Huit jours après un 1er but avec l’AC Ajaccio, Yacine Bammou - de retour cette saison en Ligue 2 BKT - s'est prêté au jeu de l'interview « première fois ».
Yacine, vous souvenez-vous de notre 1er contrat professionnel signé 5 jours avant votre anniversaire ?
C’était à Nantes en 2014. C’était incroyable ! Un an auparavant, j’étais à Evry en CFA 2 avec un contrat amateur. Devenir pro est un moment marquant et bouleversant. Car sur le moment, on ne réalise pas ce que l’on signe. Ce qui m’était proposé et le montant n’avaient presque pas d’importance, je voulais simplement tout prendre immédiatement ! Tellement j’étais heureux. Juste après, je suis parti en prêt à Luçon (National). Je devais m’aguerrir d’après Michel Der Zakarian. Et ça m’a fait du bien, car en revenant j’ai pu enchaîner les saisons en Ligue 1 Uber Eats.
Et de vos premiers échanges avec le FC Nantes ?
J’avais fait une super saison avec Evry qui venait de monter de DH. Je me faisais remarquer un peu chaque week-end. Et en mai, j’ai reçu un appel de Matthieu Bideau, recruteur au FC Nantes, me proposant un essai d’une semaine. Au début, j’ai cru à une blague, mais quand j’ai reçu les billets de train sur mon mail avec écrit « FC Nantes », j’ai réalisé. Donc je suis parti pour ce test qui s’est avéré assez positif. Ce n’était pas évident pour moi, car les autres joueurs étaient prêts, ils s’entrainaient tous les jours, et le rythme était plus élevé que celui que je connaissais. De retour à Paris, le club m’a recontacté pour me dire que pour le moment ils ne pouvaient pas me prendre à cause d’une interdiction de recrutement. Pour moi, c’était fini…Mais finalement, j’ai pu signer un contrat amateur et jouer pour le FC Nantes.
Votre 1er derby marquant ?
Je dirais en Ligue 1 Uber Eats encore avec le FC Nantes contre Rennes. J’en ai joué pas mal (6 en Ligue 1 Uber Eats). C’est un match spécial, la semaine précédente les supporters sont tous les jours à l’entraînement. On sent que c’est plus qu’un match. Gagner, c’est rendre fier toute une ville. Et même si je n’y suis pas né, Nantes est mon club de cœur, celui qui m’a tout donné. Il y a aussi eu en Turquie, où j’ai disputé plusieurs matchs à Istanbul. Là-bas, toute la ville vit au rythme du match. On le ressent à chaque instant. Ajaccio-Bastia, je pense que c’est la même chose. Le match est très important pour le club, les supporters, la ville…
« Marquer un 1er but après 32 secondes, c’est unique ! »
Votre 1er match en Ligue 1 Uber Eats qui coïncide également avec votre 1er but ?
Un moment inoubliable ! On m’envoie à l’échauffement et au bout d’un quart d’heure, je crois à la 64e minute, Michel Der Zakarian m’appelle. J’étais très stressé à l’idée de rentrer 0-0 à La Beaujoire contre Lens. Moi qui arrivais d’un club amateur…Et sur mon premier ballon, je combine, je remets sur le côté à Audel qui me redonne et je marque. Je ne vous raconte pas l’émotion ! Marquer au bout de 32 secondes pour mon premier match en Ligue 1 Uber Eats et donner la victoire à mon club, c’est unique. Ça reste graver au plus profond de moi. Quand j’ai marqué ce but, je ne savais plus ni où aller, ni quoi faire… Revoir la vidéo de ce but me touche encore aujourd’hui. Tout le monde était heureux pour moi, les joueurs, le staff et aussi le président Kita. Et cela a duré jusque deux-trois jours après la rencontre. Il y a aussi eu les médias et les interviews avec mon histoire. Cela a fait du buzz. Est-ce que c’est grâce à ce but que j’ai pu ensuite enchaîner les matchs avec Nantes ?
Et des premières consignes du coach avant d’entrer sur la pelouse pour ce match ?
Je m’en rappelle un petit peu…Il m’a dit : « Tu fais ce que tu sais faire. Tu vas dans la boite, t’es un attaquant. T’es là pour marquer ». Et c’est ce que j’ai fait : contrôle, passe et je suis aller dans la boîte et je finis l’action. J’ai senti que j’ai gagné des points auprès de lui en faisant ça.
