Virgiliu Postolachi (Grenoble Foot 38).
Interview

Virgiliu Postolachi : « J’ai réussi à reprendre le fil de ma carrière »

Virgiliu Postolachi : « J’ai réussi à reprendre le fil de ma carrière »

Interview
Publié le 25/10 à 17:22 - NM

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Arrivé au Grenoble Foot 38 en juillet dernier, l'international moldave Virgiliu Postolachi retrace son début de carrière, de sa formation au Paris Saint-Germain à la Roumanie en passant par ses expériences en Belgique et au Danemark, à seulement 23 ans. Entretien avec l’ancien protégé d’Edinson Cavani.

Vous avez marqué votre premier but avec le Grenoble Foot 38 face aux Girondins de Bordeaux lors de la 9e journée. Vous sentez-vous plus libéré depuis ?
Ça fait toujours du bien d’ouvrir son compteur. J’attendais ce moment depuis plusieurs matchs. Quand tu arrives dans un nouveau club, ton premier but, c’est une sorte de délivrance. En plus, marquer face aux Girondins de Bordeaux, une grosse équipe du championnat, ça apporte un petit plus. Ce n’était pas le plus difficile à mettre mais il ne fallait pas se manquer. Parfois, plus c’est simple, plus on se loupe… Le plus important, c’est que la machine est lancée : c’est parti pour marquer le plus de buts possible.

Après trois saisons à l’étranger, en Belgique, au Danemark puis en Roumanie, pourquoi avez-vous choisi de revenir en France ?
J’ai des choses à prouver au grand public et aux équipes françaises. J’ai été formé ici, ma famille vit ici, c’était logique pour moi. Quand mon agent m’a parlé de Grenoble, j’ai commencé à me renseigner, j’ai vu que c’était un club chaleureux, familial et où les jeunes ont la capacité de s’exprimer. Tout ça se confirme aujourd’hui. On le voit depuis le début de saison, on a une équipe assez jeune et un bon staff. On a réussi à créer une « famille » et on espère aller le plus loin possible.

Au vu du début de saison du Grenoble Foot 38 (4e et invaincu), vous devez être satisfait de votre choix…
Complétement ! Quand tu signes dans un club, tu ne te dis pas que tu vas être invaincu sur les 11 premières journées. Mais avant le début de saison, au vu des entraînements et des matchs de préparation, je savais qu’on avait du potentiel. Il y avait quelque chose et dès qu’on a joué les deux-trois premières journées, j’ai compris qu’on avait un groupe soudé, fort et qu’on pourrait aller loin tous ensemble. Si on reste humble, qu’on travaille et qu’on donne tout sur le terrain, je ne vois pas pourquoi cela s’arrêterait.

« Grenoble doit être pris au sérieux »

Justement, à quoi doit-on s’attendre avec le GF38 cette saison ?
A ce qu’on reste dans la continuité des matchs que vous avez pu voir. On est une équipe hargneuse, difficile à jouer, qui ne lâche pas et qui encaisse peu de buts (7, 3e meilleure défense). Chez nous, tout le monde défend, que tu sois attaquant ou milieu, tu dois défendre. On attaque et on défend ensemble. En plus, sur les derniers matchs, on a réussi à retrouver le chemin des filets, donc on est sur la bonne voie. Cette année, pour moi, Grenoble doit être pris au sérieux. On espère au moins participer aux Play-offs.

Pour parler maintenant de votre style, comment vous définiriez-vous ?
Je suis un attaquant qui s’adapte au style de jeu de l’équipe. Ici, je dois être un avant-centre qui pèse beaucoup sur les défenses : c’est-à-dire qui fait des courses dans le dos des défenseurs, qui vient en point d’appui, qui va au duel et qui défend. Après, personnellement, j’essaie aussi d’élargir ma palette, d’aller parfois en profondeur ou de plus décrocher mais ça dépend des défenseurs auxquels je dois faire face. Ce qu’il faut retenir : c’est que je suis un attaquant chiant à jouer.

