Interview

Simon Elisor : « Ma sœur ne m’a jamais mis la misère ! »

Simon Elisor : « Ma sœur ne m’a jamais mis la misère ! »

Interview
Publié le 03/04 à 16:46 - Arnaud Di Stasio

Partager

Fils d’un ex-joueur professionnel et frère d’une joueuse professionnelle, l’attaquant de l’ESTAC Simon Elisor raconte les particularités de sa famille de footballeurs. Jeunesse, conseils, débriefs… Entretien.

Simon, peux-tu commencer par nous présenter la famille Elisor ?
Je viens d’une famille de footeux. On a tous joué au foot, à commencer par mon père Éric, qui a joué en National et en Ligue 2, notamment au FC Istres, où j’ai ensuite été formé. Mon père a donc fait une petite carrière et, aujourd’hui, il est éducateur à Beaucaire, dans le Sud. Il entraîne les jeunes. Il y a ensuite ma sœur Salomé, qui est passée par Istres, l’INF Clairefontaine et l’OL avant de faire ses débuts en D1 avec l’OM. Elle a ensuite joué à Grenoble, au LOSC, et elle est au Havre depuis presque deux ans, de nouveau en D1. Malheureusement, elle a été freinée par des pépins physiques et là, elle s’est gravement blessée (rupture d’un ligament croisé du genou mi-mars)… On a aussi un petit frère, qui joue au foot, au niveau amateur, pour s’amuser, sans se prendre la tête.

« J’ai marqué sur une passe décisive de ma sœur contre Saint-Étienne ! »

À quand remontent tes premiers souvenirs de foot ?
À l’âge de trois ans ! C’est l’âge que j’avais lorsque j’ai fait mes premiers stages de foot au FC Istres. C’était la bonne époque, celle où mon père jouait en Ligue 2 là-bas. On allait souvent au stade, que ce soit pour voir ses matchs ou ses entraînements. Avec ma sœur, on tapait dans le ballon sur le côté. Ça nous plaisait d’aller le voir car ça nous donnait l’occasion de jouer, nous aussi ! Et à force de s’entraîner, ça a payé pour nous !

C’est le fait de voir ton père sur les terrains qui t’a donné envie de jouer à ton tour ?
Je ne pense pas car j’ai toujours aimé le foot. Ça a peut-être un peu joué mais, avec ou sans lui, je pense que j’aurais fini par jouer au foot ! Quand on était petits, tout tournait autour du foot. Il y avait l’école bien sûr mais, en dehors de l’école, il n’y avait que le foot.

C’est avec Salomé que tu as commencé à jouer en club ?
Comme elle a deux ans et demi de plus que moi, elle a commencé avant moi et, ensuite, on était en décalé. Mais il nous est déjà arrivé de jouer dans la même équipe. C’était le cas lors d’un tournoi international à Digne-les-Bains lors duquel j’avais marqué un but sur une passe décisive de ma sœur. On était super contents et ma mère aussi ! C’était contre Saint-Étienne en plus !

Tu avais une meilleure connexion avec ta sœur qu’avec un coéquipier lambda ?
Clairement. On se connaissait par cœur. En plus, je jouais devant et elle au milieu donc elle me mettait les ballons comme il fallait. Elle connaissait mes déplacements, mes qualités… Ensemble, on se régalait. Malheureusement, on n’a pas beaucoup joué ensemble !

Vu l’écart d’âge entre ta sœur et toi, est-ce qu’il y a une époque où Salomé te mettait la misère sur le terrain ?
Non, jamais ! Elle était très forte techniquement mais j’ai toujours été meilleur (rires). On jouait souvent l’un contre l’autre et c’est vrai qu’on se disputait souvent car on avait tous les deux l’esprit de compétition. On était un peu comme chien et chat ! Mais le foot a toujours été notre passion commune et, grâce notamment au foot, on peut dire qu’on a une relation spéciale tous les deux.

