Lucas Chevalier (Valenciennes FC).
Interview

Lucas Chevalier : « VA a eu le courage de me lancer à 19 ans »

Lucas Chevalier : « VA a eu le courage de me lancer à 19 ans »

Interview
Publié le 28/04 à 11:10 - LFP

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Prêté cette saison au Valenciennes FC par le LOSC, Lucas Chevalier (20 ans) s’exprime longuement sur son début de carrière et sur sa première saison en tant que numéro 1 dans le monde professionnel. Entretien.

Malgré une saison compliquée sur le plan des résultats pour Valenciennes (16e de Ligue 2 BKT), vous enchaînez les matchs et êtes souvent mis à l’honneur. Comment vivez-vous votre premier exercice en tant que gardien numéro 1 ?
Déjà, je suis satisfait d’avoir autant de temps de jeu. J’ai commencé fort même si j’ai raté les sept premiers matchs à cause de ma blessure au ménisque fin juillet. Au début, il y a toujours cette crainte de découvrir un nouveau championnat, de se demander si on va savoir gérer la pression, l’enjeu, car on veut bien faire les choses, mais ça s’est très bien passé. Je pense que j’ai fait gagner des points à mon équipe, et je veux continuer à le faire jusqu’à la fin de la saison. C’est sûr que sur le plan collectif, ce n’est pas le rendement qu’on voulait, et qu’on doit avoir au vu de notre effectif. Après, j’essaie de le prendre du bon côté en me disant que je suis entre guillemets dans le dur tout de suite. C’est une expérience en plus. Si on s’en sort, je pourrais me dire que j’ai joué un maintien pour ma première saison et que je sais ce que c’est. Surtout que le poste de gardien est particulier, il y a beaucoup de responsabilités. Pour maintenir une équipe, il faut un bon gardien, donc, si on y arrive, je pense que j’aurais joué un rôle. Et ça me permettra de mieux savoir appréhender les matchs si je me retrouve à nouveau confronté à ce type de situation. J’essaie de voir les choses de manière positive.

Votre blessure aurait pu tout gâcher dès le début de saison. Comment avez-vous vécu ce moment qui vous a éloigné des terrains plusieurs semaines ?
Je venais d’arriver, j’étais très content, puis cette blessure est survenue une semaine avant le début du championnat. J’ai eu l’impression de rater le train et je me suis dit qu’il n’allait peut-être plus passer. En plus, comme le club avait dans la foulée recruté Saturnin Allagbé, je me disais que le coach allait faire une croix sur moi et que cette blessure était arrivée au mauvais moment. Le mois d’août a été compliqué mentalement. Je suis rentré à Lille faire mes soins, j’étais éloigné de Valenciennes et je me demandais si j’allais retourner là-bas, si j’allais refaire une saison blanche ou si j’allais avoir ma chance au LOSC… Je me suis posé beaucoup de questions. Finalement, Valenciennes fait un très mauvais début de saison, avec cinq points au bout de sept matchs, et me confirme qu’ils ont besoin de moi. J’ai la chance de revenir pour le 8e match, plus tôt que ce qui était prévu, et Olivier Guégan m’a lancé. Les résultats ont joué en ma faveur et j’ai su saisir cette opportunité. C’était un soulagement, je me suis dit : « C’est bon, ma saison est enfin lancée ».

Est-ce que vous pouvez nous raconter votre première en pro face au Pau FC ?
J’ai su la veille du match que j’allais jouer. Le coach met en place l’équipe à l’entraînement, je m’aperçois que je suis dans celle des titulaires, puis il vient me confirmer que je vais débuter. J’étais très content mais je suis resté assez froid. Je me disais qu’il ne fallait pas que je m’enflamme, ce n’était qu’un début. Même si j’ai des qualités, je n’allais pas forcément être bon. Après, le stade de Pau était plein mais il n’est pas non plus immense, donc, au niveau de la gestion des émotions et de la pression, ça a un peu facilité les choses. De toute façon, j’arrive à plutôt bien gérer mes émotions. Dès que je suis entré sur le terrain, à l’échauffement, je me suis senti comme lors d’un match habituel, je ne me suis pas dit que j’étais en Ligue 2. J’ai pris le match de la même manière que lorsque je jouais en National 2 avec la réserve du LOSC de mes 16 ans à mes 18 ans. A la fin du match, j’étais content d’avoir pu retrouver les terrains, surtout que je n’avais pas joué la saison d’avant avec le LOSC. J’ai eu de bonnes sensations et j’étais soulagé de ne pas avoir eu de problème après ma blessure.