Un pivot ?
On va dire ça ! Je suis plus un pivot mais je dois aussi être présent dans la surface sur les centres. Mes qualités, c’est mon physique, ma manière de peser sur les défenses, ma présence sur les ballons dans la surface et la finition.

« Quand tu côtoies des grands joueurs, tu apprends beaucoup plus vite »

Vous avez été formé au Paris Saint-Germain (2013 à 2019). Que retenez-vous de cette période ?
Que du positif ! J’ai appris beaucoup de choses aussi bien au niveau tactique que personnel. Ça fait grandir et mûrir de passer dans un club où tu as beaucoup de concurrence. Ça te forge mentalement. Quand tu côtoies des grands joueurs, comme Kylian Mbappé, Neymar ou Marco Verratti, tu apprends beaucoup plus vite et tu as envie de devenir meilleur à chaque entraînement. L’année où j’ai signé professionnel (2018), j’ai eu l’occasion de faire beaucoup de séances avec eux. J’ai aussi fait un stage de préparation à Singapour.

Quand on passe pro dans un club comme le Paris Saint-Germain, comment arrive-t-on à gérer les sollicitations ?
Ma famille m’a bien entouré. Tout ce qui arrivait de l’extérieur, je parvenais à le filtrer et je faisais attention. J’avais déjà la tête sur les épaules et j’étais assez mature. Donc, j’ai réussi à ne pas être attiré par le mauvais côté de ce qu’il m’arrivait. Quand tu es jeune, tu peux vite flamber ou prendre la grosse tête mais avec l’aide de ma famille, j’ai su quoi faire de mon argent et de ma vie privée pour rester le plus discret possible et le plus focalisé sur ma carrière. Je ne me suis pas enflammé car pour jouer au PSG, il faut être un crack ou vraiment travailler et savoir attendre son moment. Tu sais très bien que c’est très difficile et qu’il y a beaucoup de stars dans l’équipe que tu ne vas pas pouvoir déloger.

Qu’est-ce qui vous a le plus marqué durant votre passage au PSG ?
C’est la préparation que j’ai pu faire à Singapour (2018). C’était assez long et on a joué des grosses équipes : Arsenal, le Bayern, l’Atlético Madrid… Face à l’Atlético, c’est un match où j’ai marqué le but de la victoire 3-2 et j’ai été élu MVP. Et c’est ce qui avait conduit à ce que mon nom résonne en France. Les gens ont dit : « C’est qui ce petit ? » et j’ai commencé à me faire connaître.


« Edinson Cavani me donnait beaucoup de conseils »

Vous aviez pu bénéficier de conseils de certaines stars ?
J’en ai eu beaucoup ! Quand tu es jeune, tout le monde te parle, te dit quoi faire, surtout à l’entraînement. Quand tu travailles et que tu as quelqu’un à côté qui te pousse et qui te dit comment faire les choses, tu ne peux que progresser. Puis, au fond, tu te dis que tu es avec des grands joueurs et que même si tu es plus fatigué qu’eux à la fin, tu te dois de te mettre au niveau. Tu n’as pas envie de gâcher un entraînement ou de mal faire les choses.

Qui vous en donnait le plus ?
Edinson Cavani ! Je ne pouvais pas avoir un meilleur conseiller à mon poste. Il m’en donnait beaucoup sur les déplacements et la finition. Toute proportion gardée, j’ai toujours eu un style similaire au sien, donc c’était une source d’inspiration. C’est un attaquant qui ne compte pas ses efforts, chiant à jouer et qui marque, surtout. Il m’a beaucoup inspiré !

