Interview

Tolu Arokodare : « J’essaie de m’inspirer d’Olivier Giroud »

Tolu Arokodare : « J’essaie de m’inspirer d’Olivier Giroud »

Interview
Publié le 19/10 à 18:37 - Arnaud Di Stasio

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Meilleur buteur d’Amiens, le grand attaquant nigérian Tolu Arokodare se raconte, de son amitié avec Terem Moffi à son essai à Toulouse en passant par la Lettonie, Gaël Kakuta et ses modèles Olivier Giroud ou Erling Haaland. Entretien.

Vous avez bouclé la saison dernière, votre première en Ligue 2 BKT, avec 8 buts en 35 matchs. Cette saison, vous partez encore plus fort avec déjà 5 buts inscrits…
J’ai fait une première saison avec Amiens correcte. Ce n’était ni mauvais ni excellent, c’était juste correct. Cette saison, j’ai bien démarré mais là, ça fait trois matchs que je n’ai pas marqué... J’espère que je vais vite retrouver le chemin des filets. Surtout, j’espère qu’on va continuer à progresser collectivement et que l’on va pouvoir repartir sur une bonne dynamique.

« Je crois que je suis sur la bonne voie »

Quels objectifs vous êtes-vous fixés personnellement ?
Jouer un maximum de matchs et marquer un maximum de buts. C’est mon objectif à chaque début de saison. Bien sûr, je veux faire mieux que la saison dernière. Je crois que je suis sur la bonne voie. Il faut que je continue à travailler dur et les buts arriveront.

Amiens a terminé la saison dernière à la 14e place. Malgré la défaite à Nîmes le week-end dernier, le club réalise un très bon début de saison puisque vous n’êtes qu’à un point du leader après 12 journées. Comment expliquez-vous cette différence de rendement ?
La saison dernière, on avait une bonne équipe, de bons joueurs, mais je trouve qu’on a manqué de chance. Cette année, ça a tourné. On bosse vraiment beaucoup à l’entraînement et le résultat se voit en match. Bon, notre dernier match à Nîmes a vraiment été mauvais mais je suis sûr qu’on va rebondir.

Samedi, vous recevez l’AS Saint-Etienne…
Quel que soit le match, quel que soit le club en face, on veut gagner. Peu importe que ce soit une équipe avec un grand nom ou pas, on respecte tous les adversaires de la même manière et on essaie de jouer notre football. Si c’est Saint-Etienne ou Bordeaux en face, ça ne change rien pour nous, on va tout faire pour prendre les trois points.

« Gaël Kakuta est un joueur différent »

Gaël Kakuta a récemment fait son retour à l’Amiens SC. Comment se sont passées ces deux premières semaines avec lui ?
Je ne l’avais jamais rencontré auparavant mais c’est un joueur que je connaissais depuis ses débuts avec Chelsea. Je savais que c’était un joueur très talentueux. Aujourd’hui, il est un peu plus vieux et plus expérimenté. La première fois que je me suis entraîné avec lui, je lui ai dit que c’était incroyable ce qu’il arrivait à faire avec le ballon. Gaël est si spectaculaire, si différent. C’est un joueur qui apporte beaucoup de maturité. En dehors du terrain également. En observant certains joueurs au quotidien, on comprend pourquoi ils font la différence sur le terrain. Son arrivée est une chance car on a un exemple sous les yeux qui va nous permettre de nous progresser. Quand tu vois son niveau, tu n’as qu’une envie : te surpasser.

C’est le meilleur joueur avec qui tu as joué ?
Je ne dirais pas ça car j’ai joué avec beaucoup de très bons joueurs. Et je ne dirais pas non plus que c’est le meilleur joueur d’Amiens car je ne pense pas que ce soit une bonne chose de dire qu’untel est supérieur à untel. Chaque joueur excelle dans certains domaines et, bien sûr, c’est le cas de Gaël. Tout ce que je peux dire, c’est que c’est un joueur fantastique, un joueur différent !