Comment est née votre volonté de devenir gardien de but ?
Quand j’ai commencé à jouer au foot à l’âge de cinq ans, j’étais joueur de champ au SC Coquelles, à côté de Calais. Un jour, le gardien de l’équipe de mon frère, qui a deux ans de plus, s’est blessé et il fallait trouver un remplaçant. Je me suis porté volontaire et j’ai trouvé ça cool. Je devais avoir huit-neuf ans. A partir de là, j’ai kiffé sauter, faire des arrêts, et je ne suis plus jamais sorti des cages. C’est un concours de circonstances, avant ça, je ne m’étais jamais dit que j’allais devenir gardien. Si cette situation ne s’était pas présentée, je ne serais probablement pas là à parler de mon début de carrière. Après, j’ai toujours aimé le poste de joueur de champ, quand j’étais en U12-U13, j’aimais bien jouer dans le champ au dernier match des tournois. Mais par la suite, tu te rends compte que c’est un poste tellement à part que tu ne peux plus le quitter.

« Au centre de formation ? Tu as un manque de sociabilité avec le monde extérieur »

Comment avez-vous intégré le centre de formation du LOSC ?
Après le SC Coquelles, j’ai signé dans un plus grand club du Nord-Pas-de-Calais, l’AS Marck. On jouait dans la plus haute division départementale, donc on affrontait parfois le LOSC, Lens ou Valenciennes. On avait une très bonne équipe et on gagnait beaucoup de tournois. J’avais un peu plus de qualité que les autres gardiens et, à cet âge-là, la différence est vraiment visible. Je le vois aujourd’hui quand je vais voir des tournois de jeunes. Un gardien qui est au-dessus, tu le vois tout de suite et, à l’époque, j’en faisais partie. Le RC Lens s’était manifesté en premier puis le LOSC est arrivé quand j’étais en U11. Ils m’ont suivi pendant deux ans et j’ai signé là-bas quand je suis arrivé en U14, à 13 ans. En même temps, j’avais intégré le pôle Espoirs de Liévin, j’y suis resté deux ans mais j’étais déjà un joueur du LOSC. Ensuite, j’ai passé trois ans au centre de formation au Domaine de Luchin, où j’ai fait toutes mes classes.

Quel était votre quotidien au sein du centre ?
On avait souvent cours le matin à 9h, à 10h30 on avait l’entraînement, on mangeait à 12h, puis on reprenait les cours de 13h30 à 16h. Les deux premières années, j’avais un autre entraînement l’après-midi mais pas en troisième année. Le soir, on était en internat. On allait dans la salle de jeu ou dans les différentes chambres des coéquipiers. On ne pouvait sortir que le mercredi après-midi entre 14 heures et 18 heures. C’est sûr que pendant trois ans, tu es dans ta bulle et tu as un manque de sociabilité avec le monde extérieur. Ça fait partie des sacrifices qu’il faut faire pour y arriver.

