Mathieu Gorgelin (Havre)
Interview

Mathieu Gorgelin : « Ma plus grande passion, c’est la pêche »

Mathieu Gorgelin : « Ma plus grande passion, c’est la pêche »

Interview
Publié le 05/06 à 09:57 - NM

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Pendant son temps libre, le gardien Mathieu Gorgelin met ses gants de côté et s’empare de sa canne à pêche. Mordu depuis son plus jeune âge, le portier du Havre évoque sa passion, de la recherche du poisson à sa plus belle prise en passant par ses parties de pêche avec Maxime Gonalons ou Lisandro López.

Mathieu Gorgelin, d'où vient votre passion pour la pêche ?
Je vais à la pêche depuis tout petit avec mon père. Il m’a transmis le virus. La première fois qu’il m’a emmené, je devais avoir 6-7 ans. Je m’y suis tout de suite intéressé. Chaque fois que je pouvais l’accompagner, j’essayais de le suivre. Cela dépendait de l’endroit où il allait pêcher, si c’était possible ou pas.

Pour le néophyte, pouvez-vous nous expliquer quel plaisir on peut tirer de la pêche ?
C’est surtout un plaisir personnel. Je ne suis pas forcément obnubilé par le fait de prendre du poisson. En tant qu’amoureux de sport et de nature, j’aime me retrouver au calme. En général, j’essaye de me trouver des coins, pas forcément les plus poissonneux, mais où je peux être le plus tranquille possible. À la pêche, il y a de nombreuses techniques, chaque pêcheur peut avoir sa favorite. Et, l’autre partie intéressante, c’est la track du poisson, à l’image du football ou du sport, où on est toujours en train de se remettre en question pour trouver de nouvelles approches. Après, le suspense, il peut durer longtemps, suivant le lieu, la période, et ce que l’on recherche. Parfois, ce sont des journées sans touche. Je pense que tous les pêcheurs l’ont connu.

Pourriez-vous nous raconter votre première prise ?
Celle dont je me souviens, qui était un peu impressionnante à mes yeux, c’était dans un lac dans l’Ain avec mon père. Il m’avait prêté une canne et m’avait montré comment faire. Et puis, je ne sais pas comment j’avais fait, mais j’avais attrapé une jolie perche.

« Au Havre ? J’apprends à connaître la pêche en mer »

Durant votre enfance vos passe-temps, c’était 50% de football, 50% de pêche ?
Je suis allé quelquefois à la pêche avec des copains mais la plupart du temps, c’était vraiment avec mon père. Ça m’arrivait aussi d’y aller tout seul avec mon vélo. Comme je suis entré au centre de formation de l’Olympique Lyonnais, assez tôt, mon quotidien c’était plutôt 95% de temps du foot, et quand je pouvais rentrer chez mes parents le week-end, un peu de pêche. Aujourd’hui, c’est toujours un peu la même balance. J’essaye d’y aller dès que j’ai un petit moment. La Côte d’Albâtre est à seulement cinq kilomètres de chez moi, c’est rapide d’aller faire un petit tour au bord de la mer et de poser une canne.

Donc, vous avez eu l’occasion de pêcher depuis votre arrivée au Havre ?
Bien sûr. J’apprends à connaître la pêche en mer, avant j’ai surtout connu la pêche en lac et en rivière. Sur les côtes, au bord des falaises, il y a beaucoup de bars, de maquereaux. Je pensais pouvoir aller pêcher les cabillauds, comme on est en pleine période, mais avec le confinement ce n’était pas possible. Il y a vraiment beaucoup d’espèces à pêcher sur le bord et dans les canaux au Havre. Je n’ai pas énormément pêché depuis que je suis arrivé mais dès que j’ai un peu de temps libre, j’y vais. En plus, mon fils aîné peut commencer à me suivre, on y va souvent ensemble.

Quelle est votre plus belle prise ?
C’est un brochet d’1m20, toujours dans l’Ain. Comme je suis originaire de ce département, quand je rentrais chez mes parents, on allait dans tous les coins de pêche de mon père. Ce sont des endroits que je connais très bien et auxquels j’ai un attachement particulier. Quand j’ai attrapé ce fameux brochet, je devais avoir 12 ans. C’était une prise assez exceptionnelle. On n’attrape pas tous les jours des brochets de cette taille, surtout que c’était dans le Rhône où c’est difficile.

« Le sandre me passionne, ça peut paraître fou »

Qu’est-ce qu’on ressent au moment où on arrive à sortir le poisson de l’eau ?
De la fierté, de la satisfaction de l’avoir ramené au bout. Mais ce n’est pas ce qui me captive le plus. J’ai une préférence pour la recherche et le moment de la touche. Bien sûr, il y a le combat et l’adrénaline de le gagner mais, avec le recul, je suis plus attiré par la découverte de nouveaux postes, de nouvelles rivières, et d’arriver à leurrer un poisson avec la technique bien précise que j’ai mise en place. On est toujours content d’en attraper mais savoir le rechercher et le trouver, c’est le plus important. Parfois, il m’est arrivé d’être plus heureux de voir le poisson se décrocher à mes pieds que de le sortir de l’eau. Le seul petit regret, c’est de ne pas pouvoir le prendre en photo. Même si on essaye de plus en plus de ne pas laisser le poisson hors de l’eau, de le respecter, en pratiquant le no kill (technique qui consiste à remettre le poisson à l’eau).

