Interview

Gaëtan Charbonnier : « Je n’ai jamais fait la panthère »

Gaëtan Charbonnier : « Je n’ai jamais fait la panthère »

Interview
Publié le 01/08 à 11:09 - Arnaud Di Stasio

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Ses premiers mois à l’ASSE, sa blessure, son amour pour Alex et Aloísio, la recette pour monter, sa relation avec les autres attaquants… L’attaquant de l’AS Saint-Étienne Gaëtan Charbonnier fait le point. Entretien.

Tout d’abord, où en es-tu après ta grave blessure au genou de février dernier ?
Le groupe a repris début juillet et, moi, je suis arrivé dans la foulée. Je prends part aux séances collectives depuis un moment mais, dans un premier temps, c’était sans contact, c’est-à-dire que j’étais joker sur certains exercices et que, sur d’autres, j’étais dans des zones où j’étais inattaquable. Mais plus ça avance, plus j’ai de liberté dans le jeu, tout en continuant à faire attention. Ça s’intensifie au fil des semaines mais je ne pense pas que je serai prêt pour la 1ère journée de championnat. Ça fait quand même un moment que je n’ai plus joué. On verra comment le coach va pouvoir m’utiliser sur ce début de saison.

« C’était écrit que j’allais finir par jouer ici »

Au moment de ta signature à l’ASSE en décembre dernier, tu avais parlé de choix du cœur. Peux-tu nous en dire un peu plus ?
Quand j’étais jeune, mon frère supportait l’OM et moi, je penchais côté stéphanois quand on regardait les matchs entre les deux équipes. J’aimais beaucoup Aloísio et Alex, même si je n’ai jamais fait la panthère pour autant (rires). C’était une super époque, ça me rend presque nostalgique (sourire). Dans mon histoire avec Sainté, il y a aussi une semaine d’essai que j’avais passée au club pendant l’été 2008 après ma saison à Châtellerault. Laurent Roussey était le coach de l’époque et j’avais fait quelques séances avec les pros, notamment des spécifiques avec Ilan, Bafé Gomis… C’était écrit que j’allais finir par jouer ici même s’il a fallu attendre quelques années pour diverses raisons. Quand l’occasion s’est présentée, je n’ai pas hésité !

Par rapport à ton histoire personnelle, ça a dû être particulier de disputer le barrage ASSE-Auxerre à Geoffroy-Guichard il y a un an…
C’est toujours spécial de jouer à Saint-Étienne, Geoffroy-Guichard est un stade incroyable. Ce match de barrage avait une saveur forcément différente puisqu’il allait décider quel club jouerait en Ligue 1 Uber Eats et quel club jouerait en Ligue 2 BKT la saison suivante. Mais au-delà de l’issue, l’ambiance qu’il y avait ce soir-là… Impressionnant !

Pour maintenant parler des quelques matchs que tu as pu faire avec l’ASSE entre décembre et février, est-ce que tu t’attendais à marcher aussi bien après des derniers mois à Auxerre compliqués par une blessure au tibia ?
Non, je ne m’y attendais pas mais je n’ai jamais douté et, quand je suis arrivé ici, j’ai été super bien accueilli. On m’a tout de suite fait sentir que j’allais être important pour le groupe, ce qui m’a donné confiance et ce qui a rendu tout plus facile. Dès mon deuxième match, j’ai réussi à marquer (contre Caen, fin décembre) donc ça a confirmé ces premières sensations.

« Je sais que je récupère bien »

Début février, contre Dijon, tu as eu la malchance de te blesser gravement au genou (rupture d’un ligament croisé). Comment réagit-on à un tel coup dur, à 34 ans ?
J’étais un peu partagé. D’un point de vue sportif et par rapport à la mission maintien, ça m’a mis un coup au moral de devoir abandonner les copains alors qu’ils m’avaient très bien accueilli. D’ailleurs, j’en profite pour tous les remercier car ils m’ont beaucoup soutenu pendant cette période. Et concernant mon retour, je savais à quoi m’attendre car j’avais eu une blessure assez semblable à Reims en 2017. Je sais que je suis quelqu’un qui récupère bien et je connaissais la route à suivre. J’ai tout fait pour que ça se passe au mieux mais, à vrai dire, je ne m’attendais pas à ce que la rééducation se passe aussi bien.

