Jean-Philippe Krasso (AC Ajaccio).
Interview

Jean-Philippe Krasso : « Je suis persuadé qu’on va terminer 2e »

Jean-Philippe Krasso : « Je suis persuadé qu’on va terminer 2e »

Interview
Publié le 05/05 à 19:34 - NM

Partager

Arrivé en prêt en provenance de l’AS Saint-Etienne en janvier dernier, Jean-Philippe Krasso a retrouvé du temps de jeu et de l’efficacité sous les couleurs de l’AC Ajaccio. A deux journées de la fin de saison de Ligue 2 BKT, l’attaquant évoque la montée et son épanouissement sous les ordres d’Olivier Pantaloni.

L’AC Ajaccio (2e) est, dans le plus compliqué des cas, à deux victoires d’un retour en Ligue 1 Uber Eats. Comment abordez-vous ces deux derniers matchs ?
Très sereinement. On travaille toutes les semaines pour enchaîner les bons résultats et atteindre cet objectif. On est concentrés sur ces deux derniers matchs face à Grenoble puis Toulouse. Ce sont des adversaires qu’on étudie à l’aide de la vidéo. On travaille bien particulièrement par rapport à ces deux dernières équipes qu’on va rencontrer. Après, on ne se met pas trop de pression, on sait ce qu’on a à faire.

On sent le groupe déterminé à ne pas lâcher cette place de dauphin…
Je suis persuadé qu’on va terminer 2e. De toute façon, il faut y croire, si ce n’est pas le cas, ça risque d’être compliqué. Si nous, on n'y croit pas, personne n'y croira à notre place ! Je le répète : on va rester 2e. Je ne suis pas dans la tête de mes coéquipiers, mais je pense qu’on en est tous persuadés.

L’ACA dégage une force collective impressionnante depuis le début de la saison. Avez-vous ressenti cela dès votre arrivée en janvier ?
Le lendemain de ma signature, j’avais assisté à la rencontre face à Auxerre (0-0). Tout de suite, j’ai vu que toute l’équipe travaillait ensemble. Il y avait un vrai bloc, les attaquants défendaient et les défenseurs accompagnaient toujours les attaques. J’ai senti une équipe très solidaire, et ça s’est confirmé par la suite. Personne ne pense à ses propres intérêts, tout le monde travaille pour le projet collectif. Il n’y a pas un joueur qui est dépourvu de tâches. Tout le monde s’entend bien, donc ça joue aussi. Tu as envie de faire les efforts les uns pour les autres.

« A chaque séance, Olivier Pantaloni me donne des conseils »

Depuis votre arrivée en Corse, on vous sent épanoui et vous vous montrez décisif (4 buts et 2 passes décisives en 13 matchs). Comment l’expliquez-vous ?
Premièrement, les joueurs m’ont directement mis à l’aise quand je suis arrivé. Ensuite, après une semaine, Olivier Pantaloni m’a titularisé, même si je ne connaissais pas encore tout le monde, donc ça m’a aidé à rapidement m’adapter et à créer des connexions. Après, sur le terrain, le coach me laisse un peu libre. Comme on joue à deux devant, il faut créer des espaces, donc j’ai la liberté de pouvoir décrocher ou de partir en profondeur. Cela conduit à ce que je me sente libre dans ma tête, et ça se ressent sur le terrain. Le fait que l’équipe soit solide derrière me permet aussi de pouvoir plus m’exprimer. Quand tu sais que tu ne vas certainement pas prendre de but, tu peux te permettre de tenter plus de choses.

Vous formez un duo très complémentaire avec Gaëtan Courtet depuis plusieurs journées…
J’aime bien tourner autour d’un deuxième attaquant. J’ai été formé dans un système à deux devant à Lorient. Avec Gaëtan, on a un peu un profil similaire, on préfère recevoir les ballons dans les pieds, mais on essaie de s’adapter l’un à l’autre et de varier pour que nos mouvements ne soient pas lisibles pour les adversaires. Quand il reçoit le ballon dans les pieds, je vais tenter de créer de la profondeur. Il est aussi très bon en déviation. Quand il va au duel dans les airs, je sais à coup sûr qu’il va toucher le ballon, donc j’anticipe directement. Ça m’a permis d’obtenir plusieurs situations en face-à-face.

Olivier Pantaloni est très souvent élogieux à votre égard. Que vous apporte-t-il au quotidien ?
A chaque séance, le coach me donne des conseils par-ci, par-là, aussi bien offensivement que défensivement. J’essaie de tout faire pour les appliquer. Récemment, il a appuyé sur mes changements de rythme. Quand je parviens à me retourner après une prise de balle, il faut que j’arrive à réaccélérer pour pouvoir me donner plus de temps pour exécuter une meilleure passe ou une meilleure frappe. Après, il est beaucoup dans l’échange avec tout le groupe. C’est appréciable. Par exemple, quand on travaille défensivement par rapport à tel ou tel adversaire, on va mettre en place des situations et on va pouvoir en discuter. Je pense notamment au pressing. Bien qu’il veuille exercer un certain type de pressing, il ne va pas nous dire : « Je veux ça, et rien d’autre. Point à la ligne. » Il va plutôt nous expliquer ce qu’il attend et, nous, les joueurs, on va donner notre avis, si ça nous semble faisable ou pas. Il nous concerte beaucoup et, du coup, ça nous permet de parler le même langage sur le terrain.

