Aymen Abdennour (Rodez AF).
Interview

Aymen Abdennour : « Malgré l’expérience, je n’aime pas trop parler »

Aymen Abdennour : « Malgré l’expérience, je n’aime pas trop parler »

Interview
Publié le 29/03 à 11:15 - NM

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Son choix de découvrir la Ligue 2 BKT, ses blessures qui l’ont empêché d’enchaîner les matchs depuis le début de saison, ses différentes expériences en France… En pleine lutte pour le maintien avec le Rodez AF (16e), Aymen Abdennour se confie.

A 33 ans, qu’est-ce qui vous a poussé à rejoindre le Rodez AF et la Ligue 2 BKT l’été dernier ?
Après mes deux saisons au Qatar (à l'Umm Salal SC), j’avais envie de connaître une nouvelle aventure. J’ai discuté avec mes agents pour revenir en Europe car le football y reste de meilleure qualité que dans les pays du Golfe. Ils m’ont trouvé quelques opportunités et j’ai choisi Rodez car je connaissais déjà la région. J’avais aussi des offres d’Arabie Saoudite mais le challenge sportif de Rodez m’a convaincu. Même si j’étais très heureux au Qatar, qu’il y avait de très belles infrastructures et des dirigeants magnifiques avec moi, j’avais envie de retrouver plus de plaisir à jouer au foot.

Vous avez évolué dans plusieurs grands championnats européens et même en Ligue des champions. Qu’est-ce qui vous motive encore au quotidien ?
L’amour du football ! Ma vie, c’est le foot. J’aime me réveiller le matin et aller à l’entraînement. J’aime aussi souffrir à l’entraînement et tout simplement être sur le terrain. Quand j’ai décidé de venir à Rodez, ce n’était vraiment pas pour l’argent, c’était simplement pour revenir en Europe et jouer au foot.

Comment vivez-vous le fait de jouer le maintien en Ligue 2 BKT ?
Je ne vais pas cacher que c’est difficile. J’ai joué la Ligue des champions avec différents clubs, l’Europa League ou le haut de tableau et, là, c’est une expérience totalement différente. C’est quelque chose que je voulais vivre aussi. C’est toujours intéressant de découvrir des expériences variées. Après, nous sommes sur une série de trois victoires, ça fait du bien et j’espère qu’on va continuer sur cette voie. Notre objectif, c’est bien évidemment de nous maintenir.

Quel est votre regard sur le championnat ?
C’est un bon championnat ! Pour y jouer, il faut être prêt physiquement, car il y a beaucoup d’engagement. Il y a des jeunes joueurs qui ont beaucoup de qualités et qui peuvent facilement jouer en Ligue 1 Uber Eats. De toute façon, il y a une dizaine de clubs qui ont déjà joué en Ligue 1 Uber Eats récemment, comme les Girondins de Bordeaux ou le FC Metz.

Vous avez connu plusieurs blessures depuis le début de saison. Êtes-vous frustré de ne pas réussir à enchaîner les matchs ?
Un peu… Je pensais pouvoir faire mieux mais j’ai enchaîné les blessures musculaires. Malgré le fait que je donne tout et que je fais le maximum pour aider l’équipe lorsque je joue, mes blessures ont été un gros frein. Au début de la saison, je me suis retrouvé éloigné des terrains pendant trois mois à cause d’une déchirure au quadriceps gauche, puis j’ai eu une lésion au quadriceps droit il y a un peu plus d’un mois… Avant, je n’avais jamais été aussi souvent blessé. J’espère que c’était ma dernière blessure à Rodez.

« Je suis un leader positif »

Où en êtes-vous dans votre convalescence ?
Je me sens très bien ! Je m’entraîne tous les jours pour être prêt physiquement. Je suis à disposition du coach et j’espère pouvoir rejouer le plus tôt possible. Je me sens prêt à aider mes coéquipiers dans le sprint final. Je suis venu ici pour aider l’équipe à atteindre son objectif.

Vous êtes l’un des joueurs les plus expérimentés de l’effectif de Rodez. Jouez-vous un rôle particulier dans le vestiaire depuis votre arrivée ?
Je parle très calmement avec tous les joueurs, ce sont tous mes amis. Au sein du vestiaire, il y a beaucoup de respect les uns envers les autres. J’essaie de tenir un discours toujours positif. Je ne suis pas tout le temps en train de parler, l’objectif n’est pas de dire n’importe quoi, je le fais seulement quand je sens qu’il le faut. J’ai un caractère calme, serein, et c’est ce que je tente d’apporter au groupe. Après, ils ont aussi besoin de moi sur le terrain, il faut que j’arrive à faire de bonnes prestations. C’est mon objectif et celui du club.