Justement, quel est le poisson que vous aimez particulièrement capturer ?
J’ai grandi en pêchant la truite puis le brochet et le sandre. J’ai une attache particulière pour ce dernier, qui est un poisson tellement compliqué à prendre, tellement beau. Ce n’est pas celui qui a la plus belle défense mais c’est peut-être le plus dur à attraper. Il me passionne, ça peut paraître fou (rires). En revanche, je ne suis pas un amateur de carpes. S’il y a quelque chose qui peut m’attirer chez ce poisson, c’est de l’attraper en pêchant à la mouche. Sinon, la mode des carpistes (surnom donné à ceux qui pêchent la carpe), avec le fait d’avoir beaucoup de matériel, de devoir amorcer des jours en amont et de rester longtemps sur un poste, ça ne me fascine pas forcément.

Quelle est la clé pour devenir un bon pêcheur ?
Le plus important, c’est de pratiquer. On ne peut pas attraper de poissons si on ne pêche pas (rires). Il faut observer et passer du temps au bord de l’eau. Dans certains reportages, on voit des personnes qui font poisson sur poisson, mais, en réalité, ils passent des heures à la pêche.

« Je déconnecte quasiment totalement du football »

Cette passion vous permet de déconnecter du foot ?
Dès que je quitte le vestiaire, je déconnecte quasiment totalement du football, que ce soit pour aller à la pêche ou rentrer à la maison. C’est mon métier, je suis passionné depuis petit par le foot, mais je pense que ma plus grande passion, c’est la pêche. Quand j’y vais, je suis à la recherche du calme, du bien-être, et d’être tout simplement au plus près de la nature.

Le fait de pratiquer ce sport, qui nécessite de la patience, vous apporte quelque chose en tant que gardien ?
Je pense que ça m’aide à rester calme puisqu’on n’est pas toujours sollicité. Il existe des ressemblances : à la pêche, on n’a pas des touches toutes les cinq minutes et, au foot, on n’a pas le ballon toutes les cinq minutes non plus. Je ne m’étais jamais amusé à faire un parallèle (rires).

Depuis vos débuts, vous avez réussi à convertir certains de vos coéquipiers à cette passion ?
Durant mon prêt au Red Star (2011/12), je me suis fait deux super copains, Jérémie Clément e
t Samuel Allegro avec lesquels je ne parlais que de pêche. On avait l’habitude d’aller dans l’Oise pour pêcher le sandre et on avait fait quelques belles parties. A l’OL, il y avait Maxime Gonalons qui pêchait beaucoup quand il était petit. J’ai réussi à l’emmener plusieurs fois avec moi. Lisandro López pêchait également en Argentine donc, quand il pouvait venir avec moi autour de Lyon, il était partant. Je me souviens qu’on avait passé, tous les trois, une journée de pêche fructueuse en bateau.

« J’ai vu assez de matchs sur le banc à Lyon »

Est-ce qu’il y a un poisson que vous rêvez d’attraper ?
Plusieurs (rires). Déjà des grosses truites de lac ou de mer, comme en Normandie on a pas mal de remonter de truites de mer. Sinon, je suis déjà parti en Islande et
j’aimerais y retourner pour attraper une grosse truite dans les lacs, ça m’attire beaucoup, bien plus que de pêcher le saumon. Autrement, aller pêcher le dorado en Argentine ou les truites de Nouvelle-Zélande. Je rêve plus de destinations que d’un poisson en particulier. J’ai déjà fait un voyage pêche avec mon père aux États-Unis, que truite et pêche à la mouche. L’Irlande aussi, l'été dernier, avec mes collègues footeux de l’époque du Red Star, où on a pêché du lieu jaune. On avait un projet pour cet été mais il tombe à l’eau.

Vous auriez pu faire un métier autour de la pêche ?
Peut-être que je peux encore ! Une carrière de footballeur ne se termine pas tard. Peut-être qu’un jour, si j’ai l’opportunité, ne serait-ce qu’aider les rivières à mieux respirer, être dans la lutte pour préserver le milieu aquatique, qui en France n’est pas bien protégé, ce serait une bonne chose. Honnêtement, ce serait génial de pouvoir faire quelque chose autour de la pêche.

Une chose est sûre après votre carrière vous continuerez à pêcher…
Ah oui ! Dans n’importe quelle région ou n’importe quel pays. Je pense que la tendance foot-pêche s’inversera très fortement. Je ne suis pas quelqu’un qui aime se poser devant des matchs. Ce qui m’attire, c’est m’entraîner, progresser
, être sur le terrain, jouer et gagner. J’ai vu assez de matchs sur le banc à Lyon, je ne vais pas m’amuser à rester devant la télévision.