Interview

Zemzemi : « J’ai découvert mes capacités avec Marco Simone »

Zemzemi : « J’ai découvert mes capacités avec Marco Simone »

Interview
Publié le 09/02 à 09:48 - LFP

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A 22 ans, l’ancien du RC Strasbourg Moataz Zemzemi se révèle pleinement du côté des Chamois Niortais avec notamment des qualités athlétiques impressionnantes en Ligue 2 BKT.

Vous êtes le seul joueur à avoir parcouru 14 km lors d’un match de Ligue 2 BKT cette saison. Vous l'avez même fait à deux reprises (contre le Paris FC en septembre et Rodez en octobre). Le saviez-vous ?
Quand on m’a dit que j’avais parcouru 14 km en un match, j’étais choqué ! Sur le terrain, on ne s’en rend pas compte, car on est dans l’action. J’étais surpris, mais ce n’est pas du tout une chose à laquelle je pense.

Êtes-vous tout de même conscient de vos capacités athlétiques ?
Cela fait partie de mes qualités mais, moi, je suis un footballeur, pas un marathonien ! (Rires). Depuis que je joue au foot, j’ai toujours été en mouvement sur le terrain, pour demander le ballon ou participer à l’animation, pas pour réaliser des performances athlétiques. Je cours pour donner des solutions, aider l’équipe, trouver des combinaisons. Mais ce volume de courses, je l’ai toujours eu. Ce n’est pas nouveau pour moi.

Est-ce quelque chose que vous avez particulièrement travaillé depuis vos débuts de footballeur ?
Non, je n’ai jamais spécialement travaillé ma qualité de course, en faisant de l’athlétisme par exemple. Je ne suis pas un runner, je ne cours que sur le terrain ou pour les footings, pas en dehors. En revanche, à l’entraînement, je ne triche pas. Même si c’est différent, je cours avec la même intensité qu’en match. Même après les vacances ou après la coupure du covid en 2020, ce n’est pas un problème pour moi au niveau physique. En revenant, j’ai presque à chaque fois le même niveau de performances donc je dirais que c’est naturel.

Une qualité naturelle qui se révèle être un atout dans le football actuel.
Pour jouer au foot, il faut avoir le ballon et il faut parfois aller le chercher dans les pieds des adversaires, donc la capacité à répéter les efforts est une force. C’est vrai que l’on me félicite pour cela. Le staff me dit que c’est bien. Mais pour moi, c’est naturel. Je ne me dis pas que j’ai quelque chose de spécial ou d’intéressant.

Justement, Sébastien Desabre utilise-t-il votre capacité à répéter les efforts ?
Le coach relève en effet cela. Il essaye de l’utiliser le mieux possible pour le collectif. Il me demande de faire des appels offensifs et de me replier défensivement parce qu’il sait que je suis capable de faire les deux.

Du coup, vous devez bien figurer dans les tests physiques. Avez-vous les meilleurs résultats ?
Quand je suis arrivé à Niort, j’avais déjà fait les tests physiques du début de saison avec Strasbourg. J’en ai quand même fait un ici et j’ai terminé à la première place. A Strasbourg, je n’étais pas le meilleur mais parmi les meilleurs. Adrien Thomasson est vraiment fort dans ces tests.

Avez-vous calculé votre VMA (Vitesse Maximale Aérobie) pour que les spécialistes puissent se rendre compte ?
Oui, je l’ai fait avec Strasbourg. C’était aux alentours de 21 km/h si je me souviens bien. Elle devait être parmi les plus élevées du groupe.

En Tunisie, c'était déjà une de vos forces sur le terrain ?
En Tunisie, il y a moins de courses. Je dirais que c’est moins athlétique, mais ça joue plus. Mais j’étais déjà parmi ceux qui signaient les meilleurs tests physiques. C’est avec Marco Simone que j’ai découvert mon côté athlétique au Club Africain (en 2017), car il avait mis en place dans ce domaine un vrai travail de type Ligue 1. Il y avait dans le staff un préparateur physique français, Patrick Lagane, un vrai pro, en plus d’un adjoint italien (Andrea Legori). Je me souviens que la première fois, la préparation était trop dure…C’était nouveau pour nous. Toute l’équipe était fatiguée. Il arrivait que l’on dise que c’était trop de travail mais on voyait le résultat en fin de saison : nous étions les meilleurs physiquement. Si le coach est parti après quelques matchs, on s’est rendu compte que cette préparation nous a aidés à finir la saison en étant costauds. C’est à ce moment-là que j’ai découvert mes qualités athlétiques, juste avant de rejoindre la France.

« Je me suis dit : "C’est mon année" »

A voir votre activité pendant les matchs, vous semblez ne jamais ressentir la fatigue…
Ce n’est qu’une impression ! (Rires). Je ressens de la fatigue, je ne suis pas un robot. Il m’arrive de ne pas réussir à marcher le lendemain de certains matchs, tellement je suis fatigué. Je suis à l’écoute de mes sensations. Il m’arrive d’aménager le programme certaines semaines. Quand je suis fatigué ou que j’ai une gêne, je le dis au staff. Du coup, je vais plutôt faire du vélo ou des footings pendant un jour ou deux pour la récupération. Cela aide à retrouver de la fraicheur physique.

