Gaëtan Courtet (AC Ajaccio)
Interview

Gaëtan Courtet : « Mon caractère va bien avec la mentalité corse »

Gaëtan Courtet : « Mon caractère va bien avec la mentalité corse »

Interview
Publié le 20/02 à 15:30 - N.M

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A bientôt 31 ans et après deux saisons délicates, Gaëtan Courtet brille sous les couleurs de l’AC Ajaccio. Avant la réception du Mans FC en Domino's Ligue 2 (J26), l’attaquant évoque son bonheur de retrouver du temps de jeu au sein d'un groupe exceptionnel, avec lequel il espère décrocher quelque chose d’incroyable à la fin…

Gaëtan Courtet, vous nous avez laissés vendredi soir avec un lob de 49, 8 mètres. Est-ce que vous pouvez nous le raconter ?
La décision elle vient comme ça, d’instinct. En une seconde je tente le geste et le ballon va au fond. Cette fois, c’est passé, ç’aurait pu finir largement au-dessus ou autre, et finalement ça finit dedans. C’est beau. Quand je vois le ballon partir, je me dis que je vais vibrer le temps qu’il arrive jusqu’au but, et après, la sensation c’est forcément que du bonheur. En général, cela ne t’arrive qu’une fois dans ta carrière. Ce geste, j’aime bien le tenter de temps en temps, à l’entraînement, mais ce n’est pas souvent réussi, on va dire que ça arrive une fois sur dix tentatives.

Il vous permet d’atteindre la barre des 50 buts en Domino’s Ligue 2, vous le considérez comme le plus beau ?
Déjà le cinquantième, je pense que dans tous les cas je m’en serais souvenu. Après est-ce que c’est le plus beau ? Je vais dire que oui mais c’est difficile, il est dans mon top 3, c’est certain.

Pourriez-vous revenir sur ces deux saisons compliquées à Lorient ?
Le club de Lorient m’avait fait venir parce qu’il me connaissait bien, et ensuite, il aimait bien ce que j’étais capable de faire en Domino’s Ligue 2. Quand je suis arrivé, tout s’est bien passé, je jouais, après j’ai eu une blessure (au genou, ndlr) qui m’a freiné et qui a permis à Pierre-Yves Hamel de pouvoir se montrer, même très bien se montrer. Donc derrière, forcément c’était plus compliqué pour moi. En plus, personne n’a jamais su me remettre dans le bon sens.

La dernière saison était la plus difficile de votre carrière ?
Honnêtement oui (il souffle). Mentalement, c’était très compliqué à vivre dans le sens où j’avais beau tout donner sur le terrain, j’avais l’impression que ça ne changerait jamais, que je ne retrouverais pas ma place.

Vous êtes en pleine renaissance avec l’AC Ajaccio, quelles sont les raisons de votre épanouissement ?
C’est très simple, déjà, j’ai un entraîneur qui a voulu me faire venir, qui m’a transmis sa confiance, et en plus il y a un super groupe. C’est vraiment un club qui avait envie de me voir rejoindre l’équipe, qui vit bien, avec de très bons joueurs, et surtout un très bon état d’esprit. Tous ces éléments additionnés font que je m’éclate ici. Je ne parle pas du cadre de vie, tout le monde sait qu’en Corse il fait bon vivre.

Quand vous quittez Lorient, en prêt, en juillet dernier, vous avez des garanties de la part de l’entraîneur Olivier Pantaloni ?
A ce moment-là, Olivier Pantaloni souhaite me faire venir pour que je sois l’attaquant titulaire. On était parti dans cette optique, en me positionnant comme l’un des cadres de l’équipe. Forcément, il me dit aussi que les performances feront que je le serais ou pas. Son discours était clair.

C’est votre personnalité qui fait que ça colle à ce point avec l’ACA ?
Mon caractère va bien avec la mentalité corse. Je ne vais pas me cacher, j’aime tout donner sur le terrain, c’est ce que les gens apprécient ici. Comme je l’ai déjà dit, cette réussite, c’est grâce au groupe et à un entraîneur qui me fait confiance.

« Je suis dans la période la plus sereine de ma carrière »
Gaëtan Courtet

Vous n’êtes plus qu’à un but de votre record sur une saison (11 avec l'AJ Auxerre en 2015/16), quel objectif aimeriez-vous attendre ?
Je ne me fixe jamais d’objectif. J’ai toujours envie de marquer le plus de buts possibles, sans penser à un nombre défini. C’est toujours le cas cette année. Je veux être décisif et vraiment marquer des buts qui comptent. Si je dois choisir, je préfère marquer, peut-être, moins et seulement inscrire des buts qui permettent à l’équipe de gagner les matchs. C’est mon envie personnelle, on fait une très belle saison, si je suis amené à encore mettre des buts, c’est peut-être ce qui nous permettra, aussi, de continuer à gagner les matchs. On va dire que je suis bien parti pour battre mon record, ce n’est pas fait, et je n’ai pas envie que ça s’arrête là, c’est certain.

