Interview

Elisha Owusu : « Ma blessure en 2016 a tout changé »

Elisha Owusu : « Ma blessure en 2016 a tout changé »

Interview
Publié le 09/08 à 17:47 -

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Eloigné des terrains dès son arrivée l’hiver dernier après une deuxième blessure aux tendons d’Achille, Elisha Owusu (25 ans) démarre la saison avec l’AJ Auxerre dans la peau d’une nouvelle recrue qui s’affirme déjà comme un taulier après la J1. Entretien.

Elisha, le 1er match de la saison à Valenciennes a été une réussite pour l’AJ Auxerre (victoire 4-1). Et pour vous, cela a certainement été encore plus particulier après vos six mois d’absence sur blessure (tendon d’Achille). Cela ne devait pas être évident ?
Oui, ça a été une superbe semaine. Après avoir été écarté un long moment, revenir sur une victoire avec la manière, c’était le top ! En plus, je n’avais aucune appréhension sur le plan physique. J’avais réussi une bonne préparation en faisant le plein de confiance. Donc ce match à Valenciennes, c’était la cerise sur le gâteau. Et cela m’a permis de laisser dernière mois cette blessure. Et il y avait même de l’excitation ! J’avais à cœur d’aborder la rencontre comme un joueur qui vient de signer son premier contrat pro et qui découvre le groupe pro.

Avec notamment une passe décisive et 92% de passes réussies, vous attendiez-vous à une telle rencontre individuelle ?
Sans vouloir être arrogant, je n’ai pas été étonné par ma performance. J’ai pris beaucoup de plaisir ! Cela fait du bien dans la tête. Mais on bosse dur pour briller et avoir ce rendement. Maintenant, ce n’est qu’un match, il faut continuer. Comme je suis quelqu’un de très croyant, je remercie Dieu, mais cela est aussi devenu possible grâce au soutien de mes partenaires, du coach et du staff : ils me mettent dans les meilleures conditions possibles.

En effet, vous apparaissez très bien intégré dans cette équipe auxerroise.
Je m’y sens super bien. Le groupe est jeune, ce qui facilite l’intégration. Pour avoir connu d’autres clubs, j’ai bien ressenti l’esprit famille qui y règne. Je ne suis pas arrivé en terre inconnue. Le fait de connaître certains joueurs, comme Gaëtan Perrin avec qui j’étais chez les jeunes à l’OL, Nuno (Da Costa) contre qui j’ai joué en Belgique, Hamza (Sacki) qui était en prêt avec moi à Sochaux (2018/19), ou encore Gideon Mensah que je connais de la sélection (Ghana), m’a aidé à être bien dans le groupe.

« Ousmane Camara va nous manquer »

Qu’avez-vous pensé de la prestation d’Ousmane Camara pour sa 1ère en Ligue 2 BKT avec un doublé et une passe décisive ?
C’est un super mec. Il bosse beaucoup et il reste toujours à l’écoute. On est tous triste pour lui (pour sa blessure intervenue à l’entraînement cette semaine). Mais ça fait partie des expériences d’une carrière de joueur. Contre VA, il nous a fait beaucoup de bien ! Il va nous manquer, mais il reviendra plus fort.

Pour en revenir à cette blessure. Qu’est-ce que cette expérience a changé chez vous ?
C’était ma deuxième blessure aux tendons d’Achille. En avril 2016, c’était à droite et en janvier dernier, à gauche… Donc aujourd’hui, je suis reconnaissant d’être en bonne santé et de pouvoir rejouer au football, de gagner des matchs et prendre du plaisir sur le terrain. Je suis également heureux d’avoir un club qui me suit et me donne un contrat. J’ai juste envie de profiter et de lui rendre ce qu’il m’offre.

Et avez-vous changé votre façon d’aborder votre métier de footballeur ?
Ma blessure en 2016 a tout changé dans mon approche. Auparavant, je prenais vraiment le foot comme un plaisir. A ce moment, j’ai pris conscience de ma chance, mais également que désormais il me faudrait travailler en amont. J’ai commencé à voir un nutritionniste, à prendre des compléments alimentaires. Et plus largement, j’ai effectué tout un travail de prévention, notamment de la musculation. J’ai mis en place pas mal de choses pour rester en forme et pouvoir réduire le risque de blessure. Ces expériences m’ont appris à faire attention à mon corps, à prendre en compte la récupération. Je ne suis plus le même Elisha, que ce soit dans la discipline, la préparation ou la récupération.

