Buteurs

Clermont et merveilles !

Clermont et merveilles !

Buteurs
Publié le 26/05 à 14:51

Partager

Meilleur buteur de la saison, Mohamed Bayo a plus que confirmé l'aptitude du Clermont Foot à révéler des buteurs en Ligue 2 BKT, après Adrian Grbic l'an passé. Retour sur cette réussite.

Trois fois buteur lors du succès ramené du Hainaut lors de la 9e journée de Ligue 2 BKT, puis à nouveau mi-janvier face à son ancien club Dunkerque (5-0), Mohamed Bayo (23 ans) s'est rapidement imposé comme le successeur désigné d'Adrien Grbic au poste d'avant-centre du Clermont Foot, au cours de l'historique saison 20/21 pour les Auvergnats, devenus le 79e club à atteindre la Ligue 1 Uber Eats. Et Mohamed Bayo, sacré meilleur buteur de Ligue 2 BKT (22), a ainsi pris place dans la riche histoire des attaquants du club. Lui l'enfant du pays.

Comme ses prédécesseurs, Mohamed Bayo affiche le talent pour évoluer parmi l’élite. Mais à la différence d’eux, l’attaquant peut avoir l’occasion de la découvrir en conservant la tunique clermontoise. Tout un symbole pour ce pur produit du club. Avant de s’imposer dans le onze du CF63 puis en Ligue 2 BKT, l’enfant du quartier de la Gauthière a fait ses preuves en National, lors d’un prêt à Dunkerque. Après une intégration réussie en cours de saison en 2019, le Clermontois connaît une réussite qui agit comme un déclic en marquant à 12 reprises en 24 rencontres. Ce qui a contribué à la montée de l’USLD en 2020. Une saison convaincante à plusieurs centaines de kilomètres de la maison lui permet à lui aussi de ne pas s’éterniser en National et de renouer avec la Ligue 2 BKT dès juillet 2020.

Son coach Pascal Gastien a justement besoin de renflouer son attaque à la suite du départ de Grbic à Lorient en Ligue 1 Uber Eats. S’il est remplaçant à l’entame de la saison écoulée, Bayo ne reste pas longtemps sur le banc, profitant de la blessure de la recrue Jordan Tell. Une fois sur le terrain, l’attaquant ne l’a plus quitté (38 matchs disputés en championnat). « Au début je me suis dit - Il est chaud le gars, ça va être compliqué de faire comme lui. Mais après je ne me suis pas focalisé sur ça, je me suis dit qu'il faut que je joue comme je sais le faire. J'ai mis tous les moyens de mon côté pour que ça se passe bien et finalement ça marche bien donc je suis content », a-t-il confié sur RMC Sport.

L'an passé, le quasi inconnu Adrian Grbic avait en effet fait sensation. Et les présentations avaient été rapides lors de la 1ère journée de la saison à Gabriel-Montpied. Une semaine avant de fêter ses 23 ans, l’Autrichien avait frappé deux fois pour signer sa première apparition officielle par un doublé. La suite a été tout aussi convaincante pour l’ancien du SCR Altach (1ère division autrichienne) qui est devenu la révélation de la saison 19/20 en finissant à la 2e place du classement des buteurs avec 17 unités. Dans le 4-2-3-1 maison, le n°9 ne s'était pas contenté de conclure les actions, il a aussi été actif dans la création et présent dans le jeu aérien. Car au CF63 la possession et la qualité du jeu produit font partie de l’ADN. Et le coach Pascal Gastien cherchait un point de fixation capable à la fois de dévier et de scorer. Grbic a coché toutes ces casses.

 

Depuis plusieurs saisons, Gabriel-Montpied en a pris l’habitude. Il ne semble pas exister de temps d’adaptation pour les nouveaux attaquants débarqués au Clermont Foot. Mieux, ils y déploient leurs ailes avec assurance pour devenir de redoutables prédateurs.

C’est surtout chez les jeunes que l’espoir autrichien avait attiré l’attention, en empilant les buts en U16 et U19 avec le Rapid Vienne (24 buts en 29 matchs) et Stuttgart (31 buts en 48 matchs).

Dès le mois d’août 2019, l’entraîneur Pascal Gastien – en poste depuis le 1er septembre 2017 - affichait dans La Montagne sa confiance en cette trouvaille. « C’est un joueur dont on savait qu’il avait de la qualité, on est allés le voir plusieurs fois. Il a quand même fait le championnat d’Europe Espoirs donc on savait que c’était un joueur d’avenir. Ça va être un très bon joueur comme Florian Ayé. Il a même un temps d’avance ».

Une assurance affichée par le meilleur entraîneur des saisons 2018/19 et 2020/21 que l’avenir a donc pleinement confirmé. Il faut dire qu’avant Grbic d’autres attaquants ont marqué leur passage au sein du club auvergnat. Tous étaient arrivés avec l’ambition d’avoir l’opportunité de prendre du temps de jeu et ainsi prouver leur valeur.