Et la 1ère causerie la plus mémorable ?
Il y en a eu beaucoup…Quand on ressortait de celles de Michel Der Zakarian à Nantes, on avait envie d’aller à la guerre. Elles étaient vraiment puissantes. Après, il y a eu celles de Sergio Conceição, ça envoyait aussi et ça ne rigolait pas. Une heure avant les matchs, on était bien remontés.
« Je ne comptais plus faire ma célébration avec Ajaccio, mais… »
Et votre fameuse célébration (une roue suivie d'un salto arrière), vous souvenez-vous la 1ère fois où l’idée vous est venue de la faire ?
Je la faisais à la plage. C’est mon frère qui m’entraînait. Il y tenait, mais je ne sais pas vraiment pourquoi. Certainement parce qu’il aimait la gym. Du coup, j’ai appris à bien la maîtriser. Et il m’a demandé de la faire le jour où je marquerai en Ligue 1. Le problème est que lorsque j’ai inscrit mon premier but en pro, je ne savais plus où j’étais…Alors je n’ai pas eu le temps de la faire à ce moment. C’est arrivé seulement les buts suivants. C’est ma signature. Pour la faire, il faut être lucide et bien contrôler son geste. On ne peut pas se risquer à la faire sans réfléchir. A Nantes, le staff était parfois contre. Je disais que j’allais arrêter…Comme ici à Ajaccio, je ne comptais plus la faire, mais lorsque j’ai mis mon premier but contre le Paris FC, ce n’est pas moi, c’est mon corps qui a décidé ! Je me suis laissé emporté par ma joie et par l’habitude. Quand je ne sentirai plus trop de la faire, je me contenterai de serrer le poing. Ça ira aussi (rires)…
Qu’avez-vous pensé de votre 1er but avec l’AC Ajaccio cette saison ?
Je l’attendais. J’en avais vraiment besoin, alors je suis allé le chercher tout seul. Je voulais apporter mon plus à l’équipe, la faire gagner (victoire 2-1). Je me suis dit que c’était le moment d’en faire un peu plus, car nous restions sur des résultats négatifs. Je revenais de loin. Après une grosse préparation d’avant-saison, il fallait que je retrouve le rythme et la condition. Ça commence à revenir. Un premier but avec une nouvelle équipe c’est toujours une émotion particulière. Il faut toujours pousser pour aller le chercher, car il peut être le déclencheur pour la suite de la saison.
A quelle occasion avez-vous porté votre 1er brassard de capitaine ?
Avec le FC Nantes, je l’ai eu en réserve mais pas en pro. Et c’est à Caen, que j’ai eu la confiance de Pascal Dupraz et du vestiaire. Avec mon expérience, je pouvais apporter au groupe. C’est pour cela que le coach m’a donné ce brassard. Malheureusement, cela n’a pas duré longtemps (un match), car il y a eu ma blessure au tendon jusqu’à la fin de la saison (février 2021). Je pense que je peux avoir cette responsabilité, car j’arrive à trouver les bons mots auprès de mes coéquipiers. J’essaye aussi de me comporter en leader.
Ensuite, le 28 mars 2015 a été le jour de votre 1ère avec la sélection du Maroc. Pouvez-vous nous raconter ce moment ?
J’avais appris ma sélection par téléphone deux jours avant l’annonce. Le coach m’avait appelé pour me dire qu’il y avait de fortes probabilités pour que je sois appelé. Il m’a demandé si j’étais d’accord. Mais c’était évident pour moi, il n’y avait pas la moindre hésitation. Le Maroc, c’est mes racines, mes parents y sont nés. Voir mon nom dans la sélection marocaine, ça faisait quelque chose. De même que d’arriver dans l’équipe et de voir les Chamakh, les Belhanda…
Enfin, lundi vous disputez votre 1er derby corse…
D’après ce que l’on m’a dit, c’est un match que l’AC Ajaccio n’a pas remporté depuis quelques temps (0-1 en avril 2008, Ligue 2 BKT). Donc, nous avons envie de changer ça, en rendant fier toute une ville. Je n’ai en effet jamais disputé ce derby, mais je sais que c’est un match très particulier ici. L’objectif est d’être heureux lundi soir.