Mamadou Samassa (Laval).
Interview

Mamadou Samassa : « Il ne faut pas s’enflammer »

Mamadou Samassa : « Il ne faut pas s’enflammer »

Interview
Publié le 22/09 à 10:09 - NM

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Après être passé par la Turquie, la Grèce et la Malaisie, Mamadou Samassa a fait son retour en France cet été en s’engageant au Stade Lavallois. Auteur d’un très bon début de saison dans les rangs de l’actuel leader de Ligue 2 BKT, l’expérimenté portier se livre sur ses voyages ainsi que sur ses premiers mois en Mayenne.

Après quatre ans à l’étranger, vous êtes de retour en Ligue 2 BKT. La France vous manquait ?
Oui ! C’est un plaisir de revenir en France et en Ligue 2 BKT. C’est un championnat vraiment très compétitif avec de très belles équipes. Ça s’est fait naturellement avec Laval. J’ai eu des échanges avec le coach (Olivier Frapolli), le président (Laurent Lairy), le responsable du recrutement (José Ferreira) et l’entraîneur des gardiens (Anthony Corre). Ils cherchaient un gardien avec l’expérience de la Ligue 2 BKT et libre de tout contrat. Je correspondais à ces critères et, de mon côté, le projet me plaisait. Je connaissais déjà le club pour l’avoir souvent affronté lorsque j’étais à Guingamp avec les jeunes et les pros et ses valeurs me correspondaient. C’était l’opportunité parfaite.

Pour évoquer en détail vos saisons loin de la France, vous avez tout d’abord opté pour la Turquie. Pourquoi ?
Après mes trois saisons à Troyes (2016-2019), je voulais voir autre chose. J’avais une offre de la Turquie (Sivasspor) et je l’ai acceptée. J’ai pu y découvrir un super championnat et de très belles ambiances. La première saison a été top, en plus j’étais avec Mustapha Yatabaré que j’avais côtoyé à Guingamp. Il m’avait un peu poussé à venir car il m’avait beaucoup parlé du championnat. On a terminé quatrième et on a été reversé en Ligue Europa à la suite de l’exclusion de Trabzonspor (non-respect des règles du fair-play financier). On a eu la chance de jouer contre Villareal, Maccabi Tel Aviv et Qarabağ FK, c’était top ! Par la suite, cette deuxième saison est devenue plus compliquée sur le plan personnel, j’ai moins joué… Mais c'était une très belle expérience. J’ai passé deux superbes années en Turquie !

Vous avez ensuite enchaîné la Grèce et la Malaisie…
C’est ça, je suis allé en Grèce (à Levadiakos) mais je me suis retrouvé dans un club où je ne prenais pas de plaisir et j’ai décidé de partir au bout de quatre mois. J’ai eu l’opportunité d’aller en Malaisie (à Pahang), dans un championnat tout nouveau et dont je n’avais aucune connaissance, et je me suis laissé tenter. Au final, j’ai été agréablement surpris. Il y a deux ou trois belles équipes qui ont le niveau pour jouer en Ligue 1 Uber Eats. Elles sont dirigées par des princes qui investissent beaucoup sur des joueurs sud-américains, notamment sur des très bons joueurs brésiliens. Je suis parti après une année (de janvier à décembre 2022) parce que ça devenait compliqué d’être loin de ma famille qui était restée en France, mais c’était également une belle expérience, aussi bien humainement que sportivement.

« J’ai pris beaucoup de plaisir en Malaisie »

Comment vous êtes-vous retrouvé en Malaisie ?
Le club était entraîné par un coach français (Christophe Gamel) et ça a facilité les contacts. Il y avait aussi dans l’équipe l’ancien Angevin Billy Ketkeophomphone et Johan Martial, le frère aîné d’Anthony, avec lequel j’avais joué à l’ESTAC. Donc, comme on était plusieurs francophones, cela a facilité mon intégration. Mon cousin Mamadou Samassa, l’ancien attaquant de Marseille, était lui aussi passé par la Malaisie et j’avais eu de très bons échos de sa part. Il m’avait donné pas mal d’informations sur le pays pour ne pas arriver dans l’inconnu. Au final, même si le niveau global du championnat n’était pas très élevé, j’ai pris beaucoup de plaisir. J’insiste, c’était vraiment bien !

Que vous ont apporté ces quatre années à l’étranger ?
Sur le plan humain, le fait de voyager, de découvrir d’autres styles de vie, de nouvelles cultures et de nouvelles personnes ne m’ont apporté que du positif. Je me suis rendu compte que voyager et voir autre chose, c’était vraiment top et bénéfique sur tous les plans. Au niveau de la ferveur, par exemple, c’était incroyable. On connaît tous les chaudes ambiances et la passion autour du foot en Turquie mais je peux vous dire qu’en Malaise, les gens aiment aussi le foot. On jouait dans des grands stades et ils étaient souvent bien garnis avec de belles ambiances.