 

Vous êtes dans la meilleure forme de votre carrière ?
C’est difficile de dire que je suis dans la meilleure forme de ma carrière (Il hésite). Quand on joue, on a le rythme des matchs, on se sent mieux, on arrive à enchaîner, forcément on est en forme. Tout s’additionne et ça va dans le bon sens. Par contre, une chose est sûre, je suis dans la période la plus sereine de ma carrière.

Au début de saison, le club jouait avant tout le maintien, comment en êtes-vous arrivé à jouer les premiers rôles ?
Ça s’est fait naturellement. Notre équipe a rapidement montré son envie de très bien défendre. Au fil des matchs, on s’est rendu compte qu’on était capable de mettre en difficulté beaucoup d’équipes. Je pense que ce qui a fait notre force, c’est de ne pas se projeter, seulement se concentrer sur chaque match tour à tour. C’est peut-être un peu bateau, mais pour moi c’est la raison qui a fait qu’on a su enchaîner des bons résultats.

A partir de quand l’effectif a commencé à y croire ?
Il n’y a pas vraiment eu un moment clé. On avait juste l’objectif de décrocher notre maintien le plus rapidement possible, le reste c’était du bonus. On ne s’y attendait pas, aujourd’hui on est très content de pouvoir jouer le haut de tableau. Depuis le début de saison, notre état d’esprit n’a pas changé, mais maintenant c’est pour jouer les premiers rôles. On a envie de garder cette place et pourquoi pas regarder plus haut.

« Je ne connais pas une personne qui n’a pas envie d’avoir cette deuxième, voire cette première place »
Gaëtan Courtet

Votre groupe semble très soudé pour résister à pas mal de choses…
Exactement, c’est la clé de notre réussite et notre force. Si on a réussi à obtenir le maintien aussi rapidement, plus rapidement que ce qu’on pensait, c’est grâce à notre groupe. On a des jeunes qui viennent de signer pro, d’autres qui souhaitent se relancer. Donc, tout le monde a envie de se donner à fond pour l’équipe et, par la même occasion, de se montrer personnellement. Là, on a envie de continuer cette belle saison et d’obtenir peut-être quelque chose d’incroyable à la fin.

Ces dernières semaines, vous ne cachez plus vos ambitions et vous n’êtes plus qu’à deux points du RC Lens. Le challenge est de s’emparer de la deuxième place ?
Ce n’est pas un objectif qu’on a mis en place dans le vestiaire. Après on n’est pas loin, pourquoi s’en priver ? On a envie de rêver jusqu’au bout. Je ne connais pas une personne qui n’a pas envie d’avoir cette deuxième, voire cette première place. On ne peut pas nier, qu’on n’a pas envie d’être à ces places-là. Mais pour cela, il faut qu’on gagne nos matchs et qu’on ne pense pas aux autres équipes.

Vous connaissez déjà la recette pour monter, vous…
Ce que j’ai pu remarquer quand on est monté avec le Stade de Reims (2011/2012), c’est qu’il y avait un groupe, dans lequel il n’y avait pas les meilleurs joueurs du championnat, mais tout le monde travaillait pour le collectif, se donnait à fond à tous les matchs. C’est ce qui se passe avec l’ACA. Est-ce que c’est la recette ? Je ne sais pas, mais ce sont au moins les bons ingrédients pour pouvoir espérer quelque chose.

Vous avez la meilleure équipe à l’extérieur, mais vous êtes plus en difficulté à domicile. Comment l’expliquez-vous ?
A domicile, contrairement à nos matchs à l’extérieur, on se découvre davantage. Inconsciemment, on se dit qu’on doit faire plus le jeu, qu’on doit absolument marquer. En déplacement, je ne vais pas dire qu’on est plus sérieux, mais on est plus attachés à nos tâches défensives, on reste vraiment en bloc. La différence elle est là. Avec le groupe, on est conscient qu’on doit s’améliorer à la maison. Si on arrive à continuer notre bonne série à l’extérieur et qu’on arrive à prendre des points à domicile, on sera au bout. Donc, on va tout faire pour régler ce qui va moins bien.

A la fin de la saison, vous vous imaginez retourner à Lorient ?
Je ne pense pas, dans le sens où quand j’ai été prêté, le club ne comptait plus vraiment sur moi. Vu la manière dont ça s’est passé, je n’ai pas spécialement envie de retourner là-bas, surtout si c’est pour ne pas jouer. Après c’est à voir, tout peut changer selon ce que me dit l’entraîneur. Je ne me fais pas d’illusion, je suis assez lucide.