« Sur le terrain, j'essaye d'être un leader »

Quels autres changements avez-vous apporté par rapport à vos premières années de joueur ?
Lors de mes années au centre de formation à l’OL, j’arrivais à l’heure du début de l’entrainement. Si par exemple ça commençait à 10h00, j’arrivais à 9h55…Maintenant, je viens 30 minutes, voire même 1h avant le début de l’entraînement. Je passe par la salle pour m’échauffer, je fais mes étirements, mes exercices de renforcement…toutes ces choses que je ne faisais pas quand j’étais plus jeune. Idem après les séances pour la récupération, comme prendre des bains froids. Tout cela change par rapport à mes débuts, quand je rentrais directement à la maison après les entraînements…

Fait rare, vous portiez le brassard contre le VAFC, alors que vous n’aviez pas joué depuis six mois dans votre nouveau club…
En réalité, je ne suis pas le 1er capitaine, c’est Jubal normalement, mais il était suspendu pour ce match. Donc je fais partie des trois capitaines de l’équipe.

Mais vous avez souvent eu l’habitude d’être capitaine au cours de votre carrière : chez les jeunes à l’OL, une fois à Sochaux sous Omar Daf…
Cela se fait naturellement, je n’en fais pas une fixation. Sur le terrain, j'essaye d'être un leader. Je donne de la voix, j’essaye d’aider mes partenaires. C’est ma façon d’être. J’aime apporter de la bonne humeur dans le groupe et rester positif. Je cherche toujours à montrer l’exemple. Ces caractéristiques me viennent de mon éducation et de ma foi, qui m’aident à être discipliné. J’essaye d’être une personne droite et vraie.

Ne pensez-vous pas que votre expérience y est aussi pour quelque chose ?
C’est vrai que j’ai joué à l’étranger (Jupiler pro League), que je suis en sélection du Ghana (3 sélections) et que j’ai aussi disputé la Coupe d’Europe (33 matchs au total). Cela peut aider l’équipe dans l’approche des rencontres. Mais tout cela doit surtout se traduire sur le terrain.

« J’ai le n°42 pour Yaya Touré ! »

Et vous êtes également passé par le centre de formation de l’Olympique Lyonnais, où vous êtes arrivé à 12 ans.
Cela m’a apporté de la discipline et la valeur du travail. Footballistiquement, j’ai progressé techniquement. Côtoyer cette exigence au quotidien, cela m’a poussé à monter de niveau. C’est grâce à ces années que j’en suis là aujourd’hui. D’ailleurs, je continue à échanger régulièrement avec Houssem Aouar, Maxence Caqueret, Gédéon Kalulu ou encore Jordy Gaspar.

Mais finalement, c’est ailleurs que vous avez découvert le monde pro à travers la Ligue 2 BKT en 2018/19.
Oui, j’ai pris l’initiative d’aller m’aguerrir avec un prêt à Sochaux, car quand tu es jeune, il faut jouer (33 matchs de Ligue 2 BKT). Comme il y avait des grands joueurs devant moi à l’OL, je devais trouver du temps de jeu ailleurs. Cela a été une très bonne saison pour moi : j’ai montré ce que j’avais dans le ventre. A mon retour, l’OL ne pouvait pas me garantir que j’allais davantage jouer, donc j’ai préféré partir en Belgique (La Gantoise), où j’avais l’opportunité de découvrir la Coupe d’Europe.

Dernière question, pouvez-vous nous dire pourquoi vous portez le n°42 ?
Tout le monde m’en parle de ce numéro ! J’ai pris le 42 pour Yaya Touré ! Il a toujours été mon idole. Je regardais ses matchs à City, Barcelone et Monaco. Je lisais toutes ses interviews. C’est une personnalité que je kiffe ! J’aime tout dans son jeu : la façon dont il percuté, son calme sur le terrain…