Est-ce qu’on n’envie pas les copains qui sont libres de faire ce qu’ils veulent ?
Comme je suis parti tôt de chez mes parents, je n’avais pas vraiment d’amis en dehors du foot. Ce qui fait que je n’avais pas vraiment conscience et pris le temps de savoir ce que les jeunes faisaient en dehors. Quand tu es en centre de formation, tu ne goûtes pas à ce qu’est la vie d’un étudiant, tu ne t’en rends pas compte, donc on ne les envie pas. Pour nous, c’est normal d’avoir ce rythme d’entrainement, car on doit passer par là pour devenir pro. Mais ce n’est pas forcément une bonne chose. Les internats manquent quand même de relations humaines, il n’y a pas assez de partage avec le monde extérieur. Nous, la seule chose qu’on faisait le mercredi, c’était d’aller chez le coiffeur. Certains allaient aussi manger un tacos, c’était l’excès de la semaine, car ils n’en pouvaient plus de la cantine toute la semaine. Une fois que j’ai quitté le centre à 17 ans, j’ai pris mon appartement, et j’ai commencé à découvrir le monde. Tu te dis : « Ah ouais… J’ai loupé tout ça pendant cinq ans ». Je ne m’en plains pas mais tu te rends compte que pendant plusieurs années, tu es privé de plein de choses.

A ce moment-là, il ne faut pas se perdre…
C’est ça. Lorsqu’ils quittent le centre, beaucoup de jeunes se prennent un logement et changent un peu de voie. Ils commencent à avoir des mauvaises fréquentations, à sortir avec excès et, donc, ils se reposent moins. Au LOSC, les éducateurs nous prévenaient de tout ça avant qu’on ne prenne notre envol. Par exemple, ils nous disaient qu’on devait faire attention à notre alimentation, comme on n’allait plus manger à la cantine et qu’on allait être livré à nous-mêmes. Tu dois devenir autonome sur plein d’aspects. C’est pour ça que beaucoup de jeunes sont très bons quand ils sont à l’internat, puis quand ils arrivent dans l’équipe réserve ou aux portes de l’équipe pro, ils ne répondent plus présent. Je me souviens qu’à 17 ans quand j’ai pris mon appartement, les directeurs m’avaient dit que j’allais devoir être autonome. Je commençais à m’entraîner avec le groupe pro, il fallait être au taquet, donc les directeurs et entraîneurs te mettent en garde.

« Je ne veux pas devenir un Mike Maignan numéro 2, je veux devenir Lucas Chevalier »

Pour revenir au terrain, étiez-vous titulaire dans toutes les catégories de jeunes ?
J’étais toujours surclassé. Quand j’étais U14, je jouais U15, quand j’étais U15, je jouais U16 et ainsi de suite jusqu’à ce que je commence à jouer en N2 alors que j’étais U17. J’ai toujours joué avec des joueurs des catégories au-dessus, et ça a forcément joué dans ma progression. J’ai toujours été dans l’adversité. En plus, j’ai toujours eu la confiance des coachs, ils ont tout fait pour que je réussisse. Même aujourd’hui, si je suis prêté, c’est que le club croit toujours en moi pour les années à venir.

Vous avez eu la chance de faire partie du groupe du LOSC champion de France la saison dernière. Comment avez-vous vécu cette expérience de l’intérieur ?
C’était assez incroyable. J’étais numéro 2 bis voire numéro 3, je tournais avec Oréstis Karnézis. J’étais un peu frustré de cette situation, mais au fur et à mesure des matchs, j’ai appris à prendre sur moi. Je me disais que j’avais de la chance d’être dans un groupe comme ça et que je ne devais pas me plaindre. Même si je n’ai pas joué, j’ai fait partie de l’aventure et vivre cela de l’intérieur, c’est vraiment enrichissant. C’est un début de carrière qui commence sur les chapeaux de roue. S’entraîner avec un groupe qui est champion de France, ça te fait forcément progresser, surtout au côté d’un Mike Maignan qui était au top du top. Il a naturellement contribué à ma progression et au fait que je puisse cette saison m’exprimer en Ligue 2. Je pense que si Valenciennes m’a recruté, c’est aussi grâce à ce titre.