Vous avez ensuite fait le choix de partir au LOSC (2019). Qu’est-ce qui vous avait poussé à prendre cette décision ?
Je recherchais du temps de jeu et comme j’étais jeune, je me suis dit : « Pourquoi pas aller dans un autre club en France ? » Je considérais que Lille pouvait être une bonne option et j’ai signé. Tout s’est bien passé au départ, puis le Covid est arrivé et tout s’est compliqué. Le LOSC a acheté un club en Belgique (Royal Excel Mouscron) et y a envoyé tous ses meilleurs jeunes, dont moi, pour continuer de se développer. Une fois là-bas, ça s’est bien passé lors des premières journées, puis petit à petit des problèmes se sont accumulés. En janvier 2021, j’ai été prêté au Danemark (à Vendsyssel FF) pour six mois, puis quand je suis revenu, le club était descendu en deuxième division belge avant de faire faillite à l’issue de la saison 2021/22…

« J’étais entré dans un engrenage négatif »

La Belgique et le Danemark ont été deux expériences sans grand succès…
J’étais dans une mauvaise passe de ma carrière (0 but en 14 avec le Royal Excel Mouscron et 0 but en 14 matchs avec Vendsyssel FF). J’étais entré dans un engrenage négatif. C’était très dur mentalement. Je ne marquais pas et j’étais tout le temps frustré. Puis mon passage au Danemark ne m’a pas aidé du tout. C’était un football très direct, dans le combat et je n’ai pas réussi à m’illustrer. J’ai passé deux années très difficiles mais je n’ai pas lâché !

A ce moment-là, vous vous êtes posé des questions sur votre avenir ?
Un petit peu. Après ces deux saisons, je me suis retrouvé sans club, je me suis posé et j’ai réfléchi. Je me suis dit : « Qu’est-ce que je fais maintenant ? Est-ce que je n’ai pas de mental et j’abandonne ou est-ce que j’ai un mental et je me relève ? » J’ai opté pour la deuxième option et je me suis entouré. J’ai pris un préparateur physique pour progresser et me surpasser dans l’optique de rebondir quelque part. Je savais que j’allais retrouver un club.

Vous vous tournez alors vers la Roumanie, plus précisément l'UTA Arad. Qu’est-ce qui a fait que vous avez enfin réussi à vous exprimer là-bas ?
J’ai beaucoup travaillé. J’ai tout fait pour être meilleur que mes concurrents et me faire une place dans le onze. Je n’ai rien lâché et ça a fini par payer. Cette année en Roumanie a été décisive. J’ai fait une grosse saison, j’ai emmagasiné du temps de jeu et j’ai retrouvé le chemin des filets (45 matchs et 14 buts toutes compétitions confondues). J’ai pu découvrir combien de matchs je pouvais faire sur une saison, si j’étais capable de tenir physiquement l’enchaînement des matchs… J’ai tout simplement pu prendre confiance en moi et me dire que je suis capable de faire une grosse saison et de marquer des buts. Cela a été un grand soulagement. C’était une question de mental. J’ai réussi à reprendre le fil de ma carrière.

« Je ne regretterai jamais mon début de carrière »

Finalement, que vous ont apporté toutes ces expériences à l’étranger ?
Une plus grande maturité ! A mon âge (23 ans), je ne pense pas qu’il y ait beaucoup de jeunes qui ont connu autant de clubs et de pays. J’ai d’abord connu le haut, avec le PSG où tu voles un peu, puis les bas-fonds du football… Ça m’a permis de savoir ce que je voulais vraiment dans la vie. Il faut savoir être fort mentalement, regarder d’où tu viens, par où tu es passé et mesurer la chance que tu as d’être là où tu es.

Comment résumeriez-vous ce début de carrière ?
J’ai beaucoup appris. Il n’a pas été simple sans être atroce non plus car j’ai vécu des belles choses. Quand tu débutes au Paris Saint-Germain, c’est sûr que tu rêves toujours grand… Mais je ne regretterai jamais mon début de carrière. C’est ce qui me permet d’être le joueur que je suis aujourd’hui : un nouveau Virgiliu Postolachi. Il a fallu que je passe par ces étapes pour que je comprenne, j’apprenne et grandisse. Maintenant, j’espère toujours aller le plus haut possible et atteindre mes objectifs de carrière.