« J’avais juste à m’imprégner de la mentalité du groupe »

Le travail défensif paraît très important aux yeux d’Olivier Pantaloni…
Il est très, très important, même pour les attaquants. Il veut toujours que ses attaquants mettent le pressing en place. Il ne nous demande pas forcément de récupérer la balle, mais au moins de presser les défenseurs pour qu’ils aient moins de temps et qu’ils se retrouvent poussés à l’erreur. Lors des causeries, il nous demande d’être toujours agressifs et tueurs devant le but dès qu’on a une occasion.

On sent que vous vous affirmez au fil des matchs. On vous voit prendre le ballon et provoquer les défenses adverses. Est-ce simplement le fait d’être en confiance qui amène cette détermination chez vous ?
Ça joue, forcément. Quand on est en confiance, on tente logiquement plus de choses. Je ne réussis pas tout mais je sens que mes partenaires me font aussi confiance. C’est-à-dire que si je rate quelque chose, évidemment ils sont exigeants et ils ne vont pas laisser couler, mais ils ne vont pas non plus m’en vouloir. Je sais que le ballon suivant, ils ne vont pas hésiter à me le donner pour que je retente quelque chose. Le fait d’avoir été rapidement décisif a certainement joué dans ce crédit que m’accordent mes coéquipiers.

Vous avez toujours eu cette faculté d’adaptation ?
Dans la vie en général, je suis une personne très sociable, je rigole assez facilement et je m’entends bien avec tout le monde. Ça ne m’a pas dérangé de devoir changer de ville, je préférerais avoir une situation stable dans un club, mais c’est le foot… Mon caractère m’a aidé à vite m’adapter sur et en dehors du terrain. En arrivant en cours de saison, c’est plus facile de se fondre dans un collectif qui joue ensemble depuis six mois. Quand tu arrives en début de saison, tout le monde doit faire connaissance et l’alchimie met plus de temps à prendre sur le terrain. Là, j’avais juste à m’imprégner de la mentalité du groupe et à apporter ma pierre à l'édifice.

« La Ligue 1 ? Je ne pense pas que la marche était trop haute »

Vous découvrez finalement la Ligue 2 BKT à 24 ans. Pouvez-vous nous raconter votre parcours singulier ?
Après avoir beaucoup déménagé durant mon enfance (Stuttgart, Strasbourg, Montreuil, Chartres), j’ai intégré en U15 l’Institut de Football Régional à Châteauroux. J’y suis resté un an puis j’ai rejoint le centre de formation du FC Lorient, où j’ai signé un contrat aspirant de trois ans. Ça s’est bien passé, j’étais plutôt bon, donc ils m’ont fait signer un contrat stagiaire pro. Mais les deux saisons suivantes se sont moins bien passées, je n’ai pas signé pro et je n’ai pas été conservé. A partir de là, j’ai rejoint Schiltigheim en National 2. J’ai passé un an là-bas mais c’était un peu compliqué, j’étais irrégulier. Je sortais d’un club pro, j’étais proche de signer et je me retrouvais en National 2, mentalement, forcément, ça m’avait mis un coup et ça s’est reflété sur ma saison. Malgré tout, j’ai eu l’opportunité de rejoindre Épinal, où je suis resté deux saisons avant de rejoindre l’ASSE grâce à notre parcours en Coupe de France (Épinal avait joué face à l’ASSE en quarts de finale et Krasso avait marqué).

Lors de l’été 2020, vous êtes passé du National 2 à la Ligue 1 Uber Eats. Franchir une telle marche a semblé difficile…
Oui et non. J’avais déjà connu un club pro à Lorient et j’avais déjà fait des entraînements avec les pros, ce n’était pas une découverte totale. Mais c’est vrai que lorsque je suis arrivé le niveau était élevé quand même. J’ai mis un peu de temps à m’adapter. Après, en match, comme c’était compliqué pour l’équipe en général, ce n’était pas le meilleur moment pour que je m’adapte à la Ligue 1. Je pense que j’ai fait des bonnes choses et des moins bonnes. C'est difficile à expliquer. Est-ce qu’en étant dans un club de Ligue 1 qui enchaîne les bons résultats j’aurais été bon ? Je n’en sais rien. Là, c’était un peu compliqué pour tout le monde, moi également. Mais je ne pense pas que la marche était trop haute. A l’entraînement, je me sentais bien, j’arrivais à faire des différences.

Avec le recul, une casse intermédiaire aurait-elle été nécessaire avant d'être lancé en Ligue 1 Uber Eats ?
Peut-être que ça aurait été bien. Ça ne s’est pas fait dès le début car le coach Claude Puel voulait me faire jouer. Mais c’est vrai que pour obtenir plus de temps de jeu et poursuivre ma progression étape par étape, ça aurait été bien de passer en Ligue 2 avant, sachant que c’est simplement un niveau en-dessous de la Ligue 1. Après, comme je l’ai dit, le coach comptait sur moi tout de suite. Mais je pense vraiment que ce prêt à l’ACA peut être un déclic. Tout se passe bien, ça va forcément me servir. Je me sens prêt à jouer en Ligue 1 la saison prochaine. On verra ce qui se passera cet été, il me reste un an de contrat avec l’ASSE. Aujourd’hui, j’ai 24 ans et je veux jouer, car c’est quand je joue que je suis heureux et que je suis épanoui.