Pablo Pagis (Nîmes Olympique).
Interview

Pablo Pagis : « Mon objectif est qu’on dise que Mickaël est le père de »

Pablo Pagis : « Mon objectif est qu’on dise que Mickaël est le père de »

Interview
Publié le 09/02 à 09:35 - NM

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Prêté par le FC Lorient au Nîmes Olympique cette saison, Pablo Pagis (20 ans) évoque ses premiers mois en Ligue 2 BKT, sa formation chez les Merlus ou encore l’influence de son père, Mickaël Pagis, et les comparaisons qui vont avec.

Quel bilan faites-vous de vos premiers mois en Ligue 2 BKT ?
C’est positif. J’ai le temps de jeu que j’étais venu chercher. Je fais des bons matchs, je suis performant, après il y a toujours des choses à améliorer, notamment mes statistiques. Mais je pense que ça viendra. Je suis content de ce que je montre. Après, au niveau du collectif, c’est un peu moins satisfaisant car on est en bas du classement. Même si on est en train de remonter et qu’on s’accroche, je pense qu’on peut mieux faire collectivement.

Pourquoi avez-vous fait le choix d’être prêté ?
Ça m’a frustré de ne pas jouer lors de la préparation estivale avec Lorient et j’ai décidé d’aller chercher du temps de jeu ailleurs pour faire une saison pleine. Je voulais avoir de l’importance dans un effectif. En Ligue 1 Uber Eats, j’allais certainement faire des entrées en jeu mais je n’avais pas du tout la garantie de jouer. Puis, comme je sortais d’une belle saison en N2 (10 buts), être prêté à Nîmes, c’était une belle opportunité. J’ai voulu la saisir et, franchement, je n’ai pas de regret.

Vous avez attendu presque cinq mois pour inscrire votre premier but en championnat. Comment avez-vous vécu cette période ?
Je l’ai mal vécue ! Au début, je me disais que ça allait venir, puis au fil du temps ça commençait à me trotter dans la tête, ça devenait difficile mentalement. J’avais beaucoup de doutes qui s’installaient, surtout que l’équipe aussi galérait, et ce match face à Niort m’a permis de les dissiper. Avant cette rencontre, je me suis dit qu’il fallait que je pense un peu plus à moi et que je veuille vraiment marquer ce but pour enfin débloquer mon compteur, et c’est arrivé. Depuis, au niveau mental, ça m’a fait beaucoup de bien. Je me sens beaucoup plus libéré.

Comment gérez-vous le fait de jouer le maintien en Ligue 2 BKT pour votre première saison en pro ?
C’est vrai que pour un jeune joueur, c’est délicat. Je n’avais jamais été embarqué dans une mission comme celle-là. Mais je me dis qu’il vaut mieux connaître cette situation en étant jeune, au moins je l’aurais vécue. J’essaie de ne pas trop me prendre la tête. Quand je rentre chez moi, j’essaie de penser à autre chose, même si c’est très, très difficile. Le foot, c’est toute ma vie, donc ce n’est pas simple de s’en détacher. Mais j’essaie de ne retenir que le positif, c’est ce que le coach répète sans cesse. Si on est négatifs, on n’y arrivera jamais, c’est impossible.

« J’étais à deux doigts d’arrêter le football »

Vous avez passé six années au Stade Rennais avant de rejoindre Lorient en 2018, quels souvenirs en gardez-vous ?
J’ai commencé là-bas avant même la préformation. À l’époque, je ne jouais vraiment que pour le plaisir, que pour m’amuser. Je n’avais pas réellement en tête de vouloir devenir footballeur professionnel. C’est uniquement en arrivant en U16, quand Lorient a contacté mon père, que j’ai dû prendre une vraie décision. J’avais le choix entre rester à la maison ou partir, et c’est à ce moment-là que je me suis décidé. Je me suis dit que le foot, c’était vraiment ce que je voulais faire, que j’étais passionné et qu’il fallait que je prenne mon envol.

Vous étiez davantage attiré par le projet du FC Lorient que celui du Stade Rennais ?
Déjà, Rennes me proposait d’intégrer sa section mais pas son centre de formation. Après, j’étais attiré depuis longtemps par le jeu que proposait Lorient chez les jeunes. Je disais à mon père que les joueurs et le foot qu’ils proposaient me correspondaient. Donc, dès qu’ils ont voulu me récupérer, j’ai été emballé.

Comment se sont déroulés vos premiers pas chez les Merlus ?
Au début, ça s’est très mal passé. J’ai été blessé pendant presque un an et demi car j’avais des problèmes de dos liés à ma croissance. J’étais à deux doigts d’arrêter le football. Je ne comprenais pas ce que j’avais, il n’y avait rien, aucun réel diagnostic. Dès que je retournais sur le terrain, ça me faisait mal et j’étais obligé de m’arrêter. C’était très difficile à vivre, surtout que je venais de quitter le cocon familial. Mais j’ai persévéré et cela a fini par passer. Ensuite, j’ai fait mes gammes, puis je suis vite monté en National 2, avec l’équipe réserve.

