Interview

Jason Pendant : « Je préférais défendre sur Ousmane Dembélé »

Jason Pendant : « Je préférais défendre sur Ousmane Dembélé »

Interview
Publié le 15/02 à 09:53 - Arnaud Di Stasio

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Parmi les hommes forts de QRM cette saison, le latéral Jason Pendant se raconte avant de retrouver Sochaux. Ousmane Dembélé et Allan Saint-Maximin, New York, la sélection du Vietnam, ses 21 points de suture… Entretien.

La saison dernière, QRM est passé par les Barrages Ligue 2 BKT pour réussir à se maintenir dans la division pour la première fois de son histoire. Est-ce que tu es surpris par les performances du club cette saison ?
Pas vraiment car, quand j’ai signé l’été dernier, Olivier Echouafni avait quasiment bouclé son recrutement et je voyais bien qu’on avait un groupe de qualité. Les discussions que j’avais eues avec le directeur sportif (Julien Converso) et le coach laissaient imaginer qu’on pourrait faire une belle saison. L’objectif premier reste le maintien mais on va tout faire pour se sauver le plus tôt possible et essayer de rester dans le haut du classement.

Depuis la reprise post-Coupe du monde, aucun club ne fait mieux que QRM. Une bonne période qui s’explique notamment par votre solidité défensive (seulement 5 buts encaissés sur les 8 derniers matchs). Qu’est-ce qui a changé depuis le début de la saison ?
Comme il y avait beaucoup de nouveaux joueurs dans l’équipe, il fallait qu’on apprenne à se connaître. La trêve pendant le Mondial a également fait du bien. On a refait une bonne préparation et on a pu revoir certaines bases. C’était bizarre d’avoir une trêve à ce moment-là de la saison mais, vu nos résultats des dernières semaines, on peut dire qu’elle nous a été bénéfique. Depuis la reprise, on montre une solidarité sur le terrain qui nous permet d’être meilleurs derrière.

« Pourquoi ne pas titiller les équipes du haut de tableau ? »

QRM reste sur deux victoires et se classe désormais 6e au classement, son meilleur classement de la saison. Est-ce que ça donne des idées pour la fin de saison ?
Clairement ! On veut s’éloigner de la zone de relégation au plus vite et gagner le plus de matchs possible. Et ensuite, pourquoi ne pas titiller les équipes du haut de tableau ? Si on se maintient vite, on pourra voir ce dont on est réellement capables.

D’un point de vue personnel, tu as connu une grosse blessure au tibia fin décembre. Tu n’as pas eu peur d’être coupé dans ton élan ?
Non, heureusement, c’était plus impressionnant qu’autre chose. Sur le coup, j’ai eu peur et j’ai quand même dû me faire poser 21 points de suture mais je n’ai manqué que trois matchs, comme prévu. C’est ce que m’avait dit le médecin sur le coup.

Peux-tu raconter cet épisode ?
Je reçois une mauvaise passe et je me jette pour rattraper le ballon mais, en taclant, mon pied droit racle ma jambe gauche. Au début, je suis resté debout car je pensais que ce n’était qu’un petit coup mais, quand le ballon est sorti en touche, je me suis rendu compte que j’étais ouvert sur plusieurs centimètres. Je me suis assis et je suis resté calme car je ne voulais pas affoler tout le monde. Quand le staff médical est arrivé sur la pelouse, j’ai tout de suite demandé pour combien de temps j’en aurais et on m’a répondu que je ne serais absent que deux ou trois semaines. J’avais peur d’en avoir pour plusieurs mois mais j’ai été immédiatement rassuré. Je savais que ce ne serait pas long et que j’allais pouvoir revenir à fond.

Pour parler à nouveau d’Olivier Echouafni, peux-tu décrire son style ?
C’est un coach proche de ses joueurs, très avenant. Il est très gentil et très ouvert. Je le connais depuis longtemps parce que c’était lui qui entraînait Sochaux (de juin 2014 à septembre 2015) lorsque j’ai fait mes premiers entraînements avec les pros. Si on a besoin de lui parler, de corriger des petites choses sur le terrain, on peut aller le voir. Dans le jeu, le coach aime qu’on ait le ballon mais il sait aussi s’adapter. Comme on est dans une période de l’année où les terrains sont plus difficiles, on joue parfois plus long, on joue davantage les deuxièmes ballons, même si son idée première reste la possession.

Avant de s’asseoir sur le banc de QRM, Olivier Echouafni sortait de deux expériences dans le football féminin, avec l’équipe de France puis le PSG. Lui arrive-t-il de se servir de cette partie de son parcours dans son coaching aujourd’hui ?
Je ne crois pas. Il ne nous en parle pas en tout cas. Il est concentré sur QRM et ne compare jamais notre situation avec ce qu’il a pu vivre par le passé.

« A Sochaux, on était une bande de potes, presque une famille »

Samedi, QRM accueille Sochaux, une affiche particulière pour toi…
Forcément ! J’ai été formé là-bas et c’est à Sochaux que j’ai signé mon premier contrat professionnel. Mais samedi, comme le reste de l’équipe, je ne pense qu’à gagner. Je ne me mets pas davantage de pression, ça reste un match comme un autre. Une fois sur le terrain, je ne fais pas attention à qui il y a en face, il faut battre tout le monde.