« Les discussions avec mon père me font avancer »

Pour avancer un peu dans le temps, en quoi est-ce un avantage pour toi aujourd’hui d’avoir une sœur joueuse professionnelle et un père ex-joueur professionnel ?
On se conseille beaucoup les uns les autres. Notre père nous dit ce qu’on fait de bien ou de moins bien. On n’a pas toujours la même façon de voir le foot mais on écoute ses conseils.

Quel type de conversations avez-vous ?
On parle de certaines actions et de ce qu’il aurait fallu faire. On est souvent d’accord et lorsque ce n’est pas le cas, je sais que la seule chose qu’il veut, c’est mon bien. En décembre, on avait notamment beaucoup parlé de mon pénalty raté contre Lille. Ce qu’il m’avait dit restera entre nous mais il n’avait pas tort. Ces discussions me font avancer et me font grandir.

Ton père et ta sœur sont-ils plus sévères que quelqu’un qui n’a jamais appartenu au milieu pro ?
Non, je ne trouve pas qu’ils sont particulièrement sévères avec moi. Mon père et ma sœur m’encouragent quand je fais de bonnes choses et ils me disent également clairement quand j’aurais pu mieux faire. Quand mon père me fait un débrief, il va me dire que sur telle action, j’aurais dû faire la passe, que sur telle action, j’aurais dû frapper… Il me dit souvent que je dois frapper davantage. Entre nous, on se dit les choses pour avancer, pour progresser. Je veux leur bien et eux veulent le mien.

Est-ce que tu regardes les matchs de ta sœur ?
Pratiquement tous. Dès que mon emploi du temps le permet, je regarde ses matchs. Maintenant, mon quotidien fait que lorsqu’elle joue, je suis parfois en train de jouer également ou je suis en déplacement… Si je ne peux pas voir ses matchs, je vais voir la conversation WhatsApp que l’on a avec ma mère et le reste de la famille et dans laquelle on commente tous nos matchs.

En Ligue 2 BKT, il n’y a donc pas plus grand spécialiste de la D1 Arkema que toi ?
Ça, je ne sais pas (rires). Pour être honnête, je ne regarde que les matchs de ma sœur mais je ne rate pas beaucoup de ses matchs !

Vous avez parfois l’occasion d’aller voir vos matchs respectifs au stade ?
En début de saison, elle est notamment venue me voir jouer à Lens quand j’étais encore à Metz. Dans l’autre sens, c’est un peu compliqué à cause des matchs et des entraînements. Je suis allé voir un match du HAC féminin l’été dernier mais Salomé était blessée. Dans ses anciens clubs aussi, j’allais la voir au stade.

« Je sais que le père de Kévin N’Doram a été un grand joueur »

On a parlé des discussions terrain avec ton père mais y a-t-il aussi des échanges sur l’extra-sportif et les pièges à éviter peut-être ?
Non, ma famille sait que je suis intelligent et me fait confiance. Je sais ce que je dois faire ou ne pas faire en dehors du terrain. Je n’ai pas besoin de conseils dans ce domaine !

Ce n’est pas commun de voir un frère et une sœur jouer au plus haut niveau. Est-ce que tu sais si ça existe ailleurs ?
Je sais qu’en Angleterre, il y a le latéral droit Reece James et sa sœur (Lauren) qui jouent tous les deux à Chelsea mais, en France, ça ne me dit rien…

Depuis le début de ta carrière, tu as joué avec plusieurs joueurs dont le père ou le frère ont été professionnels, comme Kévin N’Doram, Gédéon Kalulu ou Ryan Ferhaoui. Vous parlez parfois de cette particularité ?
Pas du tout ! Je sais que le père de Kévin a été un grand joueur et qu’il a joué à Nantes mais non, ce n’est pas quelque chose dont on parle spécialement !

A lire aussi > Abdoulaye Ndiaye : « Pas besoin d’être capitaine pour être un leader »