliquées dans la chaîne de conception
12 panneaux sur les ballons Kipsta (contre 32 pour les premiers modèles de ballons)
12.000 ballons fournis aux 40 clubs professionnels français chaque saison (300 par club)
8 clubs impliqués dans les tests réalisés lors de l’été 2021 dont 3 de Ligue 2
53 joueurs participants aux tests
6 tests imposés par la FIFA pour obtenir le label FIFA Quality Pro
2 ballons mais une conception identique entre les ballons Ligue 1 et Ligue 2
2023/2024 comme la saison à partir de laquelle Kipsta équipera le championnat belge (après avoir déjà fourni le ballon de la dernière Supercup, le Trophée des champions local)