Vous en avez aussi profité en dehors du football ?
Bien sûr ! Ce sont quand même des pays assez touristiques et où il fait beau toute l’année. C’était agréable de pouvoir concilier le football et
cet aspect de découverte en dehors. En Turquie, j’ai visité pas mal de villes. En Malaisie, c’était différent, c’était plus verdoyant. Le cadre de vie était magnifique. Il y avait souvent beaucoup de vacanciers car c’est en dessous de la Thaïlande. C’était top, le soleil était toujours présent et les gens étaient très sympas. J’ai passé de belles années à l’étranger (sourire) !

« Je progresse depuis mon arrivée »

Ces expériences ne vous ont en tout cas pas fait perdre votre niveau. Vous attendiez-vous à être aussi performant dès vos débuts avec Laval ?
C’est difficile de répondre ! Ce que je peux dire, c’est qu’on s’entraîne très bien depuis que je suis arrivé à Laval. J’ai la chance d’avoir un très bon entraîneur des gardiens qui m’apprend beaucoup. Peut-être que j’avais un peu perdu mon niveau, notamment sur le plan physique lors de mes six mois sans club, mais il m’a vite remis en forme. Quand on est gardien, il y a beaucoup de paramètres à travailler. Ici, on s’entraîne beaucoup sur nos appuis et on travaille sur le plan cognitif. Les séances sont vraiment très complètes, je prends beaucoup de plaisir et malgré mon âge (33 ans) et mon expérience, je progresse depuis mon arrivée.

Vous avez parlé de vos six mois sans club, comment vous étiez-vous maintenu en forme ?
Je m’entrainais avec un entraîneur des gardiens et un préparateur physique dans la région parisienne. Ce n’était pas tous les jours mais je restais actif car c’était important de garder la forme pour pouvoir rebondir à la reprise. Me retrouver libre pendant six mois, c’était quelque chose de nouveau pour moi, j’avais toujours eu l’habitude de m’entraîner avec un club, mais ça m’a permis de profiter de ma famille et de faire des activités que je ne faisais pas avant. Ça m’a aussi permis de faire un point sur ce que j’avais fait et sur ce que j’avais encore envie de faire dans ma carrière.

L’idée de vous arrêter vous a traversé l’esprit ?
Du tout ! J’espère jouer encore de nombreuses années ! Cette période m’a plutôt permis de me rebooster mentalement. Même si le football est parfois très difficile, c’est dans ces moments-là qu’on se rend compte qu’on fait un métier vraiment extraordinaire. Plus le temps passait, plus la compétition et l’ambiance d’un vestiaire au quotidien me manquaient. J’avais des offres mais je voulais vraiment retrouver un projet en France, je ne me voyais pas repartir à l’étranger loin de ma famille, et c’est pour cela que j’ai patienté.

« Une belle osmose au sein du groupe »

Après avoir recroisé la route de l’ESTAC lors de la 2e journée, vous allez recroiser celle de l’EA Guingamp, votre club formateur, ce samedi. Ces matchs sont-ils particuliers pour vous ?
Oui et non. A Troyes, tout a changé, que ce soit le staff ou les joueurs, il n’y a plus personne que j’ai côtoyé. A Guingamp, c’est un peu la même chose, surtout que ça fait très longtemps que je suis parti (2016). Ce qui risque de me faire un pincement au cœur, c’est de retrouver le Roudourou ! Cela va me rappeler tous les bons moments passés à Guingamp, mais ce sera lors de la dernière journée de championnat, donc tranquille, j’ai le temps de m’y préparer !

Au vu de votre expérience, Olivier Frapolli vous demande-t-il d’occuper un rôle particulier auprès du groupe ?
Pas spécialement ! Être un leader, ça ne se demande pas, on le devient naturellement ! On a quand même beaucoup de joueurs d’expérience comme Jimmy Roye, Anthony Gonçalves, Malik Tchokounté, Jordan Adéoti ou Yohan Tavares… Mais il y a aussi des jeunes ! Cela permet de créer une belle osmose au sein du groupe. On a d’un côté les anciens qui connaissent le championnat et de l’autre, les jeunes qui amènent leur fraîcheur. On travaille dans une très bonne atmosphère.

C’est ce qui vous conduit à cette position de leader après six journées ?
Certainement mais il ne faut pas s’enflammer ! Il faut continuer à travailler pour être performant dans ce beau championnat car on sait que le football va très vite dans les deux sens. Si on veut continuer sur cette voie, il faut qu’on travaille encore plus dur. Et si on fait ce qu’il faut, on fera un bon championnat !