Interview

Branco van den Boomen : « Impatient de voir ce que je vaux en Ligue 1 Uber Eats »

Branco van den Boomen : « Impatient de voir ce que je vaux en Ligue 1 Uber Eats »

Interview
Publié le 16/05 à 18:52 - Arnaud Di Stasio

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Meilleur joueur et meilleur passeur de Ligue 2 BKT, le Toulousain Branco van den Boomen évoque sa progression, les blagues de Rhys Healey, Dimitri Payet ou encore l’influence de la rue, la data et ses coups francs. Entretien.

Branco, vous venez d’être sacré meilleur passeur de Ligue 2 BKT et votre coéquipier Rhys Healey meilleur buteur du championnat. Pouvez-vous nous parler de votre relation ?
Ça a tout de suite pris entre nous sur le terrain. On sait parfaitement ce qu’on doit faire l’un par rapport à l’autre : quand il doit faire l’appel et quand je dois lui faire la passe. Si nous avons une grande complicité dans le jeu, c’est notamment parce qu’on parle beaucoup football ensemble : des déplacements, des appels… En dehors du terrain, Rhys est un mec très sympa avec qui j’aime passer du temps. On se sent très bien ici car il y a une super ambiance dans le vestiaire et que nous avons plein d’amis au sein du groupe.

Il y a pourtant beaucoup de nationalités différentes au sein du vestiaire toulousain. N’est-ce pas plus long de s’y intégrer ?
J’ai l’impression que tout le monde s’est vite intégré. Ce qui compte, c’est davantage le caractère du joueur que la langue qu’il parle. Pour avoir un vestiaire sain, dans lequel il est facile de s’acclimater, il faut avoir des joueurs qui pensent collectif. Au Téfécé, on a cette chance.

« Rhys Healey est le joueur avec qui j’échange le plus »

Le vestiaire de cette saison est-il le meilleur que vous avez connu ?
Probablement. Cette saison, on a beaucoup gagné, ce qui rend tout plus facile. Tous les joueurs sont heureux, souriants… Ce n’est pas une surprise si l’on a réussi à remporter ce titre de champion de Ligue 2. Par exemple, quelqu’un comme Rhys Healey apporte sa joie de vivre dans un groupe. Il fait beaucoup de blagues. Une fois, il est arrivé en nous disant qu’il avait découvert de nouveaux bonbons délicieux et quand on les a mis à la bouche, on a tous été obligés de les recracher tout de suite tellement ils avaient un goût étrange !

Pour revenir à Rhys Healey côté terrain, est-ce le joueur avec qui vous échangez le plus ?
Je parle aussi avec les autres joueurs mais la relation est forcément différente avec ton buteur. On joue à des postes où l’on peut faire la différence à chaque match donc on parle beaucoup tous les deux. Et oui, je pense qu’il est celui avec qui j’échange le plus au sujet des appels et de comment lui mettre le ballon.

« Stijn Spierings n’a pas l’attention qu’il mérite »

Pour vous, qui est le joueur le plus sous-coté de l’effectif toulousain ?
Stijn Spierings ! Et je ne dis pas ça parce que c’est mon ami. Il n’a pas l’attention qu’il mérite mais il est tellement important pour notre équipe… Nous, on connaît sa valeur. Stijn est un joueur intelligent, toujours calme. Il prend toujours les bonnes décisions. Quand on n’a pas le ballon, il en récupère beaucoup, notamment pour couper les contre-attaques adverses. Il est très précieux.

Entre la montée officialisée au Stadium contre Niort puis le titre de champion célébré contre Nîmes, toujours au Stadium, vous avez vécu de sacrées émotions ces dernières semaines. Vous vous en remettez ?
Franchement, l’ambiance autour de ces deux matchs était incroyable. Voir tous ces supporters sur la pelouse, leur réaction à ce moment historique, c’était quelque chose… En l’espace de deux semaines, j’ai peut-être vécu les deux moments les plus intenses de ma carrière. Tout est allé si vite que c’est dur de réaliser mais je retiendrai un petit échange que j’ai eu avec Stijn Spierings à 5 minutes de la fin du match contre Niort. Sur la pelouse, on s’est regardés tous les deux et on n’a pas pu s’empêcher de commenter l’ambiance qu’il y avait au Stadium. Cette puissance, cette énergie…

Il y a un an, le Toulouse FC a connu une grande désillusion, échouant à monter lors des barrages contre Nantes. Avec le recul, comment vous en êtes-vous relevé ?
Peu de temps après ce barrage, on a changé de coach, beaucoup de nouveaux joueurs sont arrivés… Ça s’est révélé être une bonne stratégie pour passer à autre chose et repartir de zéro. Forcément, ça a été très difficile à vivre pendant les deux semaines qui ont suivi les matchs contre Nantes mais après, il fallait aller de l’avant et mettre cette déception derrière nous.

« Philippe Montanier a tout de suite cru en moi »

Quel a été le rôle de Philippe Montanier dans vos performances cette saison ?
Le coach a été très important pour moi. Il m’a transmis beaucoup de confiance car il a tout de suite cru en moi. Il m’a beaucoup parlé de mon jeu, de ce qu’il attendait de moi dans des situations données. Il a eu un rôle très important dans mes performances cette saison et je lui en suis très reconnaissant. Chaque coach est différent mais, de tous ceux que j’ai connus, Philippe Montanier est probablement celui avec qui j’ai eu la meilleure relation footballistique.