Le dernier en date a donc été Florian Ayé, brillant 4e meilleur buteur du championnat en 2018/19 avec 18 buts. Une vraie surprise pour cet attaquant venu de l’AJ Auxerre, où il n’avait que peu marqué ; 3 fois en 48 apparitions. Rêvé par certains supporters icaunais comme un futur Djibril Cissé, Ayé avait connu une jeunesse réussie marquée par un titre européen avec les Bleuets U19, en 2016. A Clermont, à la différence de l’AJA, Pascal Gastien le stabilise à son meilleur poste, celui d’attaquant axial. Inspiré pour ce football porté vers l’avant, Ayé affiche d’entrée un rendement appréciable (4 buts après 6 journées), confirmant le savoir-faire local pour mettre le talent de ses attaquants en lumière.

Ajorque, une montagne au pays des volcans

La saison précédente, c’était Ludovic Ajorque qui avait imposé ses 197 centimètres pour boucler sa 2e et dernière saison auvergnate avec 14 réalisations et une 6e position au classement des buteurs, avant de prendre la direction de la Ligue 1 et du RC Strasbourg Alsace. Aux pieds des volcans, il n’était pas arrivé dans la peau d’un titulaire et a commencé par se jouer de la concurrence de Férébory Doré.

Tout comme Grbic et Ayé après lui, Ajorque figurait en bonne position sur la liste des révélations du championnat. Et ce alors qu’il n’était pas un complet inconnu pour certains clubs pros, comme Auxerre, Lens, Nantes, où il avait auparavant passé des tests à son arrivée en métropole à partir de 2011, et plus encore Angers SCO, où il a franchi les échelons des U19 jusqu’aux pros. Là-bas, l’attaquant touche du doigt le haut niveau avec deux présences sur la feuille de match en Ligue 2 et un match disputé en Coupe de la Ligue BKT en 2014/15.

Ensuite, après deux saisons en National, Clermont lui a donc fait confiance pour qu’il puisse s’épanouir et « devenir plus tueur devant le but ». Nul doute que ce séjour auvergnat a été bénéfique à Ajorque pour s’aguerrir, mais là encore il a dû faire ses preuves en passant un essai. A son arrivée, Corinne Diacre analysait : « Il sait exploiter son gabarit atypique, mais la vivacité et la vitesse ne pas encore ses qualités premières ». Le grand gaucher se rappelait pour So Foot avoir eu « la pression », car un échec aurait été synonyme d’un retour au sein de la réserve angevine. Succéder au meilleur buteur de la saison passée (Diedhiou) ne l’a pas effrayé malgré sa faible expérience : « Je viens pour continuer ma progression. Et je viens d’un échelon inférieur. Mon objectif se situe à 10 buts. J'ai encore du boulot à effectuer. Ça ne fait pas très longtemps que je joue au haut niveau », annonçait-il tranquillement, comme le signe qu’aucune pression particulière ne lui avait été mise en Auvergne.

Lors de la première saison au club du Réunionnais (2016/17), où il ne compte pas ses efforts pour le collectif pour trouver cinq fois la faille tout en soignant une fracture à un pied, c’est Rémy Dugimont qui a assuré le scoring (13 buts) pour une nouvelle présence d’un Clermontois dans le top 10 des buteurs de Ligue 2 (8e). Ce dernier découvrait au passage les joies de franchir la barre des dix unités pour la première fois. Et ce notamment du fait du turnover important dans le secteur offensif du club et des départs de Diedhiou, Laborde, Hunou et Boulaya. A la différence des autres attaquants, le Francilien, passé par les équipes de jeunes au PSG, s’est davantage inscrit dans la durée en Auvergne, connaissant une évolution plus progressive. Passé pro à 26 ans, Dugimont n’a pas seulement évolué en pointe, poste où il a été formé : sa polyvalence l’a conduit à apporter ses qualités en 10 ou sur un côté.

La saison historique avec Diedhiou

La saison 2015/2016 a sans doute offert l’un des plus grands nombres d’éclosions au sein de l’équipe clermontoise. Et pas uniquement celle de Famara Diedhiou, dont le départ au SCO en fin de saison a favorisé l’intérêt porté à l’Angevin Ajorque. Sous les couleurs clermontoises, le Sénégalais a suivi une progression assez proche de celle de ce dernier, avec six premiers mois discrets qui intervenaient après un brillant passage en National, marqué par 34 buts en 84 rencontres avec Belfort, Epinal et le Gazélec. Et ce alors que sa découverte du monde professionnel au FC Sochaux-Montbéliard s’était surtout faite dans l’ombre de Karl Toko Ekambi avec un petit but en 13 matchs de Ligue 2…Mais lors de sa première véritable saison au CF63, l’international sénégalais a enfilé les buts comme jamais auparavant pour empocher le titre de meilleur buteur de Ligue 2 (21 buts). Une grande première pour le club clermontois ! Et assister à une telle réussite était loin d’être une évidence à son arrivée. « Il fallait le trouver, car il ne jouait pas à Sochaux. » rappelait Gastien sur So Foot.