Vous avez pu côtoyer Mike Maignan au LOSC. Quels sont les gardiens que vous appréciez ?
Je n’ai pas vraiment d’idole. J’essaie de regarder un peu comment jouent les gardiens dans tous les grands clubs et je m’enrichis de chacun d’eux. Tous les gardiens ont des qualités différentes et j’essaye de prendre des touches un peu partout pour devenir un gardien complet. Après, c’est sûr que j’apprécie particulièrement Mike Maignan parce que j’ai bossé avec lui et qu’à l’heure actuelle c’est l’un des meilleurs en Europe. Mais je ne suis pas là pour ressembler à Mike Maignan, David de Gea ou Jan Oblak, je suis là pour essayer de me faire un nom dans les années à venir. Je veux avoir mon propre style.

Avez-vous le souvenir d’un conseil marquant de la part de Mike Maignan à votre égard ?
J’ai surtout été frappé par son exigence. C’est-à-dire que si à l’entraînement tu n’es pas au taquet comme lui, il peut sortir de sa séance. Ça peut paraître fou mais il peut s’énerver parce que tu ne te donnes pas à 100%, il considère que c’est un travail d’équipe. Il a vraiment une manière propre à lui de travailler. On rigolait beaucoup, mais quand c’était le boulot, c’était le boulot. Donc, il a beaucoup joué sur l’exigence que je dois avoir. Cette saison, à mes débuts avec VA, certains supporters du LOSC m’ont dit qu’ils avaient l’impression de voir Mike Maignan : dans l’attitude, les relances, les arrêts, etc. Ça m’a marqué et je trouvais ça étonnant car c’était involontaire. Puis, je me suis rendu compte qu’à force de l’avoir côtoyé et de l’avoir regardé pendant deux ans, j’avais effectivement gardé certaines de ses mimiques. Après, au fur et à mesure, je me fais ma propre identité. Comme j’ai dit, je ne veux pas devenir un Mike Maignan numéro 2, je veux devenir Lucas Chevalier. Mais ça montre à quel point il a eu un impact sur moi.

« Quand tu deviens numéro 1, tu commences vraiment à aimer ton métier »

Être prêté dans un club de Ligue 2 BKT pour poursuivre votre progression, c’était un choix de votre part ?
Après le titre de champion de France avec le LOSC, je voulais trouver un club et lancer pleinement ma carrière. Je sentais que c’était le bon moment, j’étais prêt. J’en avais aussi parlé avec Mike et il m’avait dit qu’il fallait que je joue. Je savais qu’être prêté en Ligue 1 sans aucun match au compteur, ça n’allait pas être possible. Quand j’ai eu l’opportunité de signer à Valenciennes, c’était parfait pour moi, un club avec un beau stade et une histoire. Je restais aussi juste à côté de Lille, je n’avais pas besoin de déménager et j’étais convaincu par le projet. Quand je suis arrivé, je n’ai pas eu ce problème d’adaptation ou de choc émotionnel. Puis, c’est le bon championnat pour progresser. Certes, il y a moins de pression, d’engouement qu’en Ligue 1, mais la visibilité est quand même suffisante pour que le LOSC voie ce que je fais. En plus, quand tu es un jeune gardien, il t’arrive logiquement de commettre des erreurs. Et il vaut mieux les faire en Ligue 2 pour se forger qu’en prime time avec un club de Ligue 1, où les images risquent de tourner en boucle. Après, je ne remercierai jamais assez Valenciennes. Ils ont quand même eu le courage de lancer un jeune de 19 ans alors que je n’avais aucune expérience. Je pense que je leur montre qu’ils ne se sont pas trompés, mais toute ma carrière je ne serai jamais assez reconnaissant de cette opportunité.  