« Régis Le Bris ? C’est l’entraîneur qui m’a fait le plus progresser »

Justement, vous évoluiez sous les ordres de Régis Le Bris, l’une des révélations au poste d’entraîneur cette saison en Ligue 1 Uber Eats, était-il aussi pédagogue qu’on peut le voir aujourd’hui ?
Il n’a pas du tout changé sa manière d’entraîner, et c’est ça qui est beau, qui est fort. Ce qu’il faisait avec l’équipe réserve, il arrive à le reproduire en Ligue 1 Uber Eats. C’est l’entraîneur qui m’a fait le plus progresser, autant sur le plan technique que tactique. Grâce à lui, je connais encore mieux le football parce qu’il utilise beaucoup la vidéo. Ça peut parfois être chiant mais, au fil du temps, on se rend compte que c’est très important pour réussir à comprendre le jeu qu’il veut mettre en place. Tout est articulé autour de son projet de jeu. Il utilise des vidéos sur les matchs, que ce soit de son équipe ou d’équipes européennes, et met en lumière les placements et les déplacements qu’on doit améliorer ou les choix à faire dans telle ou telle situation.

Avez-vous des retours du FC Lorient depuis le début de votre prêt ?
Oui, je suis suivi par les adjoints du coach. Ils me disent que c’est bien et que je dois continuer de m’aguerrir. Ils n’insistent pas forcément sur des points en particulier. Après, je suis quelqu’un d’objectif et de lucide sur mes performances, je sais quand j’ai fait un bon match ou pas. Puis, j’en parle beaucoup avec mon père et mes agents.

Justement, vous avez parlé à plusieurs reprises de votre père, Mickaël Pagis. Quel rôle joue-t-il dans votre carrière ?
On discute après chacun de mes matchs, c’est souvent très technique. Il a un vécu donc je suis totalement à l’écoute de ce qu’il me dit. Je sais très bien que ça va me servir et que ça me tirera vers le haut. Il me fait toujours un petit débrief et, à chaque fois, je sens que ça m’aide à progresser. De mon côté, je lui livre mon ressenti et je lui explique ce que le coach me demande. Ce sont vraiment des échanges. Il essaie aussi de venir voir mes matchs quand il peut mais ce n’est pas la porte à côté (il vit à Rennes).

Cela devait être plus simple quand vous étiez à Lorient…
Il venait me voir pratiquement lors de tous mes matchs. En réalité, l’année dernière avec l’équipe réserve, c’était ma première saison complète dans un championnat sans avoir de gêne et il m’a vraiment aidé et beaucoup apporté. Après chaque match, il me conseillait sur ce que j’avais fait et me disait mes vérités. J’essayais de toujours prendre ses retours de manière positive mais ce n’était pas toujours facile à entendre. C’est toujours le cas aujourd’hui mais j’ai déjà acquis un peu plus de maturité et d’expérience.

« Si demain plus personne ne me parle de mon père, ça me ferait bizarre »

Avez-vous un exemple de conseil de sa part ?
Il lui arrive de me conseiller sur mes placements. Parfois, je suis un peu trop collé à l’adversaire, donc on échange sur le fait qu’il faut que j’arrive à sortir du marquage. Il m’explique que je dois un peu plus me cacher en me mettant dans le dos de mon adversaire, qu’il faut que ce dernier me perde de vue avant que je ne réapparaisse dans un deuxième temps. Je dois en quelque sorte davantage fuir du champ de vision des défenseurs.

Vous jouez dans un club par lequel il est passé et avec le même numéro de maillot (11). Est-ce facile à gérer ?
Franchement, ça va ! Maintenant que je suis grand, c’est quelque chose que je sais gérer. On m’en parle et on me le répète depuis tout petit. C’est sûr que plus jeune, c’était compliqué. Mais c’est comme ça, qu’on me dise tout le temps mon père ceci ou cela, j’ai pris l’habitude. Si demain plus personne n’en parle, ça me ferait bizarre aussi. Concernant le numéro de maillot, le 11 était disponible et mon père m’a dit que c’était celui qu’il avait, donc je me suis dit : « Ce n’est pas grave, autant faire pareil ! » (rires). Après, mon objectif, je l’ai toujours dit, c’est qu’on dise que Mickaël est le père de et non plus que Pablo est le fils de.

Comment réagissez-vous quand vos coéquipiers vous chambrent sur ce point ?
Ils n’ont pas hésité à le faire lors de mon doublé. J’en ai rigolé avec eux. Il ne faut pas commencer à se braquer. En plus, au club, il y a un bon exemple avec Thibault Giresse (fils d’Alain Giresse). On en a parlé à une ou deux reprises. Il m’a dit qu’une fois que tu finis par te faire un petit nom dans le football, ça passe et qu’il faut faire avec. De toute façon, je sais très bien qu’il y aura toujours des comparaisons, c’est obligatoire.

Surtout que votre père dit que vous avez un peu le même profil que lui…
C’est vrai (sourire). On a un peu les mêmes qualités… Mais c’était une époque différente ! Je suis un joueur qui aime bien faire des passes tranchantes et accélérer le jeu en une touche. J’ai aussi une bonne finition et je peux réaliser des gestes un peu spectaculaires et imprévisibles. Mais il y a juste le style de jeu qui est comparable car, en termes de performances, ce n’est pas comparable du tout.

Au terme de cette pige au Nîmes Olympique, l'idée est-elle de s’imposer à Lorient ?
C’est de m’imposer dans un club de Ligue 1. Après, que ce soit à Lorient ou dans un autre club, on verra bien. C’est sûr que Lorient, c’est le club où j’ai été formé, donc j’espère que ce sera possible. Quand je vois certains de mes anciens coéquipiers chez les jeunes, comme Théo Le Bris, s’imposer, ça donne envie, c’est clair. Mais, comme je l’ai dit, cette année, j’ai fait le choix d’aller en Ligue 2 pour jouer et m’aguerrir. Chaque chose en son temps !