Clermont « a sauvé » Laborde

Autre joueur ayant parfaitement profité de son expérience clermontoise pour lancer sa carrière a été Gaëtan Laborde. A 22 ans, l’attaquant n’a besoin que de six mois à partir de son arrivée au mercato d’hiver 2016 pour démontrer l’étendue de ses qualités (8 buts en 18 rencontres). L’international U20 a eu le temps pour exprimer ce qu’il n’avait pas pu avec Bordeaux. « Je ne pouvais pas me permettre de faire un an sans jouer ». En cela, le Clermont Foot et la coache Corinne Diacre ont été déterminants. Aujourd’hui un élément moteur du MHSC, Laborde n’a pas caché que sa carrière n’aurait pas été la même sans cet épisode. « Ce prêt m’a redonné de l’allant. J’ai pu jouer des matchs, on jouait la montée. J’ai vraiment kiffé les 6 mois. J’ai remercié la coach. Je le dis d’ailleurs, Corinne Diacre a sauvé ma carrière. », a expliqué le joueur à actufoot.com en janvier 2019.

Une saison 2015/16 particulièrement profitable aux jeunes éléments, puisque c’est également celle qui a mis en lumière Adrien Hunou (21 ans), d’ailleurs ancien partenaire de Laborde dans les sélections de jeunes. Le capitaine des U20 de l’équipe de France a passé une 2e saison en prêt au club, bouclée avec 7 réalisations et 6 passes décisives, dont la moitié en faveur de Diedhiou, et 33 matchs joués. « Tout est réuni ici pour réussir avec notamment un bon plan de jeu », confiait en avril 2016 l’ancien milieu récupérateur devenu attaquant. « La Ligue 2 est très formatrice. Je serai prêt pour la Ligue 1 la saison prochaine ».

 

 

Finalement 3e meilleure attaque du championnat lors de cet exercice, le CF63 de Corinne Diacre a aussi pu compter sur la confirmation de Farid Boulaya (7 buts), qui restait sur trois saisons intéressantes mais sans but au FC Istres. Tout comme Hunou et Laborde, l’Algérien a profité du traitement spécial réservé par les adversaires à la menace n°1 Diedhiou.

Auparavant, le Clermont Foot avait aussi permis à Idriss Saadi de signer sa demi-saison (14/15) la plus complète avec une place de co-meilleur buteur à la mi-saison (11 buts) avant de se blesser et de ne plus apparaître lors des 17 dernières journées. De même, Mana Dembélé y a connu sa saison la plus prolifique en signant 13 buts en 2012/13 (8e du classement des buteurs).

Presque curieusement, la saison de l’historique 5e place obtenue par le Clermont Foot (2011/12) ne renvoie à aucun avant-centre mais plutôt à la révélation Romain Alessandrini (11 buts), que Michel Der Zakarian avait été cherché à Gueugnon au printemps 2010.

Privat, cinq ans avant Diedhiou

Et ce alors que la saison précédente, Der Zakarian avait pu compter sur un Sloan Privat inspiré. Ce dernier avait profité pleinement de son passage en Auvergne, qui avait donc avant bien d’autres fait office de tremplin vers la Ligue 1. A 21 ans, et cinq ans avant Diedhiou, il était venu en prêt du FC Sochaux-Montbéliard pour atteindre avant le Sénégalais la barre symbolique des 20 buts, dont sept sur des offrandes d’Alessandrini, et terminer la saison sur le podium des buteurs (3e).

Dans un style assez proche de celui du Marseillais, en tous cas pas celui d’un typique buteur de surface, Yacine Brahimi a lui aussi connu un prêt profitable du côté du CF63 lors de la saison 2009/10, bouclée à une belle 6e place. Comme Hunou après lui, la pépite est arrivée du Stade Rennais F.C pour répéter ses gammes. A 19 ans, Brahimi était alors l’espoir du club breton, avec lequel il avait remporté la Gambardella en 2008 et le titre national des U18. Avec Der Zakarian, Brahimi est le meilleur buteur du club (8 buts) et prépare parfaitement la transition vers la Ligue 1. « Il était venu pour goûter au haut niveau et avait fait une bonne saison », se rappelait son coach en 2011 quand celui-ci s’imposait au SRFC.

Finalement, le premier buteur révélé à Montpied en Ligue 2 BKT a été Mustapha Yatabaré. Avant de remporter le titre de top buteur de ce championnat en 2013 avec l’EA Guingamp, l’international malien a découvert ce niveau sous les ordres de Didier Ollé-Nicolle cinq ans auparavant (2008/09). Lui qui débarquait du National (Villemomble), où les Auvergnats venaient justement d’y battre tous les records avec un titre et 82 points empochés et une série d’invincibilité de 27 matchs. Une époque où le Clermont Foot mettait déjà en lumière des talents inconnus, tels que Mehdi Benatia et Bruno Grougi, mais pas encore des buteurs.