Qu’est-ce que cette place de titulaire a changé dans votre quotidien ?
Entre titulaire ou remplaçant, c’est complétement différent, c’est une autre approche. Déjà, je m’entraîne pour jouer, pour être performant le week-end. C’est-à-dire que je vais plus être dans la gestion et dans la récupération la semaine que dans l’entraînement pur et dur. Il m’arrive d’écourter mes séances ou que Jérémie Janot me stoppe pour que je garde du jus avant le week-end, alors qu’au LOSC je restais à la fin des entraînements et Burak Yilmaz et Yusuf Yazici me bombardaient mais c’était normal comme je ne jouais pas le week-end. Après, ce n’est pas du tout la même pression car il y a une certaine attente autour de tes performances. Quand tu deviens numéro 1, tu commences vraiment à aimer ton métier, tu sais pourquoi tu t’entraînes, tu as cet objectif chaque jour de vouloir être plus performant au prochain match, tu veux être bon pour que les supporters viennent au stade, tu reçois des louanges et des critiques… Tu te rends tout simplement compte du pourquoi tu fais ce sport. Quand tu es remplaçant, tu t’entraînes parce qu’il le faut, mais tu ne joues pas, personne n’a vraiment d’avis sur toi, personne ne voit vraiment ta progression.

Le fait de passer d’une saison où vous avez beaucoup gagné à une saison plus compliquée a-t-il été difficile à encaisser mentalement ?
J’ai connu un moment difficile au début de saison. Au LOSC, comme on avait été champion et que je n’avais pas joué, j’avais oublié le goût de la défaite. Ensuite, j’arrive à Valenciennes, on fait un nul à Pau puis trois victoires et on remonte à la 10e place, à deux points du 5e. On commence à parler de nous positivement et dans la foulée on perd 3-1 à domicile contre Dunkerque. A ce moment-là, c’était la douche froide pour moi. En réalité, c’était ma première défaite comme titulaire depuis plus d’un an et demi et je l’ai très mal vécue. J’y ai pensé tout le week-end, j’étais limite en train de pleurer, j’avais la rage. J’étais tellement dans le succès, dans les éloges, que je n’avais plus cette habitude de perdre et j’ai fait de cette défaite un drame. J’en avais parlé avec mon père et il m’avait répondu : « C’est le football. Tu ne vas pas tout gagner, tu vas perdre des matchs dans la saison, et ce n’est pas parce que tu perds un match que tout s’arrête. » Après ça, on a enchaîné 2 défaites et j’ai pris plus de recul. Je me suis rendu compte qu’on allait jouer le maintien et qu’on allait forcément perdre des matchs. Ce moment de la saison m’a permis de savoir relativiser. Quand tu es gardien et que tu joues le maintien, tu te dis que tu vas subir des frappes et qu’il va falloir prendre le moins de buts possible. Il faut savoir se concentrer sur soi-même et se dire : « Je vais faire ce que je peux mais que je ne pourrai pas tout arrêter ».

Jérémie Janot est l’entraîneur des gardiens de VA depuis plusieurs saisons. Qu’est-ce qu’il vous apporte au quotidien ?
On a un peu une relation père-fils. Il m’appelle fiston. On s’entend très bien, on déconne souvent et on bosse beaucoup. Le personnage de Jérémie Janot, tout le monde le connaît, c’est un régal au quotidien. Grâce à son expérience, il m’apporte beaucoup. Il a vécu des hauts et des bas, donc il est légitime de m’aider dans toutes les situations. On a noué une véritable relation de confiance. S’il a quelque chose à me dire, il ne va pas hésiter et inversement. Honnêtement, si je pouvais travailler avec lui toute ma carrière, je le ferais. Il m’a fait progresser dans mon calme, ma sérénité à avoir sur le terrain. J’apprends à chaque match. A chaque but encaissé, c’est une nouvelle situation à étudier et à savoir mieux gérer à l’avenir. Il me dit souvent qu’il y a toujours une part d’improvisation. On a beau travailler une situation à l’entraînement, ce n’est pas pour autant qu’elle sera similaire en match. Donc, chaque semaine, tu vas faire des nouveaux arrêts, tu vas prendre des nouveaux buts que tu vas plus ou moins bien gérer mais ça va te servir. Il y a des milliers de situations dans le foot mais quand tu en as déjà vécu certaines, tu sais comment tu vas devoir faire la prochaine fois. Le plus important, c’est de devenir régulier. Le haut niveau, c’est la régularité.

