Interview

Andréas Hountondji : « Avant Rodez, je voulais jouer près de chez moi »

Andréas Hountondji : « Avant Rodez, je voulais jouer près de chez moi »

Interview
Publié le 18/03 à 09:48 -

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Dans son 3e prêt en deux saisons, Andréas Hountondji (21 ans) a trouvé à Rodez les conditions pour montrer le meilleur de lui avec déjà 12 buts inscrits et une 2e place aux buteurs en Ligue 2 BKT. Entretien avec l’une des révélations offensives de la saison.

Andréas, vous attendiez-vous à ce que ça se passe aussi bien avec le Rodez AF ?
Je suis venu à Rodez pour obtenir du temps de jeu. Dans ce cas, l’objectif était de faire le mieux possible, notamment statistiquement. Même si ma priorité était de progresser dans le jeu. Cela est en train de se mettre en place et les stats le démontrent. Mais évidemment, si on m’avait dit que j’en serais à 9 buts à ce stade de la saison, j’aurais signé tout de suite. J’avance marche après marche. Quand j’ai mis le premier, j’ai voulu inscrire le deuxième… Et ainsi de suite. Même si ce n’est pas l’objectif principal, marquer des buts reste toujours dans un coin de la tête.

Comment expliquez-vous cette progression ?
Je pense que c’est en partie le fruit de l’expérience. Les actions que j’ai ratées par le passé m’ont appris à conserver mon calme dans certaines situations de jeu. Et il y a aussi l’instinct du but. C’est un point que l’on peut toujours améliorer. Ensuite, je garde toujours en tête de jouer avec plaisir.

Pouvez-vous nous décrire votre style de jeu ?
J’ai vraiment un style de jeu qui est de prendre des risques, d’aller vers l’avant et de tenter. Alors, il y a aussi du déchet. Je m’amuse et j’essaye d’être spontané. Et en jouant avec cet état d’esprit, cela enlève une grande partie de la pression et permet de prendre du plaisir. Avec Rodez, je pense avoir franchi un cap dans mon placement. Le coach a pris du temps pour m’expliquer comment un attaquant devait faire. Je veux aller de l’avant, continuer à progresser, travailler tout ce qui pourra me permettre d’atteindre le plus haut niveau.

« Un coach qui te dit que tu en es capable, c’est motivant ! »

Le club de Rodez AF semble bien vous correspondre et vous y semblez épanoui.
Quand le coach te répète d’aller de l’avant, de jouer des un contre un, et ce même si tu perds des ballons, cela retire de la pression. C’est le rêve ! Et ça fait avancer. Un coach qui te dit que tu en es capable, même dans l’échec, c’est motivant !

Comment cela se passe-t-il plus précisément avec l’entraîneur Didier Santini ?
Dès le début de saison, il a été très positif. Ce qui fait que je me suis senti rapidement à l’aise dans le jeu. Je pense qu’il est satisfait de ce que j’apporte à l’équipe. Le coach veut une équipe de profondeur avec un jeu de transition, qui se projette rapidement vers l’avant, et toujours en mettant de la folie. Dans cela, j’essaye d’apporter ma vitesse et de la percussion et, forcément, de me trouver dans la zone de vérité. A son contact, tous les joueurs ont progressé individuellement depuis le début de la saison.

Votre premier but de la saison (en J6 face au Angers SCO) est arrivé en sortant du banc, après avoir été titulaire lors des cinq premières journées. Y a-t-il un rapport de cause à effet ?
Si tous les joueurs préfèrent être titulaires, parfois, entrer en cours de jeu n’est pas forcément mauvais. Cela permet d’avoir face à soi des défenseurs un peu fatigués, d’avoir davantage d’espaces… Donc je ne prends pas mal le fait d’avoir débuté plusieurs fois sur le banc cette saison (4 fois). Lorsque je suis entré, je suis parvenu à prendre du plaisir et à faire de mon mieux. D’ailleurs, ça s’est souvent bien passé, comme contre Angers justement, ou à Bordeaux. Au final, cela avait été de bons choix du coach.