Que retiens-tu de tes presque 10 années à Sochaux ?
Je n’en ai que de bons souvenirs. J’ai connu beaucoup de belles choses à Sochaux : les équipes de France de jeunes, les débuts en Coupe de France puis en Ligue 2… Il y a aussi eu la victoire en finale de la Coupe Gambardella (contre l’OL en 2015), qui est un des grands moments de ma carrière jusqu’ici, avec la signature de mon premier contrat. On avait vraiment un super groupe, solidaire. On était une bande de potes, presque une famille.

Dans l’équipe de l’époque, il y avait notamment Maxence Prévot, que tu retrouveras dans la cage sochalienne samedi…
On est encore en contact tous les deux, c’est un bon ami à moi. Je suis heureux de la manière dont il a su s’installer à Sochaux. Dans l’équipe avec laquelle on a gagné la Gambardella, il y avait aussi Marcus Thuram, de qui je suis proche également. C’était spécial de le voir jouer la Coupe du monde au Qatar. Même chose pour Ibrahima Konaté qui est un peu plus jeune que nous mais avec qui je jouais lors de ma première saison pro à Sochaux. J’étais vraiment fier d’eux pendant le Mondial.

« Le plus impressionnant, c’était Allan Saint-Maximin »

Il y a quelques années, tu avais exprimé le souhait de jouer pour l’équipe du Vietnam, dont ta mère est originaire. Où en est ce projet ?
Il est toujours d’actualité. Je suis en train de faire les démarches pour obtenir un passeport vietnamien mais ça prend du temps. Si j’ai les papiers, la fédération pourrait être intéressée par mon profil, si je suis bon sur le terrain bien sûr. Avoir un passeport vietnamien m’offrirait cette possibilité. J’apprends aussi la langue depuis quelques années. J’avais une prof jusqu’à mon départ en MLS et, depuis, j’utilise une application.

Fin août, tu as d’ailleurs affronté Pau et Nguyen Quang Hai, « le Messi vietnamien »…
Ça m’a fait plaisir de le rencontrer et d’avoir ce premier contact avec lui. Comme ça ne faisait que quelques semaines qu’il était en France, je voulais savoir comment se passait son adaptation. Je voulais aussi lui dire de ne pas hésiter à m’appeler s’il avait besoin d’aide.

Entre 2012 et 2014, tu as disputé presque 20 matchs avec les équipes de France U16 et U18 où tu avais pour équipiers Christopher Nkunku, Marcus Thuram, Allan Saint-Maximim ou encore Ousmane Dembélé…
On avait une belle génération ! Quand je vois où en sont certains de cette équipe… A l’époque, le plus impressionnant, c’était Allan Saint-Maximin. Ousmane Dembélé n’était pas mal non plus mais Allan, c’était encore au-dessus. Je préférais défendre sur Ousmane car Allan était très imprévisible, encore plus qu’Ousmane.

« Ma première année à New York a été très dure »

Juste avant que la crise du covid n’éclate, tu quittes Sochaux pour les New York Red Bulls. Comment se sont déroulés tes premiers jours sur place ?
Ce n’était pas évident car je suis arrivé à New York début mars 2020, juste avant le confinement. Je commençais à m’entraîner avec l’équipe et, trois jours plus tard, j’apprends que je dois m’enfermer dans ma chambre d’hôtel. C’était très dur comme première année car j’étais seul là-bas et mon entourage ne pouvait pas me rendre visite à cause de la crise sanitaire.

Malgré tout, ta première saison en MLS est une réussite…
Au bout d’un mois et demi de confinement, on a repris les entraînements. On s’entraînait tous au centre mais individuellement. Les séances collectives ont commencé juste avant le tournoi de reprise MLS is back et, d’un point de vue personnel, j’ai réussi à enchaîner. J’étais titulaire et grâce à une grosse fin de saison, on dispute les play-offs. Et hors des terrains, cette première saison est un super souvenir également car je découvrais la culture américaine.

Ta deuxième saison se déroule moins bien. Que s’est-il passé ?
Un peu avant de m’envoler pour les États-Unis pour la présaison, je me suis blessé en m’entraînant de mon côté. Je me suis blessé à l’épaule pendant une séance de musculation et j’ai dû me faire opérer. Ça a plombé mon début de saison et j’ai mis du temps à revenir.

Qu’as-tu pensé du niveau de la MLS ?
J’ai été surpris du niveau. Je pense que les meilleures équipes de MLS ont un niveau qui se situe entre le haut de tableau de Ligue 2 et le bas de Ligue 1. Après, peu de joueurs m’ont impressionné. Si je dois en citer quelques-uns, je dirais Chicharito, Carlos Vela et le Vénézuélien Josef Martínez, qui était à Atlanta.

Et c’était comment la vie à New York ?
Je vivais dans le New Jersey car le stade et le centre d’entraînement des New York Red Bulls se trouvent là-bas. J’étais à 40 minutes de Manhattan donc je pouvais y aller dès que je le souhaitais. Mais c’est à la fin de mon expérience là-bas, avant de rentrer en France, que j’en ai pleinement profité. Ce que j’ai préféré ? Central Park et l’immensité de la ville, des buildings, Times Square…