« J’ambitionne de devenir un jour titulaire au LOSC »

Sur quels aspects vous marque-t-il ?
Il s’adapte très bien à chaque gardien qu’il a devant lui. Il ne va pas vouloir te changer mais plutôt t’apporter des petites choses, car chaque gardien est différent et a son propre style. On s’adapte tous les deux l’un à l’autre. Je peux lui dire quand je n’aime pas quelque chose, que je préfère faire différemment et il va peut-être avoir un contre-argument. Par exemple, à l’entraînement, quand je ratais un ballon ou une prise de balle, je disais toujours que je voulais recommencer. Je voulais toujours que ce soit propre et il me répondait : « Lucas, on ne va pas le refaire. En match, tu relâches le ballon, il n’y a pas de deuxième fois, il faut apprendre à s’adapter. A partir du moment où tu me sors le ballon, ça me va. » Moi, je voulais toujours que ce soit carré, donc j’ai appris à me dire que ça ne pouvait pas toujours être parfait. Avec lui, je découvre une nouvelle méthode de travail. J’essaie de devenir le plus efficace possible.

Vous semblez être sûr de vos qualités…
C’est difficile à expliquer. On va dire que je sais de quoi je suis capable, c’est ma personnalité. Tout ce que je fais depuis le début ma carrière, c’est, entre guillemets, normal pour moi, je trouve que c’est à ma portée. Et je sais que je peux faire encore plus, que j’ai encore une grosse marge de progression. Je ne veux pas me contenter de ce que je fais aujourd’hui, j’ai toujours envie de montrer plus. Je ne suis jamais dans l’euphorie à me dire que j’ai fait un super match, que je suis trop fort, je suis simplement là pour faire mon travail. A l’inverse, si je fais un mauvais match, ce n’est pas pour autant que je vais me dire que je suis nul. J’arrive à toujours rester le même. Pour un gardien, c’est primordial d’avoir confiance en soi. Je pense que le haut niveau, c’est une remise en question à chaque match. Si tu fais un bon match, tu as des éloges, si tu es mauvais, tu te fais tailler. Il ne faut pas s’arrêter à ça et toujours avancer. Dans le football, il faut être bon dans le moment présent. C’est pour ça que je ne m’arrête pas à ce que j’ai pu faire le week-end passé et que je me concentre toujours sur ce qui arrive. Je me répète mais c’est la mentalité à avoir pour toucher le haut niveau, et c’est là où je veux arriver. J’ai encore beaucoup à travailler mais je suis persuadé que je peux atteindre le haut niveau. Cette mentalité vient aussi de Mike Maignan. Je reviens souvent à lui mais il était super confiant, il était imperturbable. Même s’il ratait un match, il revenait le lendemain comme si de rien n’était. Il savait qu’il allait tout casser.

Justement, comment voyez-vous la suite de votre carrière ?
Je ne le cache pas, j’ambitionne de devenir un jour titulaire au LOSC. Je sais que j’ai la confiance du club. Ce prêt à Valenciennes a été fait pour que j’engrange de l’expérience. Après, le plus important, c’est que je termine bien ma saison et on verra ce qui se passera cet été. Mais c’est sûr que j’ai envie de jouer là-bas, c’est mon club de cœur. Ce sont les dirigeants du LOSC qui vont juger et décider de ce qu’ils veulent faire. Ce sera à eux de me dire si ce que j’ai montré en Ligue 2 est suffisant pour avoir ma chance. J’ai confiance en moi et je pense que je montre des bonnes choses avec Valenciennes. Après, j’ai envie de jouer, si ce n’est pas cet été, ce n’est pas grave, ça sera peut-être le prochain. Je ne veux simplement pas m’arrêter de jouer, c’est le plus important car ça me permet de progresser plus rapidement. Mon objectif, c’est de jouer à Lille. Tôt ou tard.