Interview

Raí : « La comparaison entre le PFC et le PSG me rappelle moi et Socrates »

Raí : « La comparaison entre le PFC et le PSG me rappelle moi et Socrates »

Interview
Publié le 02/05 à 16:28

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Ancienne gloire du PSG, Raí est désormais auprès du Paris FC dans lequel il a investi pour y apporter son expérience mais aussi ses compétences. Entretien avec le plus Parisien des Brésiliens.

Joueur star de la Ligue 1 Uber Eats des années 90, qu’avez-vous fait depuis votre départ de France et du PSG en 1998 ?
En mai 1998, je suis rentré au Brésil pour disputer la finale du championnat de São Paulo et la remporter. Il y avait un petit vide réglementaire pour me permettre de jouer… Ensuite, j’ai encore fait deux saisons avec le São Paulo FC jusqu’à l’été 2000. Mais à 35 ans, je voulais prendre du recul avec le football, me reposer un peu. En parallèle, j’avais déjà initié mon association « Gol de Letra ». Ce qui restait en lien avec le foot, mais avec un objectif social important pour démocratiser l’activité sportive au Brésil, tout en y associant l’éducation et la culture. Et cela est devenu un projet de vie pour moi.

Mais le football est rapidement revenu dans votre vie.
Oui, j’ai eu le projet de revenir dans le foot. Pour me préparer, j’ai notamment passé en 2015 un Master à l’UEFA (MIP), destiné à la reconversion professionnelle d’anciens joueurs (Abidal, Karembeu, Br. Cheyrou ou encore Patrick Müller ont fait partie de sa promotion). Car si j’avais déjà de l’expérience, j’avais aussi besoin d’une base théorique pour être prêt. De 2018 à février 2021, j’ai été directeur sportif du São Paulo FC, après avoir fait partie du conseil d’administration du club.

« Retrouver Paris avec un projet ambitieux était excitant »

Après cette aventure avec le club pauliste, pourquoi avoir choisi la France et le Paris FC ?
J’avais depuis quelque temps cette envie de revenir en France. En marge de mon master à Sciences Po (depuis janvier 2022), j’avais entamé des discussions avec M. Ferracci (président du Paris FC) pour mieux connaître son projet. J’ai rapidement vu qu’il s’agissait de quelque chose d’ambitieux avec une base solide. J’étais heureux de trouver un projet dans lequel m’investir en France. Et qui plus est à Paris !

Retrouver Paris doit forcément être particulier pour vous.
Paris est une partie de ma vie. J’ai une fille qui y vit depuis 15 ans. Donc c’était un projet de vie. Je recherchais aussi un nouveau challenge. Donc lier cette ville à un projet ambitieux était excitant et motivant. J’avais déjà été contacté par le passé pour participer à un autre projet d’un deuxième club à Paris. Mais ce n’était pas le bon moment pour moi.

Comment s’est concrétisé votre investissement dans le club en juin 2022 ?
A l’ouverture du capital, nous avons créé la société Sport Bridges Venture (4e investisseur étranger du PFC après le Bahreïn, BRI Sports Holding et Noah Football Group). Car je pensais que ça serait plus profitable que j’arrive avec des investisseurs désireux de soutenir ce projet. Ce que j’ai donc fait en collaboration avec Pascal Rigo (actuel administrateur du club). Ce sont toutes des personnes qui partagent ma vision.

Qu’est-ce que vous a convaincu dans le projet proposé par le club ?
J’ai vu que le club avait investi dans sa formation, ce qui, selon moi, est la base d’un projet. Il y avait d’autres signes positifs, comme l’investissement dans la section féminine, permettant d’offrir les mêmes conditions de travail aux femmes qu’aux hommes. Cela montre les valeurs défendues par le club. Soit autant de signaux que les choses se font progressivement et aussi sérieusement. Cela m’a alors convaincu de m’engager auprès du Paris FC.

« J’ai un rôle de conseil et d’influenceur »

Quels liens entretenez-vous avec le président Pierre Ferracci ?
Je peux dire que je suis un conseiller privilégié du président Ferracci. J’échange toutes les semaines avec lui. Nous nous sommes tout de suite bien entendus sur le plan humain. Nous avons pris le temps de faire connaissance pour identifier nos besoins et voir nos valeurs communes. A l’époque, j’étais engagé dans les élections politiques au Brésil (soutien à Lula, candidat de gauche élu président). Un investissement qu’il avait apprécié.