Vos coéquipiers vous demandent-ils des conseils ?
On a une équipe jeune mais les joueurs savent ce qu’il faut faire. Ils sont très à l’écoute, ils s’entraînent bien. A l’entrainement ou en match, je parle toujours positivement. J’ai beau avoir de l’expérience, je n’aime pas me montrer et beaucoup parler pour ne rien dire. Comme je l’ai dit, je prends la parole quand il le faut, surtout sur le terrain. Je dis des choses simples : « Ça vient », « Tu es seul », « Il faut monter », « Aligne-toi »… Même si un de mes coéquipiers commet une erreur, je vais parler positivement et l’encourager. Dans le foot, ça arrive à tout le monde de se tromper. Même les grands joueurs font des boulettes, donc ça ne sert à rien d’incriminer un joueur. Je suis un leader positif.

Avez-vous été agréablement surpris par certains de vos coéquipiers ?
On a un très bon groupe ! Il y a des joueurs qui ont beaucoup d’expérience comme Joseph Mendes ou Rémy Boissier, puis il y a des jeunes avec beaucoup de qualités comme Killian Corredor. La chose qui m’a surpris, c’est que tous les joueurs sont bien éduqués. Ils sont à l’écoute et très disciplinés. Tout cela est très important et, malheureusement, on ne le retrouve pas partout.

Quels souvenirs gardez-vous de votre passage au Toulouse (2011-2014), le club qui vous a révélé en Europe ?
Je n’ai que des bons souvenirs de Toulouse : les supporters, le Stadium, le centre d’entraînement, le président Olivier Sadran, le staff technique, Alain Casanova… J’ai beaucoup apprécié cet entraîneur. Il était toujours positif, en train de donner des conseils et à l’écoute. Il avait aussi un côté strict sur le terrain mais j’appréciais cela. Je n’ai jamais eu de problème durant mon passage à Toulouse.

« Mes périodes les plus fastes ont été à Toulouse, Monaco et Valence »

Vous êtes également passé par l’AS Monaco et l’Olympique de Marseille. Gardez-vous un œil attentif aux résultats de vos anciens clubs ?
Toujours ! Dès que j’ai l’opportunité de regarder un match de l’un de mes anciens clubs, je le fais. Que ce soit Marseille, Monaco, Toulouse, Valence ou même Kayserispor, je continue à suivre leurs résultats car je garde de bons souvenirs de tous ces clubs. J’adore le foot. Quand je suis chez moi, la télé est toujours allumée avec du football.

Sous les couleurs de l’AS Monaco, vous êtes allé en quart de finale de Ligue des champions (2014/15). Est-ce le meilleur souvenir de votre carrière ?
Je ne pourrai jamais oublier cette double confrontation face à la Juventus (1-0 et 0-0). On avait fait deux matchs de très haut niveau sur le plan tactique et physique. On pouvait passer. On a perdu sur un pénalty inexistant. C’était une magnifique campagne de Ligue des champions. Je n’oublierai également jamais les gros matchs, contre Arsenal, le Bayer Leverkusen ou encore le Zénith Saint-Pétersbourg.

Est-ce la période où vous vous êtes senti le plus fort dans votre carrière ?
J’ai connu des bonnes et mauvaises périodes quasiment partout où je suis passé. C’est la loi du football. Je préfère ne garder que les bons souvenirs des clubs par lesquels je suis passé, même à Marseille où je n’ai pas beaucoup joué. Mais peut-être que mes périodes les plus fastes ont été à Toulouse, Monaco et Valence. J’ai aussi fait deux saisons pleines au Qatar, en ne ratant quasiment aucun match. C’est déjà une carrière magnifique. Il me reste encore deux ou trois ans à jouer.

Pour revenir à l’OM, vous avez dû jouer pendant une saison avec l’équipe réserve…
Au début de la préparation, j’avais disputé les cinq matchs amicaux et Rudi Garcia m’avait dit qu’il allait compter sur moi, puis il a changé d’avis lors de la dernière semaine du mercato. Le club avait une offre d’Al-Hilal (Arabie Saoudite) et il m’a dit d’y aller. Je lui ai répondu que je ne partirai pas là-bas et il m’a dit : « Si tu ne pars pas, tu ne joueras pas une seule minute avec moi. » Je suis quand même resté et il ne m’a vraiment pas fait jouer.

Comment aviez-vous traversé cet épisode ?
J’essayais de rester positif. J’ai dû faire un peu moins de dix matchs avec l’équipe réserve en National 2. Je prenais quand même du plaisir à jouer. Je faisais mes 90 minutes, puis au revoir et merci. Je ne regrette pas ce passage parce qu’après, j’ai rebondi et je suis allé en Turquie (à Kayserispor).

Crédits : Cédric Méravilles - RAF / Damien Grandet - RAF