Le président du Toulouse FC, Damien Comolli, est connu pour s’appuyer sur la data pour recruter. C’est quelque chose qu’il avait mis en avant lors de vos discussions avant votre signature au club il y a deux ans ?
Il m’a parlé data en effet. Il m’a dit que les recruteurs se servaient beaucoup de cet outil. Ils m’ont ensuite observé jouer et mon profil leur a plu. La data sert à repérer des joueurs avant d’aller les voir à l’œuvre, que ce soit en vidéo ou en live avec des scouts. C’est un moyen de faire la première partie du boulot. La data prend de plus en plus d’importance dans le foot, le recrutement en particulier. Pour moi, c’est une bonne chose car, généralement, ces données ne mentent pas. Quand les clubs cherchent des profils bien particuliers, la data est utile. Mais comme je le disais, ça n’empêche pas d’aller superviser ces potentielles recrues par la suite.

« J’aime beaucoup le style de jeu de Dimitri Payet »

Pendant votre carrière, vous avez essentiellement joué en deuxième division, que ce soit aux Pays-Bas ou ces deux dernières saisons en France. Y a-t-il une appréhension avant de vous frotter à la Ligue 1 Uber Eats ?
J’ai confiance en moi. J’ai beaucoup progressé ces dernières années, je me suis amélioré saison après saison. Je pense que je suis prêt pour un nouveau challenge désormais, prêt à jouer plus haut qu’en Ligue 2. Je suis impatient de voir ce que je vaux en Ligue 1.

Téji Savanier a été meilleur passeur de Ligue 2 BKT avant de l’être en Ligue 1 Uber Eats la saison suivante. Ça vous inspire ?
Ah, il a réussi ça ? Waoh ! Je ne le connais pas bien mais ça doit être un sacré joueur ! J’aimerais bien l’imiter mais je sais que ce sera très difficile. Je ne veux pas me mettre trop de pression en me fixant des objectifs aussi élevés ! Quand tu joues dans un championnat avec des joueurs comme Messi ou Payet qui délivrent des passes décisives aussi facilement, ce serait présomptueux de dire que je veux finir meilleur passeur la saison prochaine mais je ferai de mon mieux !

Ce n’est pas la première fois que vous citez Dimitri Payet…
J’aime beaucoup son style de jeu. Dimitri Payet a un pied droit incroyable. Il fait partie des grands joueurs du championnat mais il y en a plein d’autres, à commencer par Messi, Neymar et Mbappé. Il y a plein de stars qui rendent ce championnat très compétitif.

« Mon père a rapidement vu que j’étais doué pour tirer les coups francs »

Vous êtes un spécialiste des coups de pied arrêtés. Le coup franc est ce qui vous procure le plus de plaisir sur le terrain ?
Marquer un but procure un sentiment inégalable, comme le fait de se sentir important pour l’équipe. Et c’est sûr qu’à chaque fois qu’on obtient un coup franc bien placé, il se passe quelque chose en moi car je sais que je suis capable de marquer ou d’offrir une passe décisive. J’aime tirer les coups francs. C’est une phase de jeu qui me permet de montrer mes qualités.

Aviez-vous des modèles parmi les tireurs de coups francs réputés ?
Pas vraiment. Mais je m’entraînais beaucoup dans cet exercice avec mon père, qui a été mon entraîneur lorsque j’étais enfant. Il a rapidement vu que j’étais doué pour ça. Mais je n’avais pas vraiment d’idole ou de modèle que j’essayais de copier. J’ai juste beaucoup travaillé ma technique de frappe. Au départ, je frappais fort et tout droit. Puis, j’ai ajouté de l’effet. Ensuite, il a fallu savoir quel effet choisir. Au fil du temps, j’ai réfléchi à comment faire mieux, à comment m’améliorer, et bien sûr, j’en parlais avec mes coachs et mes proches.

Vous avez délivré 14 de vos 20 passes décisives sur coup de pied arrêté. Comment travaillez-vous ces phases avec vos coéquipiers au quotidien ?
On travaille les coups de pied arrêtés ensemble deux fois par semaine. Je m’entraîne aussi de mon côté en plus. Au total, on y consacre beaucoup de temps, ce qui est tout à fait pertinent puisqu’on a montré à quel point cette arme pouvait être efficace pour nous. Le coach a voulu mettre l’accent sur les coups de pied arrêtés, il a voulu en faire un aspect important de notre jeu.

« On jouait beaucoup dans la rue »

Avant de conclure, remontons un peu dans le temps. Vous avez expliqué que vous jouiez beaucoup dans la rue enfant…
Les petits matchs dans la rue ont été une grande influence pour moi. Les jeunes de ma génération, on jouait beaucoup dans la rue, comparé à ce qu’il se passe maintenant. C’est une pratique qui m’évoque les amis et la passion. Et derrière, sur le terrain, on peut retrouver des petits espaces, des situations que l’on connaît déjà car on a joué dans la rue.

Parlons enfin d’une autre influence de votre jeu : l’Ajax, où vous êtes passé entre 16 et 19 ans…
Jouer à l’Ajax permet de jouer plus vite car on travaille énormément dans les petits espaces. Il y a beaucoup de jeu de possession à une ou deux touches de balle. Ça m’a beaucoup apporté. Tout le monde sait que l’Ajax a l’un des meilleurs centres de formation du monde. Savoir se situer sur le terrain, lâcher le ballon rapidement, trouver les bons espaces… J’ai appris ça à l’Ajax.