« Je ne suis pas le joueur "target" de Rodez »

Lundi, le RAF se rend cette fois au stade Raymond-Kopa affronter Angers. Dans quel état d’esprit êtes-vous ?
Cette saison, notre équipe est très offensive et marque beaucoup de buts (2e co-meilleure attaque, 36 buts). On peut s’attendre à tout car nous avons eu beaucoup de matchs avec des scénarios un peu fous. Des matchs où on a été menés pour revenir, et inversement. La jeunesse de l’équipe, notamment offensivement, fait que nous sommes assez fougueux. Mais nous savons qu’Angers est une équipe très performante, surtout à domicile. Donc c’est un challenge à relever.

Avez-vous le sentiment d’être à présent davantage recherché par vos coéquipiers ?
A Rodez, je ne suis pas le joueur « target ». Ça veut dire que je ne suis pas le joueur ciblé à la fin des actions. Car je ne suis pas le seul à faire la différence. Dans cette équipe, je trouve que tout le monde peut marquer (4 joueurs à au moins quatre buts). Je vois beaucoup de talent offensif. Cela nous aide beaucoup de ne pas avoir seulement un ou deux joueurs qui font la différence.

Comment expliquez-vous que vous parvenez cette saison à mieux vous exprimer que lors de votre prêt à QRM l’an passé ?
Je reconnais que j’ai manqué un peu d’humilité la saison passée. Mon état d’esprit n’était pas le meilleur pour réussir là-bas. C’est ce que j’ai identifié et c’est aussi ce qui m’a permis de bien rebondir à Orléans lors de la deuxième partie de saison. Cela me permet aussi de ne pas reproduire les mêmes erreurs avec Rodez. Je ne regrette pas cette période car j’y ai tout de même passé de bons moments ; elle devait certainement être nécessaire pour mon apprentissage. Je me dis que cela contribue à ce que cela se passe mieux à présent.

« Rodez a été un grand saut pour moi ! »

Comment s’est passée la prise de décision de repartir en prêt l’été dernier ?
Le coach qui était en poste à l’époque à Caen (Jean-Marc Furlan) ne comptait pas spécialement sur moi. J’ai alors étudié les options qui s'offraient à moi, parmi lesquelles Rodez. En discutant avec Didier Santini, j’ai tout de suite vu qu’il collait à 100% avec mon idée du foot. Un football fait de vitesse et surtout de prises de risques. Le choix m’est apparu évident, même si je me retrouvais loin de chez moi. Je ne pouvais pas laisser passer cette opportunité. Et aujourd’hui, je vois que j’ai très bien fait de prendre cette décision !

Après vos dernières expériences, aviez-vous reconsidéré vos priorités et vos critères de sélection pour ce prêt ?
Au fur et à mesure des expériences, je me suis rendu compte que mes critères de choix n’étaient pas forcément les meilleurs. Que ce n’était pas ce dont j’avais le plus besoin. Par exemple, à l’époque de mes prêts précédents, à QRM et Orléans, je souhaitais être proche de chez moi. Je pensais qu’être près de là où j’ai grandi serait mieux (Andréas est né en Seine-et-Marne), en me permettant de voir davantage ma famille. C’est pour ça que partir à Rodez a été un grand saut pour moi ! L’année dernière, le club était déjà intéressé par mon profil, mais j’avais préféré opter pour un club plus proche de chez moi. C’était plus simple sur tous les plans. D’autant plus que les deux projets de QRM et Orléans étaient très intéressants. Mais cet été, j’ai donc revu mes critères en insistant surtout sur le jeu. C’est le seul critère qui m’a fait me décider.

Avec un peu de recul, cet éloignement a-t-il été difficile à gérer ?
On dit souvent que les clubs sont accueillants et familiaux. Moi, j’ai eu la chance en arrivant à Rodez que cela se soit avéré totalement vrai. J’ai rarement vu un club aussi humain et convivial. Quitter sa famille est quelque chose de compliqué, mais lorsque l’on arrive à Rodez, où l’on retrouve de la simplicité et de l’échange, ça favorise l’intégration.

Comment avez-vous fait pour vous renseigner et trouver le club dans lequel vous pourrez le mieux vous réaliser ?
J’aurais bien aimé avoir la réponse lors de mes premiers prêts ! Car c’était un peu au petit bonheur la chance. Même si au final, cela s’est plutôt bien passé. Maintenant, je dirais qu’il faut avoir un ou deux amis qui connaissent le club. Andy Pembélé, que j’ai connu en formation à Caen, a pu me renseigner sur Rodez, puisqu’il y a joué la saison passée. Il m’a dit que le RAF est très accueillant, que c’est un club à taille humaine, avec des valeurs d’humilité. Ensuite, je suis sensible aux échanges que je peux avoir avec les dirigeants. Une simple discussion avec le coach, sentir de la sincérité dans ses propos, peut me faire prendre une décision.