Peu après ton arrivée, tu avais expliqué que tu n’avais pas tardé à prendre la parole dans le vestiaire pour amener ton expérience. Est-ce que tu as pu continuer à jouer un rôle auprès du groupe même si tu n’étais plus en mesure de jouer ?
J’ai essayé, de loin comme de près. Je faisais des petites choses pour le groupe mais ça restera entre nous. Je faisais ma rééducation entre Saint-Étienne et Clairefontaine mais quand je gardais un lien constant avec le groupe.

Malgré cette blessure et ton âge, l’ASSE a fait le choix de te prolonger il y a quelques semaines...
Au départ, on avait signé un contrat de six mois et il était convenu qu’on fasse le point en fin de saison. Force est de constater que le club et moi, on était contents. Malgré ma blessure, le club a souhaité que je continue l’aventure, ce qui est une belle marque de confiance, et moi, je suis très heureux ici.

« Le système ? C’est surtout aux autres attaquants que je m’adapte »

Pour ta première saison complète avec les Verts, à quel rôle t’attends-tu au sein de l’équipe ?
On me connaît. Je ne vais pas me comporter différemment de d’habitude. Que ce soit sur le terrain ou en dehors, je vais rester le même !

Toi qui aimes jouer en soutien de l’attaquant et participer au jeu, en quoi le 3-5-2 change ta façon de jouer ?
C’est surtout aux autres attaquants que je m’adapte. Sur mes premiers mois ici, Jean-Philippe Krasso avait un peu le même registre que moi : lui aussi aime bien décrocher et participer au jeu. Il le faisait très bien et il avait déjà ses repères donc j’allais moins dans le cœur du jeu et je restais un peu plus haut pour fixer les défenseurs et lui laisser des espaces. Maintenant, Jean-Philippe n’est plus là mais Ibrahim Sissoko est arrivé, Ibrahima Wadji est toujours là… Il y a des profils différents mais complémentaires. Quant au système, ça ne change pas grand-chose pour moi.

C’est-à-dire ?
Ce qui va avoir une influence, c’est si on joue à deux attaquants sur la même ligne, l’un derrière l’autre… Mais on a la chance d’avoir un coach qui nous laisse pas mal de liberté. On s’adapte les uns aux autres. Par exemple, on sait qu’Ibrahima Wadji aime la profondeur là où Ibrahim Sissoko peut prendre la profondeur mais également jouer en pivot ou venir la demander dans les pieds.

« Faire de Geoffroy-Guichard une forteresse imprenable »

Tu vas entamer ta 9e saison en Ligue 2 BKT. Quel est ton meilleur souvenir dans le championnat ?
C’est dur de n’en retenir qu’un car j’ai eu la chance de monter deux fois, avec le Stade Brestois puis l’AJ Auxerre. Mais à Brest, ça faisait un an et demi qu’on attendait ça. Et surtout, ce qu’on a vécu humainement était à la hauteur du sportif.

Pour rester sur les montées, quelle est la recette pour y parvenir selon toi ?
Déjà, il faut que le groupe vive bien ensemble. Il faut de la solidarité, que l’on tire tous dans le même sens. C’est ce qui fait la différence dans les moments difficiles. Ensuite, il faut bien débuter le championnat et faire de Geoffroy-Guichard une forteresse imprenable. Même si on peut se permettre quelques jokers, l’idée, c’est de rester invaincu à domicile et de grapiller un maximum de points à l’extérieur.

Si tu compares la Ligue 2 BKT à la Ligue 1 Uber Eats, quelles sont les principales différences ?
Dans les 30 derniers mètres, ça reste plus rapide en Ligue 1 Uber Eats mais le niveau de la Ligue 2 BKT a vachement augmenté ces dernières années et ça va continuer ainsi. Techniquement, tactiquement, physiquement, on sent que ça évolue. Au niveau des coachs, il y a aussi davantage de diversité qu’à mes débuts dans la division.

Cette saison, tu as l’occasion de devenir le meilleur buteur de Ligue 2 KT en activité puisqu’avec 82 buts, tu ne pointes qu’à une longueur de Riad Nouri. Est-ce que tu fais attention à ce genre de statistiques ?
Je suis au courant mais je ne commence pas la saison avec ça en tête. L’objectif principal, c’est l’objectif du club. Il faut que l’on soit réguliers dans les résultats car, quand on veut monter, c’est impératif. Ce qui vient à titre individuel reste secondaire. Si ça vient, tant mieux, mais si ça ne vient pas, ce n’est pas très grave.

(Photo : ASSE)