Pouvez-vous nous parler de votre relation avec Philippe Hinschberger ?
On a une très bonne relation tous les deux. Après, comme dans chaque équipe, tous les joueurs ne peuvent pas être fans du style du coach. Attention, je ne dis pas que c’est mon cas, je dis juste que c’est dur de faire l’unanimité auprès d’un groupe de 20-25 joueurs. Mais, au final, c’est lui le coach. Son boulot est de prendre des décisions et il y en aura forcément des bonnes et des moins bonnes. Tout le groupe s’entend bien avec le coach. C’est quelqu’un qui nous parle beaucoup. Tous les deux, on parle beaucoup, on analyse mes performances. Et pour évoquer le petit épisode du dernier match (remplacé à la 62e, il n’a pas salué son coach au moment de sortir du terrain), ce sont des petites tensions qui découlaient d’un match raté. L’équipe n’était pas bien et, forcément, ça joue sur les émotions. Ça peut arriver pendant les matchs, ce n’est pas anormal. De l’extérieur, c’est ce que les gens ont vu mais personne ne sait comment ça s’est réellement passé ensuite. On a discuté tous les deux dans la foulée et tout va bien entre nous. On est tournés vers le prochain match.

Vous disiez que le coach vous parlait beaucoup pour vous aider à progresser dans votre jeu. Que vous dit-il ?
Je ne préfère pas entrer dans les détails mais il essaie de me faire progresser individuellement pour que je devienne plus utile à l’équipe. Il veut que je devienne un meilleur joueur et il me donne un tas de conseils pour que je m’améliore sur le terrain mais aussi en dehors.

« J’aime beaucoup le style d’Erling Haaland et Olivier Giroud »

Pour parler maintenant de votre style, ce n’est pas courant de voir un attaquant de votre taille (1m97) aussi rapide et mobile…
C’est peut-être parce que j’ai grandi sur le tard. Plus jeune, je n’étais pas le plus grand. Je ne pense pas être un joueur particulièrement brillant avec le ballon, je suis dans la moyenne. Pour ce qui est de la vitesse, je vais me répéter mais je n’étais pas si grand que ça lorsque j’étais à l’école et je courais beaucoup à cette époque, ce qui a dû aider. Mais il y a beaucoup d’attaquants de grande taille qui sont rapides, je suis juste l’un d’entre eux.

Qui sont vos modèles justement ?
J’en ai beaucoup ! A commencer par Zlatan Ibrahimovic, Olivier Giroud, Erling Haaland, Romelu Lukaku… J’aime beaucoup le style d’Erling Haaland et Olivier Giroud. J’essaie de m’inspirer des appels, du positionnement et de la finition d’Erling Haaland. J’essaie aussi de m’inspirer d’Olivier Giroud. C’est son jeu de remise que j’observe, sa manière de finir les actions également, notamment dans les airs. J’aime aussi la puissance de Romelu Lukaku, ce qu’il arrive à faire dos au jeu et la vitesse qu’il a malgré son gabarit. Et pour ce qui est de Zlatan Ibrahimovic, j’apprécie la peur qu’il suscite chez ses adversaires, son mental, le fait qu’il puisse marquer avec n’importe quelle partie du corps… Si j’arrive à prendre un peu de tout ça, je serai un attaquant plutôt complet (rires) !

« Je jouais avec Todibo, Ngoumou, Adli… »

Pour revenir sur votre arrivée en Europe, vous avez donc quitté le Nigeria pour la Lettonie et le Valmiera FC en 2019. Ça a dû être un choc…
Un peu oui ! Heureusement, je suis arrivé avec deux autres Nigérians au club, ce qui a facilité mon adaptation. Il y avait Olaide Badmus et… Ah, comment il s’appelle déjà ? J’ai du mal à m’en souvenir car on l’appelait toujours par son surnom, jamais par son vrai nom. Ah oui, Abiodun Saliyu ! On s’entraidait beaucoup car on vivait la même situation mais c’était très compliqué car presque personne ne parle anglais en Lettonie. Il a donc fallu s’adapter à la langue, à la nourriture, aux températures… En revanche, l’adaptation au football letton a été rapide même si mes débuts ont été un peu compliqués. Avant de signer là-bas, j’avais fait des essais en France et en Allemagne donc je savais déjà à quoi ressemblait le football européen.