Et dans pareil cas, à quel moment de la saison cela se met-il en place ?
Un agent m’a dit un jour : « Un mercato commence quand le précédent se termine ». Mais, pour moi, la réflexion a commencé mi-mai ou fin mai. Pour ce prêt, cela s’était donc fait en début de mercato. Pour la saison prochaine, je ne me pose pas de question. Je suis en prêt à Rodez et j’ai ensuite encore une année de contrat avec le SM Caen.

« Nicolas Seube m’a dit qu’il suivait attentivement ma saison »

Gardez-vous des liens avec votre club, le SM Caen ?
J’ai beaucoup d’échanges avec le club. Déjà avec les joueurs, comme Djibril Diani, Alexandre Mendy, Ali Abdi ou des plus jeunes avec qui j’étais en formation, comme Noé Lebreton. On s’envoie des messages d’encouragements quand ça se passe bien ou de soutien dans les moments plus difficiles. J’ai aussi eu des contacts avec Olivier Pickeu (président) et Yohan Eudeline (directeur sportif) qui suivent ma progression. Nicolas Seube m’a également appelé depuis qu’il a pris en main l’équipe première. Il m’a encouragé à poursuivre et m’a dit qu’il suivait attentivement ma saison. Le SM Caen a toujours été derrière moi. Cela se passe comme ça lors chacun de mes prêts. Ils viennent voir certains de mes matchs. Ils me montrent l’intérêt qu’ils me portent.

Que vous inspire la récente prise de fonction de Nicolas Seube ?
Il a la fibre de la formation, puisqu’il vient directement de là. Il connaît ça par cœur. Et je manque peut-être un peu d’objectivité mais je trouve qu’au SM Caen, il y a beaucoup de qualités à faire ressortir du centre. Le mettre lui à la tête de l’équipe professionnelle est un super message envoyé aux jeunes.

Et c’est également un technicien que vous connaissez très bien...
Je l’ai fréquenté pendant deux ans et demi. Ce qui m’a permis d’apprendre à le connaître. Je l’ai d’abord connu en U17 car il était coach adjoint de Mathieu Ballon, mon premier formateur au SM Caen. Ensuite, il a été coach adjoint en réserve avec Fabrice Vandeputte, également l’entraîneur qui m’a fait débuter en pro. Et à la fin, il a été coach en U19 et je l’ai côtoyé lorsque j’y redescendais. Cette saison, il a réussi à insuffler une nouvelle dynamique à l’équipe.

« C’est bien de réussir à être performant tout en ayant encore beaucoup de progrès à faire »

Le SM Caen compte dans ses rangs l’actuel meilleur buteur de Ligue 2 BKT, Alexandre Mendy. Est-il un modèle à suivre ?
Je l’ai découvert lors de ma première saison en pro (2020/21), en montant avec l’équipe première. J’ai pu être le témoin de sa progression avec Caen. Ce qu’il réalise est très fort. Avoir une telle régularité avec deux saisons de suite à plus de 15 buts (16 et 19) et sans doute bientôt une troisième (actuellement 14 buts), c’est le signe d’une grande force. Afficher cette constance montre qu’il a trouvé sa façon de faire.

Quel serait pour vous le domaine prioritaire à travailler pour acquérir cette constance les prochaines saisons ?
Le mental. Dans une saison, il y a toujours des moments de doute, où l’on se sent moins bien. Même dans une saison à 15 buts. Et pour réussir malgré tout à performer sur la durée, je pense que ça se passe dans la tête. Sur le terrain, j’ai encore beaucoup de domaines dans lesquels je dois m’améliorer. J’en suis conscient… Que ce soit dans le jeu aérien ou dans la capacité à finir des deux pieds… Je ne vais pas tous les énumérer ! Je sais que j’ai du déchet dans mon jeu mais ma force est aussi de jouer sans complexe et de savoir que je ne suis pas arrivé à maturité. J’ai encore une marge de progression. C’est bien de réussir à être performant tout en ayant encore beaucoup de progrès à faire.

Sa célébration : Elle est personnelle. Je préfère la garder secrète avec mes proches.
Son n° de maillot : J’ai choisi le N°17, car celui qui je voulais, le 7, n’était plus disponible...

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