Après un peu moins d’un an, comment se passe cette première expérience aux côtés du Paris FC ?
Nous sommes au tout début de notre collaboration. En plus de l’entrée au capital du club, je me suis engagé pour apporter une participation active d’au moins trois ans. J’ai d’abord joué mon rôle d’ambassadeur pour apporter des investisseurs, des sponsors et également faciliter les liens avec l’international, notamment le Brésil. Je suis très satisfait de ce début de collaboration. Même si cette saison les résultats sportifs ne sont pas au niveau espéré, il existe au PFC une base solide pour bien travailler. Je suis ici pour apporter un plus dans un rôle de conseil et d’influenceur. Et je participe aux différents comités de stratégie ou encore commerciaux pour établir le planning de développement du club. Disons que pour le moment nous sommes encore dans la période de gestation.

Vous n’intervenez donc pas directement sur la partie sportive.
Pour la partie sportive, j’ai bien vu à travers mon expérience au São Paulo FC qu’il fallait y être à 100%. Ce n’est pas quelque chose que tu peux faire à moitié, en partageant ton temps avec d’autres activités. Je n’étais pas intéressé pour repartir dedans. Et si tu veux toucher à tout, en réalité, tu ne fais rien. Ce que je peux faire pour le sportif, c’est faire des ponts avec des agents au Brésil pour éventuellement faire venir des joueurs. Je peux être un facilitateur, mais la décision reviendra au secteur sportif, ceux qui sont là tous les jours avec l’équipe.

Le Brésil pourrait donc être une nouvelle cible pour le recrutement du Paris FC ?
Une des premières choses que M. Ferracci m’a raconté à mon arrivée, c’est qu’Arsène Wenger lui avait dit que les deux plus grands viviers du monde de jeunes joueurs sont Paris et São Paulo. Et c’est vrai que je l’ai souvent croisé pour recruter. Par exemple, Edu, ancien milieu et désormais directeur sportif d’Arsenal, vient de São Paulo. Cette volonté de se tourner vers le Brésil était donc déjà présente avant moi au club. Forcément, je n’ai pu que la conforter.

« Montrer qu’il y a un autre club qui porte le nom de Paris »

Quels sont les prochains objectifs du Paris FC ?
L’objectif initial était de monter d’ici deux-trois ans. C’est un des principaux objectifs dans l’immédiat. Je sens que le Paris FC n’est pas loin de monter en Ligue 1 Uber Eats. Ensuite, si le centre d’entraînement est un point très positif, le stade est aujourd’hui un handicap pour le développement du club. Deux des sujets sur lesquels nous travaillons sont le stade et la communication autour pour y faire venir davantage de public. Même si cela dépend en partie des résultats, je suis persuadé qu’il y a une forte demande qui existe à Paris. Il y a de plus en plus d’amateurs de foot. Nous mettons en avant cette identité parisienne. Il y a un grand potentiel ici.

Quelle approche avez-vous par rapport au grand voisin que vous connaissez bien, le Paris Saint-Germain ?
Avoir un deuxième club à Paris est quelque chose de positif. Même pour le PSG, qui peut être encore plus motivé. Faire grandir le Paris FC peut aussi permettre à la ville de respirer encore plus le foot, d’y apporter encore plus de spectacle. Il y a de la place pour deux clubs. Le PSG a construit quelque chose de grand. C’est devenu une marque très internationale. Nous, nous sommes le petit qui arrive. Mais nous n’arrivons pas avec rien : nous sommes prêts avec une bonne base, un centre d’entraînement de qualité, des jeunes qui vont arriver... Si nous parvenons à gagner encore en visibilité, nous pourrons surfer sur la vague PSG. Montrer qu’il y a un autre club qui porte le nom de Paris.

Le fait d’être le plus souvent comparé avec le PSG n’était pas un inconvénient pour le PFC ?
Je suis bien placé pour parler de comparaison, car je suis le petit frère de Socrates ! Lorsque j’ai démarré ma carrière, il avait déjà disputé deux Coupes du Monde avec le Brésil. Il était une star mondiale, et moi j’étais dans son ombre. J’ai même pensé à un moment arrêter ma carrière car cette comparaison était trop lourde à porter. Mais j’ai persévéré, j’ai travaillé mon talent et pris confiance en moi. J’ai pris cette référence à mon frère, qui a d’abord été une difficulté, comme une motivation. C’est un peu la même chose entre le PFC et le PSG.