Des essais en France ?
Oui, c’était il y a cinq ans je crois. J’ai fait un essai d’un mois avec l’équipe réserve de Toulouse. Je jouais avec Jean-Clair Todibo, Manu Koné, Nathan Ngoumou, Amine Adli, Bafodé Diakité, Kalidou Sidibé, Moussa Diarra… Il y avait aussi Killian Corredor, qui est aujourd’hui à Rodez. Que des joueurs qui m’avaient impressionné. Ils étaient tous dans les équipes de France de jeunes je crois et ce n’est pas une surprise de les voir aujourd’hui dans certains grands clubs. Bref, mon essai là-bas s’était très bien passé et je devais revenir pour un deuxième essai, cette fois avec l’équipe première au moment de la présaison. Malheureusement, je n’ai pas pu retourner en France à cause d’un problème de visa…

Après un peu plus d’un an en Lettonie, vous signez au FC Cologne, en Bundesliga. Qu’avez-vous retiré de cette expérience ?
J’ai appris que le foot était différent selon les endroits, selon le niveau… Ça ne s’est pas très bien passé pour moi en Allemagne mais j’ai beaucoup appris. Cette expérience m’a préparé pour la suite, elle m’a aidé à vraiment démarrer ma carrière. Je me suis dit : « Ok, il faut que tu sois davantage prêt, il faut être mieux préparé ». Même si je n’ai pas beaucoup joué, ce n’était pas une année de perdue. C’est une expérience dont j’avais besoin dans ma vie.

« Avec Terem Moffi, on s’appelle plusieurs fois par semaine »

Il n’y a pas qu’en Ligue 2 BKT que les attaquants nigérians se font remarquer puisque Terem Moffi a déjà inscrit 8 buts en Ligue 1 Uber Eats depuis le début de la saison…
Déjà, je veux vous dire que presque tous les footballeurs nigérians qui jouent en Europe se connaissent. Mais, avec Terem, ça va encore au-delà puisque c’est un très bon ami ! On a un peu la même trajectoire puisque j’ai lancé ma carrière en Lettonie et lui a démarré en Lituanie, un autre pays balte. Je marquais, il marquait... On s’est rencontrés plus tard mais on se suivait déjà à l’époque. Et là, Terem fait vraiment une super saison avec Lorient. Malheureusement, il s’est blessé lors du dernier match mais j’espère qu’il ne sera pas out trop longtemps. Mais oui, c’est un ami. On s’appelle plusieurs fois par semaine, on se voit quand on peut, on joue à FIFA ensemble… Ce n’est pas la peine de demander qui gagne, c’est moi bien sûr (rires) !

On peut voir sur les vidéos que vous postez sur vos réseaux sociaux que vous aimez ce qui touche à l’image…
L’idée est de partager un peu ma vie, de montrer ce que je fais en dehors des terrains… Il y a une mode avec ces vidéos depuis quelques années et je l’ai suivie. Avant de devenir pro, j’étais curieux de savoir ce que faisaient les footballeurs pendant leur temps libre et je regardais ce type de vidéos. Peut-être que certaines personnes vont penser que je ne me concentre pas assez sur le foot, que je poste trop de choses comme ça, mais il y a aussi des gens qui apprécient ces contenus, des gens que ça va inspirer… Je fais ces vidéos aujourd’hui mais je continue de regarder celles des autres. J’aime la mode, j’aime regarder des films, j’aime la musique… Ces vidéos me permettent de regrouper tout ce que j’aime en un endroit ! C’est Ismail Jakobs, avec qui j’ai joué à Cologne, qui m’a présenté à la personne qui fait ces vidéos, Rémy Moutoussamy, un Français qui est devenu mon ami. C’est le photographe de plusieurs grands joueurs : Ibrahima Konaté, Kingsley Coman, Eduardo Camavinga, Rémy Cabella…