Et côté tactique, dans quel registre évoluez-vous avec les Chamois cette saison ?
Mon positionnement dépend des choix tactiques du coach. Il arrive que l’on doive jouer haut, d’autres fois avec un bloc médian, ce qui implique d’autres tâches à accomplir pour moi. Mais depuis que je suis à Niort, j’ai surtout évolué en n°10. Au début, j’ai évolué côté gauche, parce qu’il devait manquer de solutions à ce poste. Mais depuis que je suis tout petit, j’ai toujours joué 8 ou 10. Les deux me vont très bien. Je m’adapte, même que je dois être dans le couloir.

Le fait que les Chamois soient réputés pour relancer et révéler des joueurs, comme cela a été le cas pour Olivier Kémen, Bilal Boutobba, Ibrahim Sissoko ou plus anciennement Kévin Malcuit a-t-il influencé votre choix d’y découvrir la Ligue 2 BKT ?
Cela a fait partie de ma réflexion. Ce que je voulais absolument, c’est avoir du temps de jeu. Car je me suis dit : « C’est mon année ». Quand j’ai vu que je n’aurais pas ce que je voulais à Strasbourg, j’ai cherché autre chose. Cette année, il faut que je joue quoiqu’il arrive. Ça se passe bien avec Niort. Je suis en train de faire mes preuves, montrer que je suis capable de faire partie de ce groupe. Je n’ai pas eu beaucoup de temps pour prendre mes marques en arrivant au mois d’août et, malgré tout, le club m’a tout de suite fait confiance. Ça me permet de jouer mon jeu et d’être à l’aise sur le terrain.

En effet, vous semblez avoir rapidement trouvé votre place au sein de la formation de Sébastien Desabre.
Je me trouve bien dans cet effectif. Je prends du plaisir à jouer. C’est un groupe jeune, on a tous faim, on veut tous se montrer dans ce collectif. Et techniquement, tout le monde sait jouer au foot, donc on combine bien.

En arrivant une fois la saison commencée, comment s’est passée votre intégration au sein des Chamois ?
Quand Niort m’a contacté, je ne connaissais personne ici. Il y avait juste le coach qui avait entraîné en Tunisie, d’où je viens. Il a eu dans son équipe des joueurs que je connais bien, mais je ne l’avais encore jamais croisé. Même si à l’époque j’étais en Tunisie, j’étais trop jeune pour cela (14 ans) ! Je le connaissais simplement de nom, car il entraînait l’équipe d’un grand club (Espérance Tunis en 2013/14).

Et comment cela se passe-t-il avec le coach depuis votre arrivée ?
Il essaye de m’aider à progresser dans tous les domaines, notamment d’être décisif par la passe ou en marquant. Il me demande d’être décisif, sans donner toutefois d’objectifs chiffrés. C’est agréable d’avoir un coach qui a confiance en moi, et sait que je suis capable d’accomplir des choses importantes pour l’équipe. Il est exigeant avec moi pour faire encore mieux à chaque match.

Et vous enchaînez avec une deuxième bonne saison après celle en National avec Avranches. Ce prêt semble vous avoir été bénéfique.
Je me suis dit que ça ferait une bonne expérience pour retrouver les terrains, parce qu’à Strasbourg ça faisait un moment que je ne jouais pas. Je voulais redevenir footballeur, retrouver les sensations de gagner un match, d’être joyeux. Ça s’est bien passé, l’objectif de maintien a été atteint. Là-bas, j’ai retrouvé Azzedine Ounahi qui est mon ami et venait aussi de Strasbourg. On se connaît très bien, c’était facile du coup de jouer ensemble. Ça m’a fait plaisir de pouvoir évoluer à ses côtés. Quand on sort d’une bonne saison, on vise ensuite plus haut. C’est ce que je veux faire à Niort : montrer que j’y mérite ma place.

Avant cela en Tunisie, outre Marco Simone vous avez été coaché par un certain Rudi Krol, un grand de l’Ajax et des Pays-Bas de Cruyff. Cela a-t-il été une expérience marquante pour vous qui débutiez ?
J’ai appris beaucoup de choses avec eux. J’avais 16 ans avec Rudi Krol et deux ans de plus avec Marco Simone. Et j’étais dans une équipe qui comptait des internationaux qui étaient passés par la Ligue 1 comme Saber Khlifa. Rudi Krol m’a fait confiance, alors que j’étais un U17. Au début, il ne m’a en plus pas fait jouer à mon poste. Les deux latéraux gauches étaient blessés et moi je venais de monter dans le groupe pro. Il est venu me dire qu’il avait besoin de moi, que j’étais capable de remplir ce rôle. Et cela a fonctionné : personne ne me connaissait et tout le monde pensait que j’étais un latéral de formation !