Jessy Benet (Grenoble Foot 38).
Interview

Jessy Benet : « Je savais que je n’avais rien perdu de mes qualités »

Jessy Benet : « Je savais que je n’avais rien perdu de mes qualités »

Interview
Publié le 22/02 à 15:32 - NM

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Après une saison et demie sous les couleurs de l’Amiens SC, Jessy Benet (27 ans) a fait son retour au Grenoble Foot 38 lors du mercato hivernal. Son passage en Picardie, ses retrouvailles avec le vestiaire grenoblois, son efficacité retrouvée : le milieu de terrain se confie.

Jessy, qu’est-ce qui vous a poussé à revenir au Grenoble Foot 38 cet hiver ?
Je ne me sentais pas épanoui à Amiens, que ce soit dans ma vie professionnelle ou personnelle. J’avais besoin de changement, de retrouver un peu de plaisir. C’est ce qui m’a poussé à partir et à revenir ici. J’ai eu quelques autres touches, ce n’était pas Grenoble ou rien, mais c’était le choix le plus évident.

Avez-vous tout de même le sentiment d’avoir progressé lors de votre passage à Amiens ?
Bien sûr ! On apprend toujours, que l’expérience soit bonne ou mitigée. Sur le plan sportif et humain, j’ai appris plein de choses et, forcément, ça m’a fait progresser et évoluer. Je me sens grandi de ce passage : en tant qu’homme parce qu’il y a eu la naissance de mon fils, mon premier enfant, et en tant que joueur car la saison dernière a été compliquée, on a dû jouer le maintien et batailler pour l’obtenir.

Comment avez-vous été accueilli à votre retour ?
Tout s’est fait très naturellement. Quand je suis arrivé dans le vestiaire, j’ai eu l’impression de ne l’avoir quasiment jamais quitté. Il y a encore beaucoup de joueurs qui étaient déjà présents au club lors de mon premier passage (2017-2021). Idem au sein du staff. Même le coach Vincent Hognon, je le connaissais déjà car lorsque j'étais à Montceau-Les-Mines et lui à l’AS Nancy-Lorraine, il m'avait contacté. Donc, même si je n’avais jamais travaillé avec lui, je le connaissais un petit peu.

Avez-vous directement repris la même importance dans le vestiaire ?
Je pense ! Dès le départ, les joueurs m’ont fait confiance. C’est pour cela que mon intégration s’est bien passée. Après, au sein du vestiaire, je suis plutôt introverti, je ne suis pas quelqu’un qui parle énormément, je suis davantage un leader sur le terrain. Je ne vais pas prendre la parole devant tout le monde, je préfère échanger de manière individuelle. Par exemple, j’aime parler avec les joueurs qui vont jouer de mon côté ou les attaquants pour qu’on se comprenne plus facilement, qu’ils m’expliquent leurs appels et que je leur partage la manière dont j’aimerais qu’ils se déplacent. Je suis plus dans les échanges autour de la tactique.

Et avez-vous récupéré votre ancienne place ?
Non. J’ai dû choisir un nouveau casier mais ça ne m’a pas posé de problème (rires). J’ai aussi changé de numéro de maillot (8) !

« J’ai besoin de me sentir bien en dehors du foot pour m’épanouir sur le terrain »

En an et demi, l’équipe a surtout évolué sur le plan offensif. Des joueurs vont-ils surpris ?
Comme je continuais de suivre les résultats du club et que j’avais déjà joué contre la plupart d’entre eux, je les connaissais déjà tous. Quand on jouait contre Grenoble, lors des séances vidéos, on parlait aussi de certains joueurs, donc je ne peux pas dire que j’ai été surpris. En revanche, au-delà de la qualité du groupe, j’ai trouvé qu’il y a vraiment beaucoup de qualités offensives. On a plusieurs très bons joueurs capables de faire des différences individuelles.

Vous avez tout de suite retrouvé votre efficacité d’antan (9 buts et 7 passes décisives en 2020/21), avec 2 buts et 2 passes décisives en 5 matchs. Comment l’expliquez-vous ?
Comme je le disais précédemment, je ne me sentais pas épanoui à Amiens et, forcément, je n’étais pas libéré mentalement. Résultat, ça se retranscrivait sur le terrain. Là, dès que je suis arrivé à Grenoble, l’équipe m’a vite intégré et je me suis tout de suite senti plus épanoui. Cela change beaucoup de choses pour moi et ça se ressent statistiquement. Je savais que je n’avais rien perdu de mes qualités. Je n’ai jamais douté sur ce point. C’est simplement que j’étais dans un club avec lequel ça n’a pas fonctionné. Mais je n’étais pas catastrophique non plus. C’est surtout statistiquement que la différence était importante (0 but et 2 passes décisives en 2021/22 et 1 but et 1 passe décisive lors de la 1ère partie de saison).

L’épanouissement personnel est un facteur prépondérant pour vous ?
Bien sûr ! J’ai besoin de me sentir bien en dehors du foot pour m’épanouir sur le terrain. Si je ne me sens pas bien, si ma famille ne se sent pas bien, c’est forcément plus compliqué. Mais c’est un fait qui ne s’arrête pas au football. Dans la vie en général, quand une personne ne sent pas bien quelque part, elle essaye de trouver un endroit où elle se sent mieux. J’ai eu la chance de pouvoir le faire et je suis content.

Vous évoluez à quasiment tous les postes du milieu de terrain depuis le début de votre carrière mais quel est celui où vous vous épanouissez le plus ?
J’ai été formé, même si je n’ai pas fait de centre de formation, au poste de numéro 6, seul devant la défense. Puis, dès que j’ai commencé à jouer en senior, que ce soit à Montceau-Les-Mines ou quand j’ai signé pro à Dijon, j’ai été repositionné derrière l’attaquant ou en deuxième attaquant. Donc, on va dire que mon poste, c’est entre les deux : c’est milieu relayeur (rires). Même si je peux jouer un peu plus haut ou un peu plus bas, c’est mon poste préférentiel, celui où on peut voir la meilleure version de moi-même, sachant que mes joueurs préférés étaient Iniesta et Xavi (rires).

Est-ce le poste que vous demande d’occuper Vincent Hognon ?
À peu près. J’ai un poste évolutif. Si on joue avec une sentinelle, je vais être milieu relayeur. Et si on joue avec deux milieux défensifs, je vais être celui qui a une plus grande liberté offensive. Pour résumé : je suis le joueur qui doit essayer d’être dans les deux surfaces et de faire le lien entre les défenseurs et les attaquants.

« Lyon est un peu sur courant alternatif cette saison »

A la suite de ce retour au GF38, comment voyez-vous la suite de votre carrière ?
Je suis toujours ambitieux. J’ai signé trois ans et demi, c’est que je crois au projet grenoblois. Le club a des ambitions futures. Il sait où est sa place par rapport à son budget, il sait qu’il y a de plus gros clubs, mais ne s’interdit rien. Ces dernières années, l’AC Ajaccio et le Clermont Foot n’avaient pas les plus gros budgets du championnat mais ils ont réussi à monter. Ce qui compte, c’est la construction d’un projet. Une fois qu’il fonctionne, on peut espérer de belles choses. Mais c’est sûr que si on n'arrive pas à atteindre des objectifs plus élevés et que la Ligue 1 se propose à moi, j’aimerais toujours y goûter un jour. Il y a un an et demi, j’avais forcément été déçu de ne pas rejoindre un club de l’élite (il était libre).

Vous allez enchaîner deux belles affiches, avec la réception du Havre AC samedi et un déplacement à Lyon en Coupe de France mardi. Comment abordez-vous ces échéances ?
On vient de perdre à Caen (2-1), donc on a envie de repartir sur une dynamique positive dès samedi. On sait que Le Havre n’a plus perdu depuis plus de vingt matchs (22) en championnat mais on va essayer de casser cette série. On en est capables. Ensuite, face à Lyon, ça sera un match de gala où il faudra prendre du plaisir. Bien évidemment, on a envie de passer. C’est un match que tout le monde a envie de jouer. Il ne faut pas se mettre plus de pression pour autant. Si tout se passe bien pour nous, ça ne pourra être qu’une bonne surprise.

Quel regard portez-vous sur l’équipe du Havre cette saison ?
Je n’ai pas encore eu la chance de l’affronter. Certains parlent de réussite au sujet de cette équipe mais elle ne prend pas de but et marque celui qu’il faut quasiment à chaque fois. Pour gagner un match, il faut marquer un but de plus que l'adversaire, et c’est qu’elle fait. En plus, c’est factuel, comme elle ne prend pas de but, elle ne perd jamais... Quand on arrive à ce stade du championnat, on ne peut plus parler de réussite, mais de savoir-faire.

Comment avez-vous réagi lorsque vous avez appris le résultat du tirage au sort de la Coupe de France ?
D’un côté, j’étais content parce que mon frère est un grand fan de Lyon et il va être très heureux d’aller au stade. Et, de l’autre, je me suis dit que c’était dommage, car jouer un club un peu plus à notre portée aurait été sympa comme on n’est pas loin des demi-finales. Mais on ne va pas non plus aller là-bas en se disant qu’on va perdre, attention !

Quel sera le plan pour jouer un adversaire comme l’Olympique Lyonnais ?
On n’en parle pas plus que cela pour le moment. Une fois qu’on aura fait ce qu’il faut face au Havre, on pourra pleinement se pencher dessus. Après, on sait que sur le papier, il y a une différence de niveau, mais on sait aussi que Lyon est un peu sur courant alternatif cette saison : un coup c'est bien, un coup c'est moyen. Si on est à 150% et qu’ils ne sont pas à leur niveau, comme lors de certains matchs de Ligue 1, on aura notre chance. À l’inverse, s’ils sont à leur niveau, on sait que